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Nos journaux caches

Couverture du livre « Nos journaux caches » de Maria Razumovsky aux éditions Noir Sur Blanc
Résumé:

Les trois auteurs, trois sours nées entre 1923 et 1927 en Silésie autrichienne, sont à la fois emblématiques d'une génération marquée par la guerre et très à part des préoccupations des autres adolescents. En effet leur famille se
différencie de ses voisins par quelques points : mère russe,... Voir plus

Les trois auteurs, trois sours nées entre 1923 et 1927 en Silésie autrichienne, sont à la fois emblématiques d'une génération marquée par la guerre et très à part des préoccupations des autres adolescents. En effet leur famille se
différencie de ses voisins par quelques points : mère russe, père autrichien, grand-mère juive, attitude critique à l'égard de Hitler dans un pays occupé par les nazis. Leur père est exploitant agricole et elles vivent dans un château. Elles sont donc aussi privilégiées et préservées, mais ce château est situé près de la ligne du front et la tempête de la guerre fait rage.
Maria, Daria et Olga Razumovsky, fidèles à une tradition familiale, - leur mère Catherine Sayn-Wittgenstein avait tenu son journal pendant la révolution russe, La fin de ma Russie Journal 1914-1919 (Noir sur Blanc, 1990)-, s'attellent entre 1938 et 1944 à la rédaction de journaux intimes.
L'intérêt essentiel de ce livre réside dans l'existence de trois textes parallèles décrivant les mêmes faits. Chacune des diaristes, à travers sa personnalité propre, nous restitue une bribe d'histoire, déformée bien sûr, mais qui vaut par
l'immédiateté du témoignage proposé. Jeunes, elles sont naïves, bien sûr et manichéennes, mais leurs écrits font mouche.
Ainsi, la soeur aînée, Maria, dont le journal ouvre l'ouvrage, s'intéresse beaucoup à la politique. Elle nous fait partager ses emportements contre « le barbouilleur » (Hitler), son admiration pour Chamberlain, sa consternation à l'approche de la guerre. Elle lit beaucoup, la presse bien sûr, mais aussi les grands auteurs. Son journal est une priorité et elle s'y astreint quasi quotidiennement.
Sa soeur Daria, elle, aime la musique et les relations humaines, mais a pour préoccupation essentielle de réussir son bac dans une école germanisée à outrance où toute journée commence par le salut hitlérien et où le culte du corps impose des programmes de gymnastique de plus en plus présents. Elle avoue n'être pas très assidue à la tenue de son journal intime.
La plus jeune, Olga, souffre d'avoir redoublé, d'être traitée comme un enfant par ses grandes soeurs, mais est contrainte, elle aussi de s'intéresser à la guerre. Au fur et à mesure de l'avancée de l'armée Rouge, l'angoisse de se
trouver prisonniers entre deux fronts, exposés aux bombardements américains, victimes des derniers sursauts allemands, domine tout.
Un livre précieux pour comprendre les mentalités et la vie quotidienne de jeunes filles conscientes de vivre un moment historique fort, au coeur de l'Europe en guerre. Mais c'est aussi, loin des tumultes politiques, la chronique de la vie d'une famille cosmopolite, unie et solidaire, d'une maison ouverte à de nombreux cousins autrichiens, ou roumains, et où se pratique aussi l'accueil systématique de réfugiés russes ou ukrainiens.
Ce livre nous permet une approche vivante de l'histoire et nous renseigne plus que bien des manuels sur l'état d'esprit ambiant au centre d'un continent ravagé par la guerre.

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