"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Moscou, 1988. Exilé en Russie loin de son Angleterre natale, Kim Philby retrouve un vieil ami : il lui raconte comment est né sa vocation pour l'espionnage.
Enfant timide issu d'une famille bourgeoise, diplômé de Cambridge, rien ne le prédestinait en effet à trahir son pays pour la cause soviétique.
Tout commence en 1930. Alors que Hitler est en pleine ascension, Philby s'engage dans la lutte contre le fascisme. Devenu communiste, il est recruté par les services de renseignements russes et sera désormais prêt à tout pour défendre ses convictions...
« Pour trahir, il faut d'abord appartenir. ».
Kim Philby.
Quel occidental peut se targuer d’avoir eu un timbre russe à son effigie, édité pour ses services rendus à l’URSS et en tant que héros de la nation ?
Cet homme c’est Harold Adrian Russell Philby, né dans le nord de L’Inde quand ce pays faisait partie de l’empire sur lequel le soleil ne se couche jamais. Surnommé Kim par son père, en hommage au roman éponyme (1901) du grand écrivain britannique Rudyard Kipling (1865-1936) auteur du non moins célèbre Le livre de la jungle (1894).
Kim Philby grandit au sein d’une famille traditionnelle anglaise et bien intégrée dans la société puisqu’il est « bien né ». Ses études se feront à Cambridge au Trinity College, où il rencontrera quatre autres étudiants (Guy Burgess, Donald Mc Lean, Anthony Blunt et John Cairncross) avec qui il formera ce(ux) qu’on appellera « les Cinq de Cambridge ou Magnificent five».
En effet, mus par des idées révolutionnaires, ces hommes prônent lors de réunions, une société plus égalitaire, sur la base d’une idéologie communiste pro-URSS. Mais se rendant bien vite compte que pour aider Moscou, il va leur falloir se fondre dans la société britannique, ils décident de dissoudre leur groupe et annoncent qu’ils se rallient à des idées plus dans l’air du temps, donc profascistes, nous sommes en 1933.
Dorénavant, sous couvert de sa nouvelle profession de journaliste, Kim Philby arpentera différents pays européens et transmettra au NKVD (futur KGB) une mine d’informations jusqu’à devenir pour l’URSS, un héros de la nation.
C’est vraiment une très intéressante page de l’Histoire de l’espionnage britannique qui se déroule sous nos yeux par le truchement de cette bd, bien que le parti pris des auteurs, Pierre Boisserie et Christophe Gaultier, ait été de se cantonner aux débuts professionnels de Kim Philby, jusqu’à la seconde guerre mondiale. Ceci ne signifie pas pour autant, que son activité n’ait pas été importante après, bien au contraire.
Des dessins épais, à dominante marron et gris, sont à l’unisson des chemises de la même couleur, qui commencèrent à marteler le pavé dans de nombreux pays européens. La place n’est pas aux fioritures mais à l’efficacité, comme ce que ces hommes ont voulu faire en se ralliant à Moscou.
Une confession du célèbre agent double Kim Philby à laquelle nous assistons, elle se déroule à Moscou le 11 mai 1988. Sur un banc Kim Philby relate à un vieil ami sa vie et comment lui est venu son don pour l’espionnage. Il explique son infiltration du M16 le service de contre espionnage anglais afin de transmettre au service de renseignements russes, toutes les informations sensibles qu’il pourra y récolter. Jeune homme plutôt introverti, il a commencé à sympathiser avec les idées communistes et à se détacher de plus en plus de la haute bourgeoisie britannique dont son père faisait partie. C’est en suivant des études au Trinity College de Cambridge qu’il rencontrera d’autres étudiants ayant les mêmes sensibilités révolutionnaires communistes.
C’est la première fois que je découvre une Bande dessinée des Arènes BD et je me suis laissée porter autant par les illustrations de Christophe Gaultier dont le trait au feutre noir épais dessine habilement des personnages dans une harmonie de couleurs que l’on doit à Marie Galopin plutôt sombres sauf pour les premières pages qui se déroulent en Inde dans un camaïeu d’orange - safran. Le texte, reste très efficace sous la forme de cette confession inattendue et m’a fait connaître cet espion d’un autre siècle investi et courageux. J’ai aimé suivre son évolution et ce qui a fait finalement pencher sa balance intérieure vers le communisme. Il a beaucoup voyagé et ce qu’il a vu pendant ses voyages n’a fait que raffermir ses idées et ses positions. Pour ceux qui sont fans d’espionnage, ne vous attendez pas à du James Bond 007, c’est plus fin et l’époque n’est pas la même, on se trouve ici à la montée du nazisme dès 1930. Kim Philby a été un officier du Secret Intelligence Secret Britannique. Ce qui l’a rendu si célèbre c’est la révélation qu’il avait été toute sa carrière durant, un agent du renseignement soviétique, de quoi avoir des frissons dans le dos. Personnellement je suis plutôt admirative de la performance. Bonne lecture.
http://latelierdelitote.canalblog.com/archives/2020/03/24/38070045.html
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