En 1983, Simone quitte son pays d'origine et s'installe en Suisse aux côtés d'Émile, son futur époux, lui-même citoyen de ce pays. Le couple souhaite fonder une famille. Quelques jours après la célébration de leur mariage, Simone reçoit un passeport rouge à croix blanche avec l'inscription de son nouveau nom. En 2004, Linda s'installe en Suisse pour y suivre une formation. Elle rencontre son futur époux. Trois années après leur mariage, elle dépose une demande de naturalisation facilitée par la voie du mariage. Pour devenir suisse, Linda doit nommer ses sentiments envers à la fois son mari et la Suisse lors d'un entretien avec un fonctionnaire de l'État. Comment comprendre qu'en 1983, Simone reçoit la nationalité au nom de son faire famille alors que, trente ans plus tard, Linda doit témoigner à la fois de son intégration et de l'authenticité de sa relation avec son conjoint?? Selon quelle(s) trajectoire(s) idéologique(s) le devenir suisse par la voie du mariage s'est-il établi?? En se concentrant sur les espaces de (re) production des catégories sociales, cet ouvrage explore les logiques d'acquisition de la nationalité suisse des dits «?conjoint·e·s étrangères et étrangers?», tout en exposant les dimensions historiques de la politique de naturalisation en Suisse. Elle discute des dynamiques de concertation et d'enchevêtrement entre la communauté familiale et la communauté nationale par une analyse des biais normatifs basés sur l'essentialisation (ou la culturalisation) du phénomène national. L'ouvrage s'adresse aux personnes qui s'interrogent sur les politiques de régulation des flux migratoires.
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