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Porn Valley

Couverture du livre « Porn Valley » de Laureen Ortiz aux éditions Premier Parallele
Résumé:

San Fernando Valley. 40 degrés sous l'habitacle. L'atmosphère est moite. On y voit défiler des Motels, des Sarbucks et des stars du X. Bienvenue dans le coeur battant de l'industrie mondiale du porno. Ici, c'est l'autre Los Angeles, l'autre Hollywood ; l'autre côté des montagnes et de... Voir plus

San Fernando Valley. 40 degrés sous l'habitacle. L'atmosphère est moite. On y voit défiler des Motels, des Sarbucks et des stars du X. Bienvenue dans le coeur battant de l'industrie mondiale du porno. Ici, c'est l'autre Los Angeles, l'autre Hollywood ; l'autre côté des montagnes et de l'autoroute 101, l'envers du décor.
A l'heure où MindGeek, entreprise Goliath surpuissante née des nouvelles technologies, emporte toutes les lois sur son passage et promeut des pratiques d'une très grande violence, Phyllisha, ancienne actrice, cherche à créer un syndicat pour protéger les travailleurs du secteur. « Au départ, tu ne comprends pas bien dans quoi tu arrives. Puis une fois que t'y es, tu peux plus en sortir. » Mais à peine Laureen l'a-t-elle rencontrée que Phyllisha disparaît. Que s'est-il passé? Laureen part à sa recherche.
Porn Valley est le récit de cette quête - d'une femme, de la compréhension des rouages d'un monde où les billets de dollars règnent en maître, de l'humanité de ceux que l'on saucissonne à l'écran. Un voyage à la rencontre des gens de pouvoir, glorieux et abîmés, sereins ou paumés qui font la capitale mondiale du porno - hommes et femmes qu'on n'aura jamais aussi bien connus. Un road trip gonzo, mené tambour battant et toujours à hauteur d'homme, dans la lignée des Hell's Angels de Hunther Thomson.

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Avis (1)

  • Juin 2009. Michael Jackson vient de mourir. Plutôt que de couvrir l'événement, Laureen Ortiz est enfermée dans une salle de conférence de la San Fernando Valley, au nord d'Hollywood. C'est ici que débute son enquête.

    Nul n'ignore que les vallées californiennes abritent l'énorme industrie du...
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    Juin 2009. Michael Jackson vient de mourir. Plutôt que de couvrir l'événement, Laureen Ortiz est enfermée dans une salle de conférence de la San Fernando Valley, au nord d'Hollywood. C'est ici que débute son enquête.

    Nul n'ignore que les vallées californiennes abritent l'énorme industrie du X. Il était fort probable qu'à un moment ou à un autre, elle se penche sur le sujet. Sa carte de journaliste est loin de lui ouvrir toutes les portes, mais dès ses premiers entretiens, Laureen Ortiz porte un réel intérêt à celles et ceux qu'elle rencontre, et comprend vite que ce sera là un gros travail d'investigation.

    En cette année 2009, les autorités tentent d'imposer le port du préservatif sur les tournages. Derrière ce projet de loi, la AIDS Healthcare Foundation, la plus grande association de lutte contre le sida aux États-Unis. Après d'interminables discussions, Los Angeles se pliera à ladite mesure B en 2012, officiellement du moins, car le safe sex ne fait pas vendre. Coût excessif, perte d'attrait pour le public, on déménage à deux pas de là le temps de tourner ou on contourne la loi, simplement.

    Sachant que la carrière d'une actrice porno dépasse rarement quelques mois, si quelques-unes soupçonnent la clinique gérée par la FSC (Free Speech Coalition, qui réunit l'essentiel des producteurs) de dissimuler les cas de séropositivité, peu osent faire des vagues. Être capable de tout et proposer toujours plus, ce sont les mots d'ordre pour espérer percer dans le milieu. Gros plans, petit budget, zéro scénario, zéro décor, zéro dialogue, le porno gonzo, très en vogue, s'affiche brutal et n'a plus grand-chose à voir avec un film. Derrière les égéries éphémères, les pionniers ne trouvent plus leur place.

    Sous le règne YouPorn, Phyllisha Anne, ex-actrice, entreprend de monter un syndicat. le porno apparaît presque comme tout autre job. Je simplifie : pas de CDI, pas de contrats d'exclusivité, pas de protection sociale. Et la mort en bonus. Phyllisha Anne ne semble pas craindre de s'imposer en agitatrice. Pour elle, il est trop tard, elle ne connaissait pas ses droits au moment voulu, mais elle peut aider la nouvelle génération. L'initiative rassemble. Les plus rodés épaulent les jeunes recrues, cette famille un peu particulière se serre les coudes. Laureen Ortiz pense alors assister à un mouvement sans précédent… mais Phyllisha Anne disparaît. En recoupant les infos dont elle dispose et celles qu'elle récolte chaque jour sur le terrain, elle se lance à sa recherche.

    Sans préjugés, la journaliste rend compte d'une vision inhabituelle du milieu du X. À travers les nombreux entretiens qu'elle rapporte, j'ai réussi à voir les travailleurs du sexe comme des gens « normaux ». Car oui, des préjugés, j'en ai. Une gamine de 18 ans qui contacte un producteur en lui listant tout ce qu'elle est prête à faire, ça me dépasse. Curieuse, j'ai tapé quelques noms croisés au fil des chapitres sur le net et (ce n'est pas toujours leur visage que Google propose en premier) j'ai découvert monsieur et madame Tout-le-monde, à l'exception de deux ou trois producteurs à l'air vicelard. Exit les clichés, la mode est à l'ordinaire, le public, en majorité masculin, ne fantasme plus sur les blondes peroxydées taillées comme des tops brésiliens. Nombre d'acteurs et actrices sont issus de familles catholiques pratiquantes et n'ont pas connu d'adolescence mouvementée. Nombre ont en commun également un besoin de reconnaissance qu'ils n'ont su trouver ailleurs que dans le X, qui « peut offrir la sensation réconfortante d'appartenir à une famille où chacun se reconnaît un peu dans l'histoire de l'autre, où les gains financiers et les moments de célébrité donnent le sentiment d'exister, peut-être même l'illusion d'être aimé, pendant que les fissures se creusent derrière le vernis. » Derrière le vernis, ce n'est pas beau à voir. Drogue, alcool, pression, dépression, précarité, et le sida qui rôde.

    Porn Valley est un très bon bouquin, écrit avec simplicité et, me semble-t-il, sincérité. Laureen Ortiz n'hésite pas à mentionner des détails de sa propre jeunesse pour mieux cerner les personnalités. Ç'aurait pu être elle, sur ce tournage clandestin, mais elle a fait d'autres choix de vie, a encaissé différemment les désillusions. Elle aurait pu, elle aussi, mal placer ses ambitions, se faire berner par son employeur, croire au rêve américain et se planter. Triste portrait d'une communauté marginale pourtant pièce maîtresse de l'économie US, cette enquête pose des questions qui dérangent. Et pour le dire franchement, je me suis demandé, à plusieurs reprises, à quel moment l'humanité était partie en c***lles.

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