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" On ne peut plus rien dire... " La complainte de celles et ceux qui dénoncent la " censure " s'étire à longueur de journée sur les plateaux télévisés. Il semblerait que la réaction se soit approprié la liberté d'expression pour mieux la dévoyer. Comment en est-on arrivé là ? Comment récupérer cette liberté fondamentale en démocratie ? Voilà l'enjeu de ce texte incisif.
À entendre la plupart des responsables politiques, pour faire refluer l'extrême droite, il suffirait de prendre de bonnes mesures, d'améliorer la vie des gens. Ils se trompent lourdement. Bien qu'essentiel et nécessaire, le contenu des politiques menées semble importer bien moins que la manière dont elles sont présentées et commentées ; la meilleure politique du monde ne pèse pas lourd face à la large diffusion de propos qui manipulent les faits, qui sèment la division et encouragent à la discrimination. L'urgence est donc de protéger, enfin, la condition essentielle de toute démocratie : la libre discussion des affaires publiques, dans le respect d'autrui, et sur une base factuelle partagée.
Par un incroyable retournement en effet, tout effort de protéger le débat démocratique est aujourd'hui brocardé comme une atteinte à la " liberté d'expression ". Dès qu'un chantre du camp " national " fait l'objet d'une sanction, ou même dès qu'il est simplement contredit un peu vivement, il se lamente : " On ne peut plus rien dire... " Cette complainte des nouveaux censurés s'étire à longueur de journée sur les plateaux télévisés. Le moindre argumentaire dans la lutte contre le racisme est monté en épingle pour alimenter une panique " antiwoke ". Qu'un juge ose timidement rappeler qu'une chaîne d'information ne peut consacrer exclusivement son antenne à la propagande d'extrême droite, et une vague d'indignation déferle aussitôt contre la " censure ", cette " guillotine symbolique ".
La permanence et la violence de ces discours insidieux impressionnent sans doute les juges. Or ils savent, à l'inverse, qu'une décision qui protège les pires outrances sera accueillie dans le calme, et bénéficiera de l'aura d'un jugement libéral et éclairé. Ne s'honore-t-on pas, en effet, à tolérer les propos qu'on désapprouve ? C'est ainsi que les lois qui encadrent la liberté d'expression se trouvent neutralisées.
Pourtant, la haine et le mensonge nuisent gravement à la délibération démocratique. C'est pourquoi les restrictions de l'expression publique, loin d'être en contradiction avec la liberté d'expression, lui sont consubstantielles.
La " liberté d'expression " brandie par les courants réactionnaires, qui couvre toutes les manipulations et toutes les agressions, est un piège. La véritable liberté d'expression s'exerce dans un cadre qui exclut notamment tout discours de haine, sans jamais gêner le débat public.
Dans un style alerte et accessible à tous, ce livre révèle la manière dont l'extrême droite a accaparé la liberté d'expression pour mieux la dévoyer. Face à la montagne d'ouvrages qui dénoncent le wokisme et la censure, il montre comment récupérer cette liberté fondamentale, après avoir rappelé et défendu, exemples à l'appui, les lois qui interdisent les discours de haine et les campagnes de désinformation. Car leur mise en oeuvre constitue désormais notre seule et dernière chance de repousser l'extrême droite.
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