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Vers la fin du Ier siècle, l'historien latin Tacite s'interroge sur le destin du monde. Il fait la revue des moeurs collectives et des caractères privés, révèle les calculs et les manoeuvres des acteurs politiques, décrit la folie contagieuse, provoquée par la volonté de puissance, tout en se souvenant d'une cause déjà perdue : l'idéal républicain. Les lettrés, les propriétaires terriens et les militaires désintéressés, qui formaient l'élite romaine, ont cédé la place à des courtisans, à des technocrates, à des nouveaux riches. J'ai pris le parti de considérer que la pensée de Tacite a valeur universelle et qu'il s'adresse encore à notre temps. Certes, il évoque une période cruelle où les princes étaient surtout des tueurs ou des scélérats. Il montre comment le pouvoir peut dégénérer en despotisme de palais, en servilité, en affairisme et en bureaucratie. Nos manières sont plus policées. Mais ses formules, étincelantes d'intelligence et de pénétration, semblent subitement viser une actualité permanente. Sonnent-elles plus juste à nos oreilles parce qu'elles concernaient une forme de décadence ou de déclin ? Je laisse à chacun le soin d'en juger et de lire entre les lignes.
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