"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Librement inspiré de la vie du peintre Francis Bacon, Tableau final de l'amour fait le récit d'une quête artistique sans compromis, viscérale, voire dangereuse. Dans une Europe traversée par deux guerres s'impose la vision d'un artiste radical dont l'oeuvre entière, obsédée par le corps, résonne comme un cri. S'adressant à l'amant qui lui a servi de modèle - ce « petit voleur inexpérimenté » qui, en pleine nuit, s'est introduit dans son atelier -, le narrateur retrace les errances de leur relation tumultueuse. Avec ce roman, rappelant l'érotisme de Bataille ou de Leiris, Larry Tremblay poursuit son oeuvre de mise à nu de l'être humain.
Il ne fallait pas peindre la surface des choses, mais ce qu'elle cachait. Ne pas peindre l'espace, mais le temps. Ne pas peindre ton corps, mais sa mort.
Avec « Tableau final de l’amour » Larry Tremblay nous offre un texte cru, poétique, parfois déstabilisant.
Il romance librement la vie de Francis Bacon et donne voix à l’artiste qui s’adresse à son amant, à sa grande et tumultueuse histoire d’amour, celle qui se terminera comme une tragédie grecque.
Entre quête artistique, quête personnelle et quête amoureuse, on suit toutes les errances d’un homme sans compromis qui se met continuellement en danger.
Traversé par la chair et le sexe, ce roman raconte une vie passionnée, toujours sur la corde raide, jusqu’à l’extrême limite, jusqu’au chaos.
Bacon peignait des personnages déformés, des figures aux frontières de l’humain, des portraits inquiétants qui dissèquent les corps, laissent apparaître la viande, le sang.
Il m’a semblé que Larry Tremblay parvenait incroyablement à transposer tout ça en écriture.
Un texte radical, où violence et beauté se disputent, un texte qui trouble et ne laisse pas insensible.
Bref, de la littérature.
Explorateurs de la rentrée 2021
Francis Bacon: beaucoup d’entre nous connaissons le nom de cet artiste. Ses oeuvres torturées, ses personnages hurlant, déformés, déchirés, déconstruits. Peintre célèbre, il a marqué le vingtième siècle par son art explosif, tragique et choquant et nous plongeons dans cette biographie fictive de l’artiste avec curiosité.
Tout de suite, les premières pages nous heurtent par leur écriture brusque. Larry Tremblay a choisi un style d’écriture cassant, tranchant, concis et surtout très cru. De ses mots suintent la violence et la brutalité.
On va suivre la rencontre de Francis Bacon avec un homme, un petit malfrat qui s’introduit une nuit chez lui pour tenter de le cambrioler. Les deux hommes luttent et finissent par passer la nuit ensemble. Cela va être le début d’une relation amoureuse intense, mais un amour malsain, violent, insistant.
Nous naviguons entre cette histoire et des bribes de scènes du passé de Francis Bacon, centrées surtout sur son homosexualité. Comment son père l’a renié après l’avoir surpris en sous-vêtements féminins, comment il cherche la destruction et la déchéance en se prostituant, ses premières expériences sexuelles, ses amants avec qui il partage relations intenses, brutales, parfois tendres, souvent compliquées. Et, bien sûr, sa recherche d’une expression à travers l’art, sa vie d’artiste. Le parti pris d’écrire à la première personne du singulier décuple l’atmosphère des descriptions et la sensation que nous avons de rentrer réellement dans la vie nébuleuse et intense de Bacon.
La relation entre les deux hommes est très passionnelle, fusionnelle. Francis Bacon prend son amant comme modèle et il devient difficile pour lui de distinguer les deux facettes de cet homme, source d’inspiration et être humain dévasté. Les sentiments décrits sont complexes, entre amour, désir et froide indifférence. Il y a une grande tension sous-jacente, l’amant de Bacon n’assumant pas son homosexualité - ou bisexualité. Leur relation est plus platonique que concrète, ce qui la rend presque plus intense encore. La vie de l’amant de Bacon prend le chemin d’une longue et douloureuse descente aux enfers, et j’ai trouvé particulièrement intéressante la manière dont Larry Tremblay a choisi de montrer la réaction de Bacon face à cette déchéance. La façon de se détacher, de mettre son oeuvre créatrice au premier plan, alors que cette relation amoureuse lui est pourtant importante, nécessaire et qu’il voit cet homme perdre pied.
La fin du roman est tragique et nous laisse chancelants. J’ai trouvé la deuxième partie du livre beaucoup plus prenante que la première, qui est plutôt une suite de scènes sexuelles et violentes relatée d’une manière qui, finalement, nous paraît lointaine et nous laisse un peu perplexes. Au contraire, plus le drame entre les deux protagonistes s’intensifie, plus nous rentrons dans la vie éprouvante et tumultueuse de l’artiste, et plus nous pouvons nous représenter ces suites de rencontres, de scènes explosives et dramatiques avec précision. On s’immerge dans cet atelier chaotique, on peut voir la fumée de cigarette, le capharnaüm et Francis Bacon peignant frénétiquement.
De nous jours, pour la majorité des personnes en Europe de l’Ouest, être homosexuel est un droit, un choix, chacun est libre d’aimer qui il le souhaite. En ce début de vingt-et-unième siècle, la société prend plus en compte les sensations différentes des individus, reconnaît la complexité du genre, la possibilité d’aimer quelqu’un du même sexe que soi. Cependant, dans un passé encore assez proche, être homosexuel était très peu accepté par la société. Le livre de Larry Tremblay porte également cela en son centre, l’acceptation de soi-même, de ses désirs, de sa personnalité. Les difficultés et blessures quand on ne peut pas être aimé pour ce que l’on est, quand on est rejeté, quand on a peur du jugement.
La vision de l’art de Francis Bacon prend une place secondaire dans ce livre, bien que présente. On y ressent surtout la manière dont il use de sa peinture pour coucher sur ses toiles la brutalité de l’existence, l’horreur, le désespoir et les tragédies, surtout après la deuxième guerre mondiale et ses atrocités.
Après s’y être habituée, le rythme choisi par l’auteur, avec ses phrases courtes et tranchantes, m’a finalement assez plu.
En revanche, le côté extrêmement cru et abrupt, bien qu’il renforce l’atmosphère sombre et violente du livre, m’a quelques fois été pesant.
Beaucoup de violence, mais finalement un tableau très humain d’un artiste qui, comme nous tous, a ses forces et faiblesses de caractère, ses dérives, sa résilience, ses sentiments.
Un point de vue original, un livre, malgré la brutalité parfois grande du ton employé, intéressant, tragique et tumultueux.
Avis de la page 100 - Explorateurs de la rentrée littéraire 2021
J'ai fini par apprivoiser le rythme choisi par l'auteur, ces phrases courtes, tranchantes. Le rythme de ce style pourrait me plaire, mais pour le moment, je n'accroche pas vraiment. C'est un livre très haché, cru, où les scènes se suivent abruptement. On navigue entre le passé compliqué de Francis Bacon, mêlant découvertes sexuelles homosexuelles, rejet du père, recherche du moyen de s'exprimer à travers l'art, à l'histoire de son amour pour un autre homme. Si on peut qualifier ceci d'amour, un mélange d'amitié, d'excitation, de tension - l'autre homme n'assumant pas son homosexualité ou bisexualité - et de colère. Pour l'instant, le contenu du livre reste lointain, je n'arrive pas à m'immerger dans cette histoire. A voir si la suite me fait changer d'avis!
ableau final de l'amour
Larry Tremblay
La Peuplade
Julien Delorme
Sylvie Trames
Camille Paulian
En librairie
Époustouflant, le réel à fleur de peau, « Tableau final de l'amour » est dévorant. Tel un aimant tragique qui attire le lecteur dans le profond d'une toile criante d'authenticité. Francis Bacon est l'assise de ce roman addictif.
« Tu es venu, pour me voler. Je dormais dans mon atelier. Sale et taché. »
La trame est masculine, virile, assumée. On est en plongée dans l'existence d'un peintre connu mondialement. Sa vie passée au tamis des controverses. Francis Bacon le grand, l'assoiffé sensoriel, l'homme-peintre, lui et eux, ses amants côté ville et cours. L'histoire n'est pas. L'écriture est surdouée, affûte l'ambiance, les sentiments, les déchirures, les portes qui claquent et l'argent qui coule à flot. L'outrance jusqu'au-boutiste. Pourtant Francis Bacon est torturé et ce depuis sa plus tendre enfance où son père le maltraitait à coups d'incompréhension et de mépris. Rejeté dans le hors norme et pourtant, seule une tolérance paternelle aurait changé la donne. Un peintre du ciel pur et des champs regain et non pas des corps retranscris sur les toiles comme des signaux de douleurs incommensurables. Absolument maître de ses désespoirs, errances et bouleversements. Les hommes foulant son atelier décalé et en désordre, son antre et ses modèles passionnés, arrachés des courbes des couleurs les plus sombres : « Tableau final de l'amour ».
Le plein d'un tableau final, l'apothéose, l'amour passionnel et plus que tout l'endurance à la souffrance, au manque. L'homosexualité dans sa plus sublime radicalité semble apaisante thérapeutique et enivrante. « Tableau final de l'amour » est rare, osé, percutant et douloureux. La poésie est installée dans cette ferveur verbale et observatrice. Ce récit magnétique, troublant et majestueux « le deuil n'a pas que des fleurs tristes à offrir » est une prouesse littéraire hors pair, un tableau final de l'amour qui rend hommage à la création et à l'art. Larry Tremblay est un auteur dont on apprécie la maturité et le pouvoir de ses livres. Il sait rendre vivant le moindre mot et la moindre parcelle d'un désir en advenir. Ce livre est furieux, crucial et poignant.
les explos 2021
avis à la page 100
Je me suis lancée dans la lecture du livre à l’aveugle. Je ne connaissais rien de l’auteur et rien non plus de l’artiste qui a inspiré ce livre. Une impression de voyeurisme et d’atmosphère malsaine me laissent mal à l’aise. En fait j’ai hâte de l’avoir terminé pour me sortir de cet univers qui me dérange.
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Je me suis lancée dans la lecture du livre à l’aveugle. Je ne connaissais rien de l’auteur et rien non plus de l’artiste qui a inspiré ce livre.
Larry Tremblay nous emmène à la découverte de la vie tumultueuse de Francis Bacon, artiste peintre. On suit l’artiste tout au long de sa vie et on y découvre un monde d’une violence inouïe. Francis Bacon, être torturé, rejeté par son père vivra « borderline » jusqu’à sa mort.
Violent dans ses descriptions Larry Tremblay m’a mise mal à l’aise avec ce récit. Une atmosphère malsaine pour une personne qui ne vit que dans la souffrance et la douleur tant physique que mentale. Je n’ai pas aimé ce voyeurisme lorsque sont décrites les scènes de violence, les scènes sexuelles. C’était trop trash pour moi. En fait Francis Bacon se complait dans un univers dérangeant et choquant. L’auteur est-il fidèle à la réalité dans son récit ? a-t-il amplifié celui-ci ? ou a-t-il tout simplement trouvé les mots justes pour décrire l’état d’esprit de l’artiste ? Difficile de savoir, en tout cas cette biographie n’est pas une biographie qu’on oublie lorsqu’on ferme le livre. Si l’auteur voulait marquer les esprits il a réussi.
C’est une rencontre des plus originale, un voleur et sa victime, mon côté fleur bleue vous dira que plus que des toiles car la « victime » c’est Francis Bacon, c’est son cœur que le cambrioleur lui a ravi. L’auteur Larry Tremblay nous narre à la première personne l’histoire d’un amour malheureux qui a inspiré de nombreuses œuvres au peintre. Cette histoire d’amour fou est jalonnée de souvenirs depuis son exil forcé de son Irlande natale par ce père qui n’acceptait pas son homosexualité, jusqu’à ses triomphes en tant que peintre reconnu entre Paris et Londres où il rencontra « son voleur » Georges Dyer.
Larry Tremblay s’est « librement inspiré » de la vie du peintre et tel un journal intime il nous livre de manière parfois très cru les errances amoureuses et sexuelles voire perverses de l’artiste qui loin d’être traumatisé par ce qu’il a (ou aurait) vécu y compris le plus odieux semble y trouver l’inspiration jusqu’à la catharsis.
Ce livre magnifiquement écrit nous relate avant tout un malentendu amoureux car à aucun moment ces deux êtres ne semblent s’aimer au diapason il y en a toujours un qui aime plus que l’autre et vice versa. Cet amour a exacerbé la fibre créative de l’artiste qui a peint de manière frénétique son amant avec des chairs malaxées et le visage déformé. Comme j’ai aimé faire des recherches sur ses tableaux, les découvrir pour contempler cet amant viril sur la photo de couverture devenir viande molle et torturée sous les pinceaux de Bacon.
A ma grande honte je peux, je pense, vous l’avouer de Francis Bacon je ne connaissais que le nom, je crois n’avoir jamais vu en vrai un de ses tableaux ou alors je n’en ai gardé aucun souvenir, ce roman en plus d’être une superbe et tragique histoire d’amour m’aura permis d’entrer dans l’atelier d’un peintre et de découvrir cet artiste de manière différente comme s’il me racontait ses secrets.
Les explorateurs de la rentrée :
"Je n'arrivais pas à mettre le doigt sur la sensation qu'il provoquait en moi", cette citation tirée du roman s'est appliquée un moment à ma lecture , à ce tiraillement entre envie de poursuivre et de découvrir la vie de Francis Bacon et une impression de voyeurisme, d'entrer avec tant de détails dans son intimité. Dès le début, les descriptions voyeuristes et crues m'ont déconcertée voire heurtée.
J'ai abordé ce texte comme une biographie fictive de Francis Bacon, ce peintre du XXème siècle dont je ne connaissais que le nom. Depuis je me suis renseignée et informée. Ses tableaux illustrent sa vie, son vécu, ses émotions. Ce roman est en fait le portrait psychologique d'un artiste tourmenté. Sa non-relation avec son père marque sa vie d'homme. Ses souvenirs de punition paternelle vont tracer une voie ambigüe : celle de la violence alliée au plaisir. Sa première expérience sexuelle, un viol va aussi dans ce sens : violence et désir vont conditionner ses relations sexuelles. Se prostituant par nécessité et par envie, il va passer d'une conquête homosexuelle à l'autre, ne s'attachant que peu, entiché seulement des corps. Ces corps qui sont essentiels dans sa peinture. Sa rencontre initiale percutante avec un petit voleur qui deviendra son modèle suivra ce schéma : adoration du corps et destruction par la peinture de ce corps.
D'apparence classique, le roman alterne le passé, scènes originelles et le présent, construction d'un artiste qui passe par des périodes de création et d'attente, de reconstruction d'un individu qui tente de se comprendre, de maîtriser sa différence ...J'ai ainsi aimé suivre la fièvre créatrice, la passion qui animait cet artiste ,bien que souvent je ne l'ai pas comprise. La description de ses tableaux est criante de réalisme, leur genèse complexe. Cet homme était passionné par une quête : trouver la Vérité, au-delà du corps, notamment du corps de ce voleur/amant. Se laissant porter par les évènements, prêt à quitter Londres, pour voyager pour son art ou pour ses amours, l'artiste avait l'âme d'un amant passionné. C'est d'ailleurs l'enjeu de ce texte qui est comme l'annonce le titre, un roman d'amour. Racontant cette relation d'amour compliquée, Larry Tremblay nous offre un portrait direct et cru de cet homme, éternel indécis qui se cherche au travers des autres, qui mêle amour et art. C'est au final un beau portrait de l'artiste et de l'amour.
Page 100
Embarquée dès le début de cette fiction par la rencontre violente entre deux hommes : l’un peintre, l’autre voleur, je suis entrée dans la vie du narrateur (dont on sait par une note introductive qu’il s’agit de Francis Bacon) par effraction comme ce cambrioleur. Le narrateur s’interroge sur les liens entre eux.
L’auteur nous perd ainsi dans les méandres de réflexion de l’artiste en quête de perfection, tiraillé entre amour et violence, tiraillé entre ses désirs charnels, et ses aspirations artistiques. L’écriture dynamique de ce roman titille ma curiosité alors que la fiction oscillant entre pensées, questionnement, souvenirs de scènes violentes et sexuelles me déroute et me perturbe autant que le peintre lui-même.
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