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Avec la gouaille qu'on lui connaît, Nan Aurousseau nous livre le récit drôle et tendre d'une enfance marquée par l'amour d'une mère courage, l'alcool et la violence d'un père raté mais pardonné, et le basculement progressif dans la délinquance.
Plongée colorée dans le Paris populaire des années 50 et 60, de l'arrivée de la famille rue des Maraîchers jusqu'à la brutalité d'un matin de juin 1966, Quartier charogne est sans doute le texte le plus attachant de l'auteur.
Quand on a six ans, passer de la campagne jurassienne au 83 rue des Maraîchers dans le quartier Charonne à Paris, c'est changer d'univers et d'histoire.
"C'était sanglant , le 20ème, en 57." Sanglant, oui, et c'est dans cette violence-là, à laquelle réplique celle du père, que le petit Nan doit se débrouiller et apprendre à vivre.
Dans cette plongée dans les souvenirs, Nan Aurousseau sait retrouver le regard à la fois candide et déjà averti de l'enfant qui découvre le monde - son monde - entre l'amour d'une mère, la présence écrasante d'un père, l'école, la rue, les copains, les adultes.
La vie irrigue tout le récit, avec ses moments dramatiques, ses situations comiques et ses apprentissages souvent douloureux. Ce monde disparu n'engendre pourtant ni nostalgie, ni mélancolie tant l'écriture sait le préserver sans l'idéaliser, ni le renier. Un livre que j'ai beaucoup aimé !
"Quartier charogne, je disais quand on me demandait mon adresse.
Si vous avez un plan de Paris sous la main, vous trouverez les limites du quartier Charonne assez facilement : prenez la rue de Bagnolet au métro Alexandre-Dumas et remontez-la jusqu'à la porte de Bagnolet, continuez par le boulevard Davout jusqu'à la rue d'Avron, prenez-la jusqu'au métro Avron et remontez le boulevard de Charonne jusqu'à la rue de Bagnolet. Voilà, vous avez délimité le quartier Charonne."
C'est dans ce quartier que la famille Aurousseau s'installe à la fin des années 50. Ils ont quitté l'Ain et leur maison avec vue sur le Mont-Blanc pour un petit appartement de la rue des Maraîchers où les parents et les nombreux enfants s'entassent tant bien que mal.
C'est là que le petit Nan va grandir, découvrir la vie, les copains, les gitans, les bagarres, les premiers casses qui le mèneront en maison de correction et plus tard dans la grande délinquance. A la maison, le père boit pour oublier la guerre et il a l'alcool mauvais, la mère prend des coups. C'est donc dans la rue que Nan fait son apprentissage de la vie et découvre qu'en volant, en trafiquant, on s'enrichit plus vite qu'en travaillant.
C'est là aussi qu'il assiste au drame du métro Charonne le 8 février 1962 quand une manifestation contre la guerre d'Algérie est réprimée dans le sang par les forces de l'ordre. Un évènement qui peut expliquer aussi qu'il ait fini par sortir du droit chemin...Comment respecter les lois quand ceux qu'ils les font appliquer n'hésitent pas à user de la force contre le petit peuple. Policiers, huissiers, éducateurs sociaux, fonctionnaires en tout genre sont aux ordres d'un état policier contre lequel on proteste en bafouant les lois.
Dans un langage imagé typique du Paris des années 50 et 60, Nan AUROUSSEAU raconte son enfance pas toujours gaie dans un quartier populaire de la capitale. Il évoque une France disparue avec ses petits commerces, sa vie de quartier, la campagne encore très proche, la friche qui sépare Paris de sa banlieue, les camps de gitans qui entourent la ville, les vacances au bord de la Marne où l'on pêche et se baigne. Mais ce charme bucolique n'empêche pas la misère, le manque d'argent, la mère battue par le père. Pourtant, aucun misérabilisme dans le ton d'AUROUSSEAU. Il parle d'une époque, d'une vie et de certains choix sans chercher les larmes, la compassion ou le pardon du lecteur.
Un récit autobiographique parfois teinté de nostalgie mais qui est surtout l'histoire des premiers pas d'un homme qui très tôt a choisi un chemin tortueux pour fuir un contexte familial difficile, pour ne pas être un mouton, pour narguer les lois ou tout simplement pour avoir la vie facile...
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