80 ans après, il est toujours essentiel de faire comprendre cet événement aux plus jeunes
Faire son deuil : je hais l'idée, la chose et la littérature à l'avenant !
Il enfouit son visage dans la gerbe de linge liée entre ses mains. Il la respire comme on respire bruyamment et profondément à l'auscultation et sent monter en lui un irrépressible désir d'étreinte. Elle est là ; il la tient et la retient. Il bloque son souffle pour interrompre le temps. Elle lui échappe. Il rouvre les yeux, libère son visage de ce qui n'est plus qu'un tampon d'étoupe, enfourne le linge dans le cylindre, ferme le hublot, se redresse d'un bond, balance entre s'enfuir et s'asseoir ; s'assoit sur le carrelage à côté de la machine, dos au mur. Il y a peu de l'empreinte laissée par la vie à la preuve de la survie. Les premiers jours, les occasions de croire comme l'apôtre à la résurrection n'ont pas été rares. L'impression soudaine de l'apercevoir dans la rue, qu'elle le suit, qu'elle est dans la pièce d'à côté, qu'elle l'attend, qu'elle est contre lui dans le lit. Lutter ! Lutter contre l'illusion de la présence physique sans pour autant renoncer à la connaissance vivante et fine qu'il a du corps d'Hannah dans ses mains, au bout de ses doigts, dans chaque parcelle de sa peau qui a touché la sienne. Ce qu'il ressent de toutes ses fibres n'est rien d'imaginaire, rien de magique, rien même de comparable aux douleurs fantômes des amputés, puisque tout ce qu'il a reçu d'elle est et demeure en lui une réalité vivante. Ce qu'il a tenté d'expliquer cette nuit chez Maud est vrai.
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