"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Et si le tueur recherché par la police et les médias vous avait sauvé la vie dans votre enfance ?
" Ecoute-moi bien, Antoine. Tu as eu de la chance que je sois là. Tu comprends ? Ne parle pas, fais-moi oui ou non de la tête. " Oui. " Je t'ai sauvé la vie. Regarde-moi dans les yeux : je t'ai sauvé la vie, Antoine. Mais si tu veux te faire du mal, je peux te faire du mal. Je peux le faire à ta place, tu comprends ? " Non. " Tu as peur ? " Oui. " Tu as peur de moi, mais tu n'as pas peur de plonger dans une rivière en crue ? T'es un drôle de numéro, toi. Tu vois la bouteille que j'ai dans la main ? C'est de l'alcool à 90°. Je vais en mettre sur tes blessures. Ca va faire très mal. Ca va te brûler et tu vas hurler. C'est moi qui vais te faire mal. N'oublie pas ça : moi je peux te faire du mal. Tu t'en souviendras la prochaine fois que tu voudras mourir. " Antoine a 8 ans. C'est la fin du mois d'Aout dans la Creuse. Il joue dans une rivière dangereuse lorsque des troncs d'arbres portés par le courant l'assomment. Il se réveille dans un fourgon avec un inconnu qui lui apprend qu'il vient de lui sauver la vie, qu'il est couvert de blessures et qu'il a dû le recoudre. L'homme le dépose à l'hôpital de Limoges et disparait de sa vie. 20 ans plus tard, Antoine est veilleur de nuit dans un centre pour ados. A la télévision, on reparle de l'affaire " du découpeur " suite à la découverte de nouveaux témoignages. Lors de la reconstitution de l'enquête pour l'émission de télévision, Antoine reconnait dans un portrait robot l'homme qui lui a sauvé la vie dans son enfance.
" Le journaliste fait dresser un portrait-robot qui s'affiche à l'écran. À cet instant précis, une douleur électrique me traverse le corps et parcourt ma peau le long de mes cicatrices. Je me mets à trembler, à transpirer et avoir froid. "
Le choc est brutal pour Antoine. Vingt ans après ce portrait-robot réveille en lui de vieilles blessures. Il avait huit ans quand il l'a vu la première fois. Il avait tout oublié jusqu'à maintenant, seules de vilaines cicatrices lui rappelaient qu'il avait croisé le mal un jour.
" C'était beaucoup plus compliqué avec les adultes, car eux veulent toujours établir des corrélations psychologiques. Ils ne pouvaient s'empêcher de penser que si ma peau était ainsi morcelée, il devait en être de même pour mon esprit. "
Antoine est veilleur de nuit dans un centre pour ado. Sa propre histoire l'aide à canaliser certains jeunes quand ils partent en vrille.
" Je me rappelle avoir eu une violente crise de nerfs. Cette représentation est précise. Je n'ai pu intégrer ce que j'ai vu. Une vague de violence m'a submergé. C'était intolérable. Il m'arrive encore aujourd'hui de ressentir les prémices de cette furie. C'est peut-être pour ça que, finalement je suis un être calme et que je fais bien mon boulot. Je sens l'orage arriver bien avant que le tonnerre et les éclairs ne se déclarent. "
Apparemment 'Le découpeur' a resurgit du passé, le danger rôde. Le passé remonte à la surface et met en péril la nouvelle vie qu'Antoine s'est construit.
À travers ce roman noir Éric Maneval nous plonge dans l'angoisse. Un court récit mais d'une densité incroyable dù à la puissance de l'écriture, à la force des mots qui dégagent d'intenses émotions.
Un récit poignant, bouleversant où tous les personnages laissent échapper de l'empathie, en particulier Antoine.
L'auteur réveille les cauchemars de l'enfance avec sobriété et élégance.
Une Plume et une histoire qui m'ont conquise, avec pour seul bémol, une fin un peu brutale. Je l'aurais aimé un brin plus étoffée.
Un très beau roman idéal pour tous les amoureux du roman Noir au style atypique.
Voila la preuve qu'on peut faire un polar court mais efficace !
Retour à la nuit place son intrigue dans un centre d'accueil pour enfants en difficulté, placés suite à une décision de justice : Ouria la jeune fille anorexique-boulimique et qui a subi des violences sexuelles, Aymeric le gamin sorti d'une secte qui fait d'affreux cauchemars, ou Gaëtan le dur...
Des problèmes psy à la pelle et pas seulement pour ces gosses ! Le héros-narrateur a vécu son lot de traumatismes...
Eric Maneval réussit à créer une ambiance tendue, électrique qui annonce le drame à venir. Une succession d'évènements, de mauvais hasards, de choix malvenus qu'on déroule nerveusement, le rythme s'accélérant au fil des pages.
La narration se sert de l'expérience de l'auteur et donne son réalisme aux dialogues et à l'intrigue (différentes interprétations possibles des paroles et des actions). C'est bien vu !
Une réussite ! Un bon roman noir qui tient en haleine !
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