De belles lectures pour les beaux jours
À l'aube du XXe siècle, des hommes intrépides bâtissent la mythique route One, balcon sur l'océan Pacifique qui longe la côte ouest des États-Unis, de la Californie du Sud aux confins du Canada. Mais le destin du jeune ingénieur chargé de tracer la voie sur ces terres sauvages va croiser celui du dernier grand propriétaire terrien de Big Sur, mormon polygame à la fortune mystérieuse, prêt à empêcher toute intrusion dans son domaine et préserver ses secrets.
La construction de la route One, c'est aussi la parabole de la fin d'un monde, poussé dans les oubliettes de l'Histoire par un autre. Le XXe siècle et ses machines rugissantes remplacent le XIXe siècle, la pelle mécanique chasse le grizzly. À l'autre bout de l'Amérique, la dernière route part à l'assaut des falaises du Pacifique et met le point final à la conquête de l'Ouest.
De belles lectures pour les beaux jours
La construction, dans les années 30, de la mythique Route One qui doit relier Los Angeles à San Francisco sert de trame à l'histoire que nous raconte MIchel Moutot. Propriétaire d'un ranch près de Big Sur, Hyrum Rock est prêt à tout pour que le tracé de la route évite ses terres. Son grand-père, Moses, a créé le ranch au milieu du XIXème siècle et l'a fait prospérer en gardant le secret sur la source de ses revenus. Mormon polygame comme son aïeul, peu sociable, Hyrum impose sa loi despotique sur ses épouses et ses enfants et refuse toute idée de progrès et de modernité. En traversant ses terres, la Route le relierait à tout ce qu'il rejette et, surtout, ouvrirait son domaine au monde extérieur, révélant ainsi les ignobles secrets familiaux et financiers.
Sur le chantier, le jeune ingénieur Wilbur Tremblay doit faire face aux obstacles naturels auxquels s'ajoutent les difficultés causées par les machinations sournoises de Rock. Alors que la Grande Dépression continue de faire des ravages, jetant sur les routes des familles dépouillées, affamées et désespérées, le drame se noue entre Hyrum, incarnation du passé, et Wilbur, image du progrès. L'affrontement de ces deux conceptions du monde est symbolisé par cette Route qui semble refermer la page du Far-West et ouvrir celle du monde moderne.
En écrivant ce résumé, je me dis qu'il y avait là une sacrée matière pour un roman plein de lyrisme et de grandeur... Mais, sauf dans quelques scènes où les ouvriers se confrontent à la roche, utilisent des engins qu'ils ne maîtrisent pas encore complètement, je n'ai pas trouvé que le roman était à la hauteur de son sujet.
Je crois que la faute en est à un choix narratif qui éloigne le lecteur du sujet central : la Route. En effet la narration se scinde en plusieurs récits et plusieurs époques: l'histoire de Moses dans les années 1850, celle de Wilbur de 1915 à 1935, celle d'Al Capone, celle d'Hyrum... On comprend que ces jeux temporels sont destinés à montrer l'effondrement d'un monde et la naissance d'un autre et qu'il s'agit, en quelque sorte, de la naissance de l'Amérique moderne. Mais l'intérêt est dilué, le propos me semble affadi par ces histoires connexes qui auraient pu être distillées à l'intérieur du récit principal sans faire l'objet de chapitres dédiés.
Un peu déçue par ce roman dont j'attendais davantage d'ampleur.
Une route mythique.
La route One.
Celle qui passe par Big Sur. le paradis d'Henry Miller.
Michel Moutot s'emploie à en dresser un tout autre portrait ! La construction de cette route légendaire aura soulevée bien des tempêtes.
C'est par fragments temporels que l'auteur construit son récit. de l'enfance de l'ingénieur, Wilbur Tremblay, marquée par le krach boursier de 1929, aux sursauts de la nature.
Sans compter que pour construire cette oeuvre monumentale, il va lui falloir traverser les terres bien protégées d'un mormon aux relations douteuses...
Les couleurs sont belles, la Californie s'offre toute entière, entre légendes urbaines et ruée vers l'or. Les couleurs sont belles et la lumière parfois aveugle.
Un roman qui se construit à l'instar du pont. A cheval entre l'histoire et L Histoire.
Remarquablement bien documenté. Remarquablement bien ficelé.
Michel Moutot est un conteur hors pair ! Je l’avais découvert dans un de ses précédents ouvrages : « Séquoias », de 2018, qui m’avait fourni une bonne dose d’aventures de deux frères, chasseurs de baleines, courant 19ème siècle. C’était à la fois une épopée dans le temps mais aussi dans l’espace. Le livre avait d’ailleurs remporté tous les suffrages et reçu le Grand Prix des Lecteurs de L’Actu Littéraire, édition 2018, pour lequel j’étais membre du jury. Vous pouvez retrouver ma chronique sur mon blog.
Lorsqu’on m’a proposé de découvrir son dernier livre, « Route One », j’ai bien entendu foncé ! Cette fois-ci, c’est en Californie qu’il nous transporte, courant 20ème siècle, lors de la construction de la route, longeant l’Océan Pacifique, le long de falaises abruptes. On l’a tous déjà vue dans l’un ou l’autre film ou série mais très peu de gens en connaissent ses origines. Michel Moutot emmène ses lecteurs pour une grande expédition sur plus de 300 pages.
Encore une fois, j’ai retrouvé tout le talent dont il fait preuve, dans ses descriptions tant pour les paysages que pour les hommes. C’est une véritable immersion dans la construction de cette route tentaculaire que l’on vit, même si nous n’en sommes que lecteurs. Au final, c’est comme si nous y avions nous-mêmes participé.
L’auteur ne se cantonne pas au bâti seul, mais c’est aussi tout ce qui l’entoure qui l’intéresse et qu’il nous confère. Je suis à chaque fois subjuguée par le travail de recherches en amont qui doit être fait pour donner un bouquin de cette qualité, où les détails aussi bien techniques que l’atmosphère qui régnait durant ses années sont apportés.
Le style fluide fait que le lecteur ne voit pas les pages qui passent et pourtant, c’est un récit très dense et très fourni. Rien n’est omis et on ne peut que s’étonner par la clarté des faits comme si Michel Moutot avait d’une façon ou d’une autre lui-même assisté à l’édification de cette route.
Encore une fois, j’ai été charmée par ce nouveau livre de Michel Moutot. Si vous cherchez à la fois l’aventure et le dépaysement, ce livre est fait pour vous !
C’est une vue célèbre, dont aucune série ou film se déroulant en Californie ne se prive : cette route qui suit les escarpements rocheux au ras de la côte. C’était un projet ambitieux, au temps des grands travaux dans une Amérique sûre de son fait, ignorant encore la catastrophe imminente qui allait ébranler une économie fragile.
Il n’en reste pas moins que ce chantier a vu le jour, provoquant des drames, des pertes humaines liées à l’absence d’anticipation des dangers. Les propriétaires de terrain sur le trajet n’ont pas non plus le choix. Malgré tout la coalition des Rock, une famille mormone, lutte par tous les moyens pour protéger son pré carré, et pour cause, la mine d’or qu’elle y exploite discrètement risque fort de disparaitre avec les travaux.
On suit en parallèle, ou tout au moins en décalé, le destin du jeune Wilbur Tremblay, orphelin brillant que son adoption par un couple aimant a tiré d’affaire. C’est un ingénieur doué et c’est à lui que l’on doit l’achèvement de cette route.
La construction du roman est très décousue, on passe d’une époque à l’autre sans grand logique, il faut donc un peu de temps pour se repérer, et remettre les personnages dans leur contexte. Je ne vois pas l’utilité d’un tel procédé, hormis celle une tendance qui se généralise. Ce n’est pas le plus confortable pour le lecteur.
L’histoire n’en est pas moins passionnante, pour ce qu’elle raconte des vies de pionniers et des aléas du développement des Etats -Unis. Las Vegas n’est qu’un petit village qui vit déjà des revenus des tripots et de la prostitution, faisant fi des lois de prohibition. La mafia oeuvre avec beaucoup de persuasion.
Hormis la construction du roman déroutante, j’ai vraiment beaucoup aimé cette tranche d’histoire américaine.
Merci à Babelio et aux éditions du Seuil
320 pages Seuil 6 mai 2022
Masse critique babelio
Côte du Pacifique.
Au début du XXème siècle se construit la route One qui va relier San Francisco à Los Angeles.
Elle sera terminée en juin 1937
Des hommes, des machines révolutionnaires partent à l'assaut des falaises abruptes.
Rien n'est facile, tout est risqué, même et surtout la vie des hommes qui sont venus de tout le pays espérant trouver du travail..
Tout est démesuré.
La tâche semble impossible.
Un jeune ingénieur mène les travaux.
Il aura affaire à un richissime propriétaire qui refuse qu'on traverse ses terres, un mormon obstiné et redoutable.
La mafia s'en mêlera aussi.
Quelle belle surprise que ce livre !
J'avoue qu'un livre sur la construction de ponts et de routes ne me branchait guère au départ.
Or c'était sans compter sur le talent de Michel Moutot, auteur dont j'ignorais l'existence.
Son écriture est claire, efficace.
Il réussit à intéresser en romançant l'histoire, et en remontant à 1847 pour situer ses personnages.
Les sauts dans le temps ne facilitent pas la lecture et demandent une certaine concentration, mais le résultat est absolument brillant.
Une page d'histoire passionnante, des paysages époustouflants.
On assiste à la fin d'une manière de vivre et à l’émergence de tous les possibles, avec un réalisme incroyable.
Tout est visuel dans ce roman, les lieux, les personnages, les situations.
Une superbe réussite.
La route la plus difficile à construire
L’épopée constituée par la construction de la California State Route One donne à Michel Moutot l’occasion de nous offrir un nouveau formidable roman. Derrière cette page d’histoire, l’auteur de L’America retrouve des hommes ambitieux, la mafia, l’amour et la mort.
Disons-le d'emblée. C'est une fois encore une réussite totale, un gros coup de cœur. Après nous avoir enchanté avec Ciel d'acier, son premier roman qui racontait l'édification des gratte-ciels de New York, puis avoir récidivé avec Séquoias et L'America, le roman de l'émigration, de la Nouvelle-Orléans à la Californie, voici donc son quatrième roman américain. Il nous entraine cette fois au sortir de la Première Guerre mondiale, toujours sur la côte ouest.
Les premiers chapitres nous permettant de découvrir les personnages qui vont se croiser plus tard à des époques différentes de leur vie. Le premier à entrer en scène, en 1935, est Hyrum Rock, propriétaire d'un immense ranch à Big Sur. Il voit d'un mauvais œil les engins de chantier et l'avancée des travaux de la route côtière qui vient manger une partie des terres que son père fait prospérer.
On part ensuite dans le Maine vingt ans plus tôt. A St Clouds vit un orphelin, Wilbur Oak. Le garçon de huit ans découvre que son pensionnat est isolé à la suite d'intempéries qui ont détruit le pont qui les reliait à la ville. Il se promet alors de devenir un as du génie civil.
On remonte ensuite jusqu’en 1847, à l’époque des pionniers comme Samuel Brannan et Moses Rock. Missionné par les mormons pour trouver un endroit où leur église pourrait suivre ses préceptes sans être inquiétée, il crée New Hope avec une poignée d'hommes et de femmes. Cette terre vierge, situé à un confluent de rivières non loin de Monterrey, finira par convenir à Moses qui décide de ne pas suivre les colons qui partent pour Salt Lake City. Il entend profiter de l'espace qui est mis à sa disposition et laissera à son fils un domaine de vingt mille hectares au bord de l'océan. Et le secret de sa fortune.
Puis on retrouve Wilbur. Adopté par le couple Tremblay, il va pouvoir réaliser son rêve et devenir ingénieur civil. Une réussite que sa mère ne verra pas, emportée par un cancer. Son père, victime de la grande dépression, perd son emploi, sa maison et sera sauvé in extremis par son fils adoptif qui l'emmène avec lui au Nevada où l'attend son premier grand chantier, le barrage de Boulder près de Las Vegas. Les conditions de travail et le respect très approximatif de la législation et de la sécurité heurtent sa morale. Et comme son père, engagé comme croupier dans un casino, refuse de truquer les parties, il préfèrent fuir vers la côte.
C’est là, autour de Big Sur, que Wilbur Tremblay retrouvera du travail et se heurtera à Hyrum Rock. Sur la partie la plus difficile de cette California State Route One, il devra aussi composer avec les prisonniers de San Quentin, main-d'œuvre mise à disposition pour aider à la construction de la route en échange de 35 cents par jour et d’une réduction de peine ainsi que des hommes mandatés par le plus célèbre des détenus d’Alcatraz, Al Capone.
On l'aura compris, ce chantier focalise l’attention, les ambitions, les trafics. Mais offre aussi une voie vers la liberté, y compris pour les femmes vivant sous le joug de Hyrum Rock. Il donne aussi à Michel Moutot l’occasion de nous offrir un nouveau grand roman, plein de bruit et de fureur, de drames humains et de grandes avancées, de sentiments à fleur de peau. La fin de époque et l’émergence d’un Nouveau Monde, un tourbillon dans lequel on se laisse emporter avec énormément de plaisir, un peu comme si Alexandre Dumas avait croisé la route de John Steinbeck !
https://urlz.fr/jlyX
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