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Harold Nivenson fut artiste, peintre de second ordre et riche collectionneur. Devenu un vieil homme, il affronte désormais son déclin, seul dans sa grande maison délabrée. La mort de Peter Meininger, peintre de renom, jadis protégé et ami de Nivenson, une idole devenue rival tant sur le plan intellectuel qu'amoureux, le conduit à méditer sur son propre parcours, alors qu'il s'efforce à tâtons de rétablir l'enchaînement qui lui permettra de comprendre le sens d'une vie entière rongée par le doute.
Avec le temps, l'amertume qu'il éprouve à l'égard de sa famille, de son quartier embourgeoisé, et du déclin de tout discours critique intelligent dans le monde des arts, laisse la place à une forme de paix intérieure, les ombres du passé se dissipent et, chaque jour, il trouve une raison de vivre dans l'instant présent.
Harold Nivenson n’est pas brillant. Il prend de l’âge et sa santé se dégrade. Son petit chien, Roy, est mort et il lui manque beaucoup. Derrière sa fenêtre, il observe ses voisins mais cela ne le réjouit guère car sa vision des choses, de la vie, est très pessimiste.
Sur des fiches, il note un maximum de choses et se décrit sans aménité : « Peau de serpent desséchée qui s’écaille, ventre gonflé de crapaud, pattes grêles d’oiseau, odeur de bouc, face de chameau, cerveau d’un orignal fou-furieux assailli par les loups. Un boiteux qui traîne la jambe et trébuche sur les fissures du trottoir. » Ajoutant aussitôt, froidement : « Je possède une arme. »
À partir de là, le lecteur va de surprise en surprise car cet homme en bout de course a eu une vie dense que les souvenirs remontant à la surface permettent de découvrir. Son quartier était un quartier populaire mais il est maintenant envahi par des gens aisés, de jeunes cadres dynamiques et seule sa maison n’a pas été restaurée.
La Professeure Diamond est la voisine qui l’intrigue le plus. Elle le snobe mais si elle écrit des livres, il n’en a lu aucun : « Le journal dit d’elle que c’est une véritable mine d’or littéraire. Ce qui signifie qu’elle produit des déchets littéraires à une échelle industrielle. »
Il parle aussi de ces tableaux qui ornent les murs de sa maison : « Je me rends compte qu’ils n’ont aucune valeur, que ce sont pour l’essentiel des croûtes. Si j’en avais la force, je les jetterais tous à la poubelle… Je suis – et je le reconnais sans peine – le plus grand gougnafier que la terre ait porté. » Gougnafier, c’est ainsi qu’il définit les artistes mineurs.
Moll que l’on suppose être sa femme, s’occupe de lui qui parle alors beaucoup de ce peintre allemand venu de Munich : Meininger. Il l’a hébergé durant 38 mois mais son influence a duré longtemps ensuite : « Meininger, le peintre et Nivenson, le critique et collectionneur. La vie d’un dilettante. »
Toujours très critique envers ses semblables, apparemment misanthrope, Harold Nivenson n’est pas avare de phrases choc comme lorsqu’il confie : « Si quelqu’un m’annonce qu’il va me raconter l’histoire de sa vie, je sais immédiatement qu’il s’apprête à mentir. »
La peinture a été sa passion et sa perte : « J’ai toujours été fou, mais pendant la plus grande partie de ma vie, je me suis cru normal. » Finalement, ce roman original et prenant est une très instructive leçon de vie.
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