Faisons connaissance avec des auteurs aussi talentueux que passionnants !
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Isadora est maintenant une vieille femme, en EHPAD, entre passé heureux et présent douloureux...
Dans un univers parallèle très semblable au nôtre, des fouilles archéologiques révèlent une zone de vie Morgonde. Ce peuple ancestral de chasseurs de baleines est légendaire. Il a même inspiré une berceuse connue dans tout l'empire... Martabée est fière de figurer parmi la liste des privilégié.e.s qui peut travailler sur ce vaste chantier, fière d'être l'historienne qui rédigera les bulletins d'information à destination du grand public. Mais sous les ors se cache une terrible vérité, que l'orgueilleux empereur préférerait cacher... Allons-nous percer les mystères entourant ce peuple mythique dont les fouilles déterrent les secrets ?
Malaise... Déçue par cette lecture dont on m'avait dit tant de bien... D'abord parce que j'ai eu beaucoup de mal à me situer dans cette dystopie si semblable à notre présent, excepté les Morgondes. Je me suis enlisée dans cet univers aux contours mal définis à mon goût. Trop de choses restent en suspend pour que mon imagination puisse s'y accrocher... Et cela ne me met pas à l'aise. J'aurai été davantage intéressée et intriguée si l'univers avait été plus tranché dès le départ, ou si l'écriture avait été plus facile d'accès, peut-être.
On pourrait le qualifier de "roman d'ambiance", mais cette ambiance m'a semblé trop sereine et banale au début, avant d'être fortement alourdie par la chape de plomb qui modifie l'atmosphère au moment de LA découverte : le malaise s'aggrave...
L'écriture travaillée, le vocabulaire précis et les licences poétiques nombreuses en font une lecture exigeante. Mais ce style aussi m'a mise mal à l'aise... Parfois un peu pompeux voire ampoulé, le ton donné correspond pourtant très bien à la personnalité des personnages phares (Martabée et l’Empereur en tête de cortège). Il n'empêche que cela a fini par m'ennuyer sévèrement, aux alentours de la soixantième page (c'est tôt !). Les descriptions aussi détaillées qu'envolées (et parfois incompréhensibles) m'ont lassée - surtout s'agissant de décoration ou de nourriture... J'ai ressenti un sursaut d'intérêt au début de la partie intitulée "Le malaise", mais ce regain n'a pas duré, et arrivée vers la page 150, j'étais découragée. J'ai tout de même persisté pour finir le roman, et j'ai trouvé la fin un peu bâclée... ce qui est paradoxalement positif car sans cette accélération de la narration, je pense que j'aurais abandonné par manque d'entrain et de curiosité...
Pour son second roman, Conque, Perrine Tripier invite à une fable politique au ton acerbe sur la falsification de l’histoire et de la vérité, aux accents actuels dans nos vieilles démocraties.
Martebée Gaeldish est une historienne renommée, professeure d’histoire des peuples maritimes à l’Université impériale. Son empereur, d’un pays imaginaire, lui demande de participer aux fouilles qui semblent pouvoir mettre à jour une civilisation du passé, les Morgondes. Seulement, que sont des fouilles, si on ne transmet pas ses découvertes !
Pour l’empereur, une façon de servir une histoire à un peuple assoiffée de mythes et asseoir son pouvoir et sa grandeur supposée. Pour l’ambitieuse Martabée, c’est le moyen d’accéder à une reconnaissance tant réclamée et à un statut social de niveau supérieur enfin !
Seulement, peut-elle continuer à fermer les yeux sur la première compromission à l’Histoire que son Empereur lui demande.
Perrine Tripier interroge l’éthique de l’historien. « Vos collègues creusent la terre mais vous, vous creusez le sens, vous tracez un sillon où se couleront bientôt les légendes et les mythes. »
Seulement, la vérité historique peut-elle accepter quelques mensonges. Perrine Tripier illustre cette réflexion éthique au moment où, de plus en plus, et même en France, on détourne la vérité, en affirmant des mensonges sans une once de trouble.
Perrine Tripier ajoute à son conte une dimension sociologique : la méfiance envers les élites intellectuelles mais surtout une vraie notion féminisme que je ne peux pas dévoiler sans divulguer son intrigue.
Ainsi, ce conte retentit avec ardeur et force dans notre présent. Impossible de ne pas repenser aux images que Perrine Tripier suggère par son écriture. Un roman puissant !
Chronique illustrée ici
https://vagabondageautourdesoi.com/2024/12/21/conque-le-nouveau-roman-politique-de-perrine-tripier/
Qu’ils étaient beaux, les étés des la narratrice, dans cette grande maison blanche entourée de végétation : les arrivées des cousins, des oncles et tantes, les cabanes dans arbres.
Mais Isadora Aberfletch est maintenant une vieille femme en résidence pour personnes âgées. Beaucoup des siens sont morts mais elle n’a jamais pu se défaire de la Maison.
J’ai aimé suivre cette femme à l’aube de sa vie se remémorant ses beaux souvenirs : les Noëls illuminés par la petite dernière Harriett ; le frère aîné s’entrainant sans cesse à la trompette dès potron-minet ; la soeur aîné Louisa plus distante.
J’ai aimé découvrir Petite-Mère qui peint des fleurs sans cesse et Petit-Père qui est là simplement.
J’ai aimé la grande-tante Babel et ses pelisses, ses séjours interminables en cure ; l’oncle Bertie et ses cigares au miel.
J’ai aimé les couleurs : la salle d’eau verte toujours trop froide ; le jardin et ses arbres bleus ; le jaune du soleil ; les planches de bois blanc.
J’ai aimé qu’Isadora ait des amours, de passage malheureusement.
Mais j’ai eu de la peine pour cette femme qui vit dans ses souvenirs, particulièrement celui de sa soeur tant aimé Harriett.
J’ai aimé qu’un jour, Louisa lui raconte ce qu’elle n’a pas vu avec ses yeux émerveillés d’enfant.
Et bien sûr, j’ai aimé ne pas savoir dans quel pays ni à quelle époque se déroulait le récit.
L’auteure excelle dans les descriptions de la nature un peu mystérieuse qui abrite les jeux d’enfants.
Un roman doux-amer sur l’impossibilité de la séparation.
L’image que je retiendrai :
Celle des bruits des petits pieds d’enfants courant dans la maison et le jardin.
https://www.alexmotamots.fr/les-guerres-precieuses-perrine-tripier/
La gloire efface tout, excepté le crime
Je me souviens parfaitement lorsque je terminais Les guerres précieuses m’être dit : il faut retenir ce nom Perrine Tripier. J’étais sûre d’avoir lu le premier roman d’un talent qui ne saurait mentir.
Avec Conque le talent se confirme, le sujet est le même : le passé ; mais sous un prisme plus universel, à l’aune de l’Histoire.
Ici, pas de définition de lieu ni de temps, une époque passée, un Empereur à la tête d’un pays.
Martabée , historienne dont la renommée est arrivée jusqu’aux oreilles de l’empereur, est engagée pour mettre au jour la civilisation des Morgondes.
« Elle se sentait récompensée, reconnue et ça, ça elle l’avait attendu toute sa vie. »
Passionnée elle s’atèle à la tâche, l’Empereur lui déroule le tapis rouge, il l’installe dans une villa somptueuse quoique froide, où elle pourra bénéficier de tous les avantages lui facilitant le travail et le compte-rendu périodique qu’elle doit en faire, car l’Empereur tient absolument à ce que le peuple soit informé de la grandeur de cette civilisation enfouie.
À la gloire des Morgondes, à la gloire de l’empereur !
« L’Empereur, galvanisé par la découverte, fouetté par les cris guerriers de ses ancêtres, souleva des montagnes pour créer les fonds, ou plutôt instaura de nouvelles taxes. »
Le lecteur éprouve très vite un vertige qui n’a rien à voir avec le prestige de la situation de Martabée, il ressent qu’un piège est sur le point de se refermer sur elle.
Les équipes travaillent d’arrache-pied et elle doit retranscrire au fur et à mesure les découvertes, mais celles-ci montrent une civilisation barbare vis-à-vis des femmes notamment, c’est au-delà du possible.
Le passé enchanteur vire à l’horreur absolue.
Mais l’Empereur ne veut rien savoir et entend bien se mêler de refaire l’Histoire et enfouir les exactions de ces barbares.
Au début il ne s’agissait que de glisser, dans le bulletin rédigé, une phrase du cru impérial, mais très vite la situation devient glauque et sans retour possible. Le désaccord de Martabée vire au cauchemar absolu, le piège se referme.
Et c’est à se moment de la narration que se déploie le génie de notre narratrice, de métaphore en métaphore, elle fait parler les éléments, chaque conque, chaque moulure a quelque chose à dire.
Les phrases reprennent inlassablement les mots des découvertes archéologiques, comme autant de dessins, qui au fur et à mesure deviennent opaques, sèment le trouble.
J’ai noté cette expression dans une maison Perrine Tripier écrit : « les plafonds sont courts », toute la magie est là dans cette contorsion du vocabulaire pour nous pénétrer de part en part, comme une épée, pour nous faire ressentir le dilemme d’une vie face aux exigences abusives du pouvoir.
Ce livre nous offre une réflexion non sur le passé mais sur notre monde contemporain notamment l’Amérique qui nous contamine avec la révision de l’Histoire, chacun mettant dans le chaudron de la pensée commune tout et n’importe quoi. Ni plus ni moins qu’une manière de barrer la route à la réflexion, avec cette lecture de l’Histoire, Zola n’aurait jamais écrit son J’accuse.
Un roman qui analyse finement tous les ressorts des totalitarismes et qui nous amène à être vigilant, nous renseigner et à ne pas répandre n’importe quoi.
Un talent qui se confirme au-delà de mes espérances, tout est là le fond, le style qui devient reconnaissable et ça c’est l’apanage des grands.
J’aurais aimé voir ce livre sur les listes des grands Prix.
©Chantal Lafon
https://jai2motsavousdire.wordpress.com/2024/10/26/conque/
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