"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Commissaire de police à Nice, Nathan Godfine doit enquêter sur le meurtre d'Isaac Van Jong, baryton mondialement connu qui a été assassiné à l'Opéra de Nice quelques heures seulement avant le début de sa représentation. Signe distinctif : mort par strangulation, un découpage post-mortem précis sur le thorax de la victime, et une étrange poupée déposée à côté du corps. Pour Nathan, le temps fait un écart brutal de quinze ans, le ramenant à sa première enquête et à l'échec cuisant infligé à sa ferveur de néophyte. Il en est certain, il y a un seul et même tueur dans ces deux affaires ! La traque ne fait que commencer...
Jean Bertini est sauvagement assassiné chez lui par un de ses élèves. Pourtant, personne n'a rien vu, ni entendu. Aucun indice sinon le modus operandi pour le moins inhabituel: bas du corps pouvant faire croire que la victime était tout simplement endormie alors que le buste présentait "un magma de chair découpée, tailladée, pendant par endroits..." (Page 14). Ah si, le tueur a bien laissé un indice: à côté du divan, une petite marionnette, qui n'appartenait pas à la victime, à laquelle manque un doigt de la main droite. Malgré tout, l'inspecteur Godfine est déterminé à trouver la faille qui lui permettrait de coffrer le meurtrier.
15 ans plus tard. Isaac Van Jong, baryton mondialement célèbre, est assassiné seulement quelques heures avant son entrée en scène. Nathan Godfine, devenu entre temps commissaire, est chargé de l'affaire. Aussitôt, il note des détails qui lui font penser à l'assassinat de Bertini, encore irrésolu à ce jour. Pas d'indice, pas de témoins. Ni vu ni connu...Sauf la présence d'une ravissante petite poupée à laquelle il manque deux doigts. Même tueur ou copycat? Pourquoi 15 ans après? Quelle est la signification de ces poupées?
C'est alors qu'un troisième meurtre met toute la ville en émoi. Cette fois, il s'agit d'une célèbre cantatrice. Nathan subodore que lui et son équipe se retrouvent embarqués dans une sale affaire qui pourrait faire encore plus de vilain. Et si un tueur en série avait décidé d'éliminer tous les artistes de l'Opéra? Subissant une pression énorme de la part des autorités et des dirigeants de l'Opéra, il lui faut impérativement trouver une piste solide. Tandis que leurs investigations les conduit à un odieux trafic d'êtres humains. Coincidence? Lien avec l'enquête en cours?
Descriptions soignées des principaux lieux du roman: des détails justes qui donnent un aperçu concret de l'environnement dans lequel évoluent les protagonistes.
Scènes de crime: appartement de Jean Bertini dont le décor raffiné ne laisse aucunement imaginer qu'une scène de crime puisse s'y dérouler: "L'appartement était net, opulent et ensoleillé. Des meubles en bois précieux s'amoncelaient aux quatre coins de chaque pièce...Une impressionnante collection de CD était rangée dans une bonnetière en merisier, marquetée de citronnier." (Page 17)...Idem pour la loge d'Isaac Van Jong dont on pourrait s'attendre à ce qu'elle se trouve en désordre. Mais non, ce qui, en quelque sorte, rend la scène de crime plus poignante.
Bureau de Nathan: l'environnement de travail du commissaire donne un subtil aperçu de sa personnalité: "Peinte en beige clair, tapissée des livres qu'il lisait volontiers à ses rares moments de liberté, cette pièce comportait une immense table de conférence des années cinquante...Les livres empilés donnaient une impression de désordre permanent, mais rendaient cependant le bureau de Godfine accueillant." (Page 49).
Hôtel de police: certains décors du roman bénéficient d'une description intégrée dans la scène en train de se dérouler sous nos yeux, donnant ce petit plus de réalisme très appréciable dans un polar: "L'entretien se termina sur quelques autres vérifications, après quoi Nathan raccompagna Séréna à travers les couloirs encombrés jusqu'au seuil de l'hôtel de police, passant avec elle la porte vitrée encadrée de bleu qui s'ouvrait sur une volée de marches usées en leur milieu." (Page 69).
Nice: même procédé pour décrire la ville dans laquelle se déroule l'enquête: décor intégré dans l'action quand Nathan se rend chez son amie en passant par la promenade des Anglais, "afin de confronter ses tracas au flegme de la mer étale, cristalline et assoupie. La circulation automobile ne le concernait pas. Il slalomait entre les véhicules, descendant le boulevard Carabacel pour allonger encore son parcours sur la Promenade." (Page 113)...Nice, ville de contrastes, aux réalités bien peu en accord avec ses décors majestueux: "Le Midi...c'était aussi ces milliers de gens surexcités par la présence "étrangère" lourde de menace, ces habitants surchauffés par la promiscuité idéologique, qui se précipitaient à la permanence de leur leader national pour trouver un écho à leur lamento. Caniel savait que le mal se cachait derrière l'accent chantant, les paroles lénifiantes, les grands claques amicales dans le dos." (Page 182)=> L'auteur a su éviter le piège des clichés du sud trop faciles à exploiter pour donner un aperçu en adéquation avec la réalité...
En conclusion:
Beaucoup de qualités pour ce polar bien ancré dans la réalité: le sérieux de l'enquête atténué par les blagues entre Nathan et Baptiste, histoire de rendre la lecture un peu moins pesante; l'incursion dans le monde du chant lyrique et de la musique classique, de l'Opéra peu ou mal connu, rendu accessible par de nombreux détails discrètement distillés çà et là.
Le +: le quotidien du commissariat ayant à gérer d'autres affaires que celle du roman , dont on ne saura jamais rien: "Cependant, le temps courait et les affaires s'accumulaient. Une vieille femme vietnamienne avait été assassinée dans son minuscule appartement du quartier de la gare; deux corps démembrés avaient été trouvés dans une décharge de l'arrière-pays; un adolescent fasciné par Hannibel Lecter, le personnage du Silence des Agneaux, avait torturé un enfant de six ans...On ne chômait pas à la PJ niçoise." (Page 21).
Le ++: Les passages dédiés au parcours psychologique et personnel des personnages donne une réelle épaisseur à l'intrigue. Le lecteur n'a plus l'impression de lire l'histoire de personnages de fiction mais le compte-rendu d'une affaire criminelle réelle.
Le seul échec de Nathan Godfine, commissaire de police à Nice, remonte à sa première affaire de meurtre, celui d'un célèbre violoniste resté non élucidé.
Devant le corps sans vie d'un chanteur d'opéra réputé, il se retrouve brutalement renvoyé, avec son ami et légiste Raoul Cigliano, quinze ans en arrière. Des modes opératoires quasi identiques, et le même étrange indice trouvé près du cadavre d'Isaac Van Jong et de celui de Jean Bertini à l'époque, lui font supposer que l'assassin d'hier vient de réapparaître, et qu'avec une sorte de signature il prévient qu'il ne va pas s'arrêter là.
Nathan, amateur d'art lyrique, et Baptiste del Chiappo, un ami journaliste spécialiste des critiques musicales, enquêtent à l'opéra de Nice, lieu qu'ils affectionnent particulièrement tous les deux.
Un prologue précise en partie l'origine de la folie meurtrière, et des passages en italique donnent la parole au tueur, sans donner pour autant son identité, ni vraiment renseigner le lecteur sur le but qu'il s'est fixé.
Entre les représentations de Don Giovanni et de la Traviata, de Nice à Vérone, une course contre la montre se met en place pour éviter à de grandes voix de s'éteindre prématurément. L'intrigue se développe sur un rythme soutenu, le suspense montant crescendo sur des airs connus de Mozart, Verdi ou Puccini.
J'avoue ne pas avoir été époustouflé par un dénouement que je pressentais. En revanche, l'envie d'écouter Maria Callas chanter « Casta Diva » s'est imposée comme une évidence.
Vous êtes mélomane, vous aimez les enquêtes policières, les meurtres en série, ne bougez plus vous êtes au bon endroit. Avec Staccato, Yaël König mène tambour battant une intrigue qui prend sa source alors que Nathan Godfine commençait tout juste sa carrière dans la Police. Aujourd’hui, il se retrouve face au corps supplicié d’Isaac Van Jong, le fameux baryton qu’il était venu écouter à l’opéra de Nice. Notre commissaire ne peut s’empêcher de faire un lien avec une affaire vieille de 15 ans car il y a de nombreuses similitudes entre les deux et notamment, une poupée abandonnée comme une signature, une poupée qu’il a déjà vue sur une autre scène de crime. Les chapitres laissent la parole au commissaire et à son enquête mais aussi et c’est cela qui donne un plus à l’intrigue à l’auteur des meurtres. La montée en tension se fait lentement mais surement et j’ai apprécié ce polar pour plusieurs raisons. La première étant que j’ai trouvé le personnage de Nathan fort convaincant avec un côté attachant. J’ai aussi aimé le choix de l’auteur de situer l’action dans le milieu de l’Opéra, de la musique, du chant c’était nouveau pour moi et vraiment agréable. J’ai aimé qu’une partie de l’action se déroule en Italie et plus particulièrement à Vérone. Un polar qui reprend tous les codes du genre avec un tueur en série insoupçonnable. Une intrigue bien construite, des personnages qui ont de la profondeur, il n’en fallait pas plus pour que je passe une belle après-midi de lecture, transportée dans le monde des chanteurs d’Opéra. J’aurais apprécié une playlist afin de mieux me mettre dans l’ambiance mais les références sont là pour nous donner envie d’aller découvrir compositeurs et interprètes. Bonne lecture.
http://latelierdelitote.canalblog.com/archives/2020/03/02/37983243.html
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