L’histoire d’une colonisation et de la dévitalisation d’un peuple...
Une jeune femme du Sud qui, comme les oies, fait souvent le voyage jusqu'à Salluit, parle à Eva, son amie du Nord disparue, dont le corps est dans l'eau du fjord et l'esprit, partout. Le Nord est dur - « il y a de l'amour violent entre les murs de ces maisons presque identiques » - et la missionnaire aventurière se demande « comment on fait pour guérir son coeur ». Elle s'active, s'occupe des enfants qui peuplent ses journées, donne une voix aux petites filles inuites et raconte aussi à Eva ce qu'il advient de son fils Elijah, parce qu'il y a forcément une continuité, une descendance, après la passion, puis la mort. Juliana Léveillé-Trudel livre un récit d'amour et d'amitié beau et rude comme la toundra.
Nirliit partage la « beauté en forme de coup de poing dans le ventre » qu'exhale le Nord.
L’histoire d’une colonisation et de la dévitalisation d’un peuple...
le texte met particulièrement en lumière la condition effarante des femmes et celle des enfants, encore plus révoltante. L'auteure a la formule percutante, son écriture est implacable et sans concessions mais elle est sincère, belle et âpre, puissante. Ce roman offre un témoignage nécessaire et urgent.
« J'ai souvent le goût de brailler, je ne suis pas nécessairement triste, c'est juste que c'est trop ici, trop beau ou trop dur. »
Ces mots de la narratrice pour évoquer son rapport au Nord, vous pouvez l'appliquer à ce livre - « brailler » signifiant « pleurer » en français québécois – c'est beau, c'est dur, c'est trop.
La narratrice raconte Salluit, village du Nunavik, et ses habitants. Elle, la Montréalaise, quitte une fois l'an la grande ville pour venir s'occuper des enfants de la communauté inuit. Cette année, Eva son amie n'est pas là pour l'attendre à l'aéroport. Eva a disparu dans un fjord. Disparue comme d'autres, un détail. Alors elle parle à l'absente. Elle lui dit la beauté des paysages, de cette toundra, de ces grands espaces. Elle lui dit les incompréhensions entre ceux du Sud et ceux du Nord, les blessures du passé, la violence, l'alcool, la drogue, la misère.
Sans complaisance envers elle-même et les blancs en général, sans complaisance avec les autochtones, elle dit cet amour difficile.
Quelles différences entre nos sociétés occidentales et ces sociétés du Grand Nord américain ? Aucune en fait : on ne respecte pas son corps ni celui de l'autre, on consomme pour oublier... et cela malgré la beauté de la nature, cette nature et ses trésors si extraordinaires, époustouflants. Il est certainement temps de regarder autour de nous, retrouver sens et valeur de ces merveilles...
Une langue, un pays, c'est toute une atmosphère qu'on retrouver dans ce roman singulier, des expressions québecoises qui adoucissent la dureté de la vie dans ce nord canadien où les inuits mènent une vie rude. L'auteure nous emmène à la découverte de ce peuple souvent méconnu et dévalorisé, son attachement à la terre et à ses personnages la ramène tous les ans, comme ces oies sauvages qui reviennent à chaque printemps. J'ai eu un peu de mal au début avec la multitude de personnages, mais toujours ce fil conducteur qui nous ramène à Eva, l'amie disparue dans l'eau du fjord et dont le corps n'a jamais été retrouvé, autorisant toutes les hypothèses, et dont l'âme vit dans chaque lieu et chaque habitant qu'elle a fréquentés.
Un très beau moment de lecture. La narratrice revient tout les ans dans la région du grand nord. C'est un livre poétique, magnifique, poignant.
Un voyage dans le Grand Nord, avec des personnages atypiques.
J'ai passé un agréable moment avec ce roman dépaysant et émouvant !
Direction le Grand Nord du Québec, dans la province du Nunavik, là où les neiges et la glace recouvrent le pays une bonne moitié de l'année. Une province qui réunit 13 000 habitants, sur une surface grande comme l'Espagne et à peine plus petite que la France métropolitaine. L'histoire se déroule à Salluit, un village de 1 483 habitants, situé tout au nord de la province du Nunavik. Y vivent des Inuits, isolés dans un environnement à couper le souffle. Isolés… pas tant que ça, et c'est bien le problème au cœur de ce récit. Car chaque été, y débarquent de nombreux travailleurs venus notamment du Québec et du Canada, pour construire des maisons, instruire les enfants, et profiter du temps un peu plus clément pour faire les travaux qui ne peuvent être réalisés sous la neige.
Dans ce village du bout du monde où personne ne parle français (mais quel québécois installé chaque été à Salluit parle l'inuktikut ?), des hommes arrivent chaque été pour travailler. Ils viennent seuls, laissant leur famille au pays, et séduisent les (très) jeunes filles du village, prêtent à tout pour s'envoler elles aussi. Pas encore adultes, elles donnent naissance à des enfants qui erreront bientôt dans les rues du village, à la charge de qui voudra bien s'en occuper. Très vite abandonnées, voyant s'effondrer leurs rêves d'une vie meilleure, d'un vrai lit où abriter leurs amours, ces jeunes femmes perdent vite leur innocence et sombrent dans les affres de l'alcool et de la drogue. Les pères, ces hommes blancs arrivant et repartant avec les oiseaux migrateurs (les oies sauvages, Nirliit), n'auront pas connaissance de leur progéniture (et éviteront soigneusement de se renseigner).
Malgré un contexte tragique et révoltant, Juliana Léveillé-Trudel parvient à diffuser une certaine poésie, de la douceur, dans ce récit. Comme partout à travers le monde, les habitants de Salluit rêvent d'amour et de paix. Ils espèrent en un avenir lumineux.
https://itzamna-librairie.blogspot.com/2020/03/nirliit-juliana-leveille-trudel.html
Je n'ai pas du tout accroché, même si je suis fan de Jean Malaurie et de culture inuït. Je l'ai abandonné rapidement.
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