Découvrez les avis des jurés sur les 21 romans sélectionnés pour la 13e édition du Prix Orange du Livre
Une famille déchirée que le destin va rassembler lors d'une extraordinaire soirée.
Il y a Jean, le père ; Clélia, sa fille aînée ; Albane, la cadette que personne n'a revue depuis que sa soeur lui a volé l'homme qu'elle aimait, quinze ans plus tôt ; Yvan, que Clélia a épousé depuis. Et Katia, leur fille, qui de cette tante disparue sait ceci : elle vit à New York, est devenue une célèbre pianiste, son souvenir hante encore ses parents. Leurs vies basculent le jour où Jean apprend qu'Albane doit donner un concert à Barcelone et décide de s'y rendre. Chacun, à sa manière, devra y assister.
Magistral, ce premier roman est une prouesse littéraire, une épopée où d'une voix, celle de l'énigmatique narratrice, le destin d'une famille est retracé avant d'être à nouveau chamboulé. Y gronde la rumeur de notre monde incendié, appelé lui aussi à se retrouver pour survivre.
Magistral, ce premier roman est un coup de tonnerre littéraire, une épopée où d'une seule voix, le destin d'une famille est retracé avant d'être à nouveau bouleversé, et dans lequel on entend résonner, en creux, la rumeur de notre humanité hantée par la fin du monde, déchirée, appelée à se réunir pour survivre.
Découvrez les avis des jurés sur les 21 romans sélectionnés pour la 13e édition du Prix Orange du Livre
Le jury, enthousiaste et passionné, a choisi 21 romans français
Ce n'est pas le genre de livre qu'on lit debout, tournant les pages de la main gauche et touillant la bolognaise de l'autre...
Non, non, il faut tout poser; la zapette, le portable en silencieux en haut d'un meuble et l'arrière-train dans ce que l'on a de plus confortable.
Ensuite il faut éloigner les nuisibles, ces grands insectes sur 2 pattes qui viendront, à coup sûr, vous demander où sont les chaussettes ou les clés de voiture.
L'aventure pourra alors commencer.
Une plume magistrale, nette, précise, détaillée. Une plongée verticale au coeur d'une famille qui tente de se retrouver. Des descriptions tellement explicites qu'on vit le moment présent en même temps que les protagonistes. Un premier roman qui se déguste... Un réel talent... Rare.
Après lecture, il ne faut pas le brader, - à peine le prêter - car dans quelques mois, quelques années on dira "je vais le relire".
L’histoire nous est relatée par Mona (la mère d’Albane, de Clélia, l’épouse de Jean) décédée quelques années auparavant. Au travers du prisme tantôt d’épouse, de mère, de belle-mère ou encore de grand-mère, elle nous décrit comment les différents protagonistes se préparent à revoir la cadette de la famille, Albane (partie aux Etats-Unis depuis quinze ans à la suite d’un conflit et aujourd’hui pianiste renommée) lors d’un concert qu’elle va donner sur le sol européen.
On entre, chapitre après chapitre, dans l’intimité des différentes figures familiales, le texte levant progressivement le voile sur leurs fêlures. L’auteure nous distille peu à peu le récit que chacun d’entre eux se fait de leurs vies respectives et nous donne à voir, avec beaucoup de subtilité et de sensibilité, le lien invisible qui les unit les uns aux autres.
Outre la structure narrative menée avec brio, on y retrouve une écriture fluide et maîtrisée. Cette dernière regorge de références aussi bien littéraires, qu’artistiques ou encore historiques.
Ce premier roman nous présente une auteure, pleine de ressources, détenant à portée de main une véritable mine d’or culturelle.
Nous avons affaire à un roman au vocabulaire riche et aux métaphores chargées de sens qui donnent corps au contenu. Le texte prend ainsi vie et nous émeut.
Je m’attendais, suite à l’annonce de Grasset, à quelque chose d’édifiant, d’exceptionnel. J’ai été surprise parce que je n’en avais pas mesuré le degré. Cela a assurément dépassé mes attentes. J’attends impatiemment la sortie de son prochain roman
Derrière ce très beau titre, tiré d'un poème de Philippe Jaccottet, se cache l'histoire d'une famille.
Jean n'a pas vu sa fille Albane depuis 15 ans, depuis qu'une brouille familiale a vu cette dernière quitter le domicile avec perte et fracas.
Celle-ci est devenue une musicienne renommée et lorsqu'un concert l'amène à Barcelone, Jean voit l'occasion de renouer.
La parole sera également donnée à Clelia, la fille aînée de Jean, à Yvan, le mari de Clelia, à Katia, leur fille, et même d'outre-tombe à Mona, la mère décédée d'Albane et Clelia.
Cette lecture fut une déception.
Je n'ai éprouvé ni empathie, ni sympathie pour aucun des personnages.
J'ai eu du mal à entrer dans cette histoire et les interventions de Mona ne m'ont pas facilité la compréhension.
Malgré une belle plume et certaines fulgurances qui me donnaient de l'espoir pour la suite, je me suis ennuyée tout au long de ma lecture.
Entre le chant d’un merle noir avant l’aube sur la lucarne de la chambre d’un homme âgé et les oiseaux chantant en grec dans le chêne du jardin d’une jeune fille, il s’est écoulé à peine deux semaines. C’est entre ces deux chants, sur un fil narratif de 250 pages que le verbe, d’une rare maîtrise, d’Emmanuelle DOURSON, dont c’est le premier roman, va se déployer.
Une narratrice qui ne se révèlera que peu à peu rapporte six moments d’une famille déchirée par un double drame dans une progression qui va culminer au cours d’un concert donné par une pianiste dans le magnifique décor de la salle de concert Palau de la Musica de Barcelone. On y présente tour à tour Jean, le père, Clélia, sa fille aînée, Yvan, son gendre, et Katia, une de ses nièces avant de les réunir dans le chapitre final qui se déroule tant à Bruxelles que dans la capitale de la Catalogne. Tous assisteront alors par écran interposé ou sur place au concert d’Albane, l’occasion pour eux de revoir celle qui les a tant marqués quinze ans plus tôt quand elle les a quittés avec fracas pour ne plus donner de nouvelles qu’une fois par an, par l’entremise d’une carte de Noël.
Le récit rapporte comment, à la faveur d’une rupture survenue dans une cellule familiale, celle-ci parvient à la suturer, à la dépasser sans l’effacer des mémoires. C’est sur une planète menacée par le réchauffement climatique et en proie à la tourmente des éléments, avec la conscience aiguë de cette prégnante réalité, que les protagonistes se meuvent.
Tout au long du roman sont rapportées des sensations auditives, visuelles ou tactiles avec acuité. Il n’est pas anodin que Nabokov soit l’auteur préféré du pater familias ébranlé plus que les autres par le départ de sa fille. D’autres références littéraires parsèment le roman : l’Odyssée d’Homère et un poème de Jaccottet dont le titre de l’ouvrage est tiré.
On peut inférer que si les différents personnages sont aussi attentifs à leur entourage, aux signes de toutes sortes que leur adressent et le cosmos et les forces de l’esprit, c’est que la blessure éprouvée dans leur vie familiale et affective les y a rendus plus sensibles.
La narratrice expose l’idée que le temps n’est pas longiligne mais issu d’un noyau originel qui s’est dilaté.
« Mais Clélia et Mona et tous les Occidentaux avaient tort, songeait Yvan, le temps ne se mesurait pas sur une ligne. Le temps n’existait pas. Il n’était que l’effet du Big Bang. Nous n’étions jamais nés et nous n’allions jamais mourir. Tous, nous étions déjà là à l’origine, dans le noyau minuscule et dense dont tout allait sortir, dans la grande explosion initiale. L’univers ne s’était pas dilaté dans l’espace mais dans le temps, et chaque instant vécu ne faisait que se superposer aux autres pour former le pur noyau d’existence auxquels nous reviendrions un jour. »
Ainsi, ce récit montre comment, lorsque temps a filé, il demeure possible de le raccorder à la ligne, de transformer une sortie de route en retour sur soi, de boucler une histoire qui a dérapé.
Tout ce livre, nécessitant une attention pour chaque phrase, avance en multipliant les résonances, les renvois, les liens thématiques entre les différents intervenants, qu’on peut voir comme des instrumentistes jouant au sein d’une ensemble une partition, celle de l’auteure qui, en définitive, orchestre ce roman à la place virtuelle de la narratrice non identifiée au départ mais dont l’empreinte marquera considérablement le récit à mesure qu’il tire sur sa fin.
Un admirable premier roman animé d’une prodigieuse tension qui demeure longtemps en tête et qui consacre la naissance d’une écrivaine.
Et si Emmanuelle Dourson était une Domenech i Montaner de la littérature ? « Si les dieux incendiaient le monde » vers emprunté à Phlippe Jaccottet car aucun vent ne peut être séparé de notre souffle, est une narration scripturale mêlant art gothique et modernité dans le reflet de la mosaïque des notes sur les vitraux des belles lettres. Ce roman, c’est le Palau de la Musica Catalana, lieu de la scène finale d’une histoire banale qui prend toutes sa substance dans l’architecture des chapitres, la structure métallique des sentiments et le foisonnement coloré d’une plume aux multiples teintes et demi-teintes.
Le fond n’a aucune réelle originalité, une histoire de famille déchirée, un veuf, Jean, qui se lamente sur la fuite du temps vers la vieillesse et regrette de n’avoir pu revoir sa cadette, Albane, qui a quitté le domicile quinze auparavant après que sa sœur, Clélia, lui ait volé son soupirant, Yvan. Le couple a quatre enfants, tous sachant qu’ils ont une tante fantôme. Jusqu’au jour où Jean apprend qu’Albane arrive en Europe et va donner un récital à Barcelone.
C’est la forme qui fait tout basculer, le conteur est un ectoplasme, celui de Mona, l’épouse de Jean, la morte noyée. Son esprit plane et ce livre est sa psyché. Elle semble guider les êtres qu’elle a connus sans qu’eux-mêmes le réalisent sauf peut-être l’une de ses petites-filles en admiration devant l’odyssée d’Homère, les ruses d’Ulysse et la mystérieuse Pénélope. Progressivement Barcelone peut devenir un Ithaque pour la famille surtout quand les dieux de l’Empyrée viennent envahir l’Europe au moment où Albane entre en scène dans la capitale catalane. S’ensuivent moult partitions jouant sur les cordes de la vie et les touches de l’existence, parfois à en perdre la clé tant la puissance et l’imaginaire poétique vont crescendo dans la tonalité livresque.
Un livre pour tous les amoureux de la langue française et du ruissellement des choses.
Roman faisant partie des 21 sélectionnés pour le Prix Orange du Livre 2021 en remerciant lecteurs.com pour cette lecture.
Blog Le Domaine de Squirelito => https://squirelito.blogspot.com/2021/04/une-noisette-un-livre-si-les-dieux.html
Au départ d'un argument très simple — un père veut revoir sa fille devenue pianiste quinze ans après qu'elle a fui sa famille —, ce roman dévoile progressivement l'univers clos et multiple de chaque personnage. Chaque chapitre explore la forêt intérieure de chacun. À travers l'énigme d'un tableau ou un passage d'Homère, à travers un photomontage, un cauchemar, le problème du reboisement en Éthiopie, les difficultés d'une sonate, se jouent et se déploient le destin de chacun et la fin programmée de l'humanité. Entre enfance et vieillesse, vie et mort, circule la voix d'une mystérieuse narratrice qui poursuit ses propres fins.
Dans ce texte où le féminin sous toutes ses formes domine, l'oeuvre d'un homme occupe une place particulière : la dernière sonate de Beethoven qui viendra couronner l'oeuvre. Ce premier roman d'une virtuosité étourdissante, construit comme une horlogerie fine nous conduit dans quelques villes dont on retiendra sans doute l'extraordinaire Barcelone avec son Palau de la Musica transformé par la magie de l'écriture en temple de la musique et de dieux plus ou moins bienveillants.
Je n'imaginais pas être emportée dans un tel tourbillon en arrivant sur la fin du livre ! Je me suis retrouvée remplie d'émotions, c'était poignant et pourtant je ne suis pas émotive !
5*, en peut conclure que j'ai aimé, beaucoup même ! Les mots me portaient par le biais de Mona, la mère décédée, tour à tour épouse, femme, belle-mère ou grand-mère. Cela peut paraître étrange vu de l'extérieur mais en lisant ça ne l'était pas du tout !
Mona est le fil conducteur de l'histoire et Albane le pivot. 15 ans qu'elle a fui sa famille et pour la première fois vient faire un concert en Europe.
Tour à tour s'expriment : Jean, le père ; Clélia, la soeur ainée ; Yvan, le beau-frère, ex petit ami ; Katia, la nièce adolescente qui idéalise Albane la lointaine et Albane ! Mélodie de la famille et ode à la féminité accompagnées par Nabokov et Homère ; veillées par un tableau de Smargiassi et bercées par Beethoven !
Un beau moment de littérature, plein de finesse et d'humanité ! Et comme à chaque fois que j'aime beaucoup je ne sais pas quoi dire, tellement j'ai la sensation que c'est personnel et intime.
N'hésitez pas à le lire, pour un premier roman c'est un coup de maître !
Amoureux de littérature, Joyciens de tout poil, Nabokoviennes de toute naissance, Woolfiennes de tous les pays, unissez-vous!
Je n'en ai cru ni mes yeux ni l'enthousiasme qui m'a soulevée. Était-ce bien en ces jours troublés qu'on pouvait publier un si beau roman ? Mais oui. En 250 pages traversées d'univers intérieurs délicats et multiformes, de sensations puissantes ou exquises, une autrice contemporaine réussit à créer un roman riche et puissant. Il suffit, pour s'en convaincre, de lire quelques-unes des critiques à 4 ou 5 étoiles des autres babélionautes. Allez-y voir ! Je suis l'ennemie des longues critiques. Chacun trouve dans Si les yeux incendiaient le monde quelque chose de différent, des échos à d'intimes vibrations de sa sensibilité, une richesse singulière qu'un autre ignore pour en découvrir une autre.
D'ailleurs, un roman qui s'ouvre sur une double épigraphe de Jaccottet et de Woolf, et qui en déplie et déploie l'essence au long de son intrigue, pouvait-il être autre chose que prometteur ? À peine l'a-t-on ouvert qu'on y découvre un personnage âgé, Jean, qui ne se sépare jamais de son volume de Nabokov. Cette rencontre est de bon augure, vous verrez.
Je n'avais pas entendu parler de cette perle rare que son hénôrme éditeur semble avoir déposée au fond de l'océan des publications de janvier. L'amie qui m'en a parlé en avait lu une critique dans un numéro de l'Express abandonné dans un métro — voilà un concours de hasards qui aurait plu à Nabokov. Elle venait de le lire, me l'a prêté, je l'ai pris et très vite j'ai ralenti ma lecture ne voulant pas confier ce plaisir à un trop rapide après-midi. J'y ai passé une semaine lente de plaisir littéraire, ponctuée de retours au début d'un chapitre ou d'un passage car je comprenais que ce plaisir-là ne s'éprouve pas si souvent.
Si vous avez un véritable goût pour la littérature, si le plaisir pour vous peut aller de pair avec un certain effort, si une prose quelquefois âpre quelquefois lyrique, façonnée d'échos littéraires ne vous rebute pas mais au contraire vous attire, ce livre est pour vous! Dites-moi ce que vous en avez trouvé.
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