"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Aujourd'hui, Milly a eu envie de mordre jusqu'au sang.
Swan Cooper tirait des balles de revolver à deux pas de son frère Almaz, couché dans la boue. Soudain, la rage a tout dévoré. Milly a foncé pour sauver son grand frère.
Dans un élan bestial, fou de colère, elle a cassé le bras et le nez de Swan Cooper.
Depuis, Almaz, vexé, ne lui parle plus, mais qu'importe. Milly Vodovic peut tout faire désormais.
Elle peut partir, en pleine nuit, à la recherche de l'arme abandonnée. Laisser un garçon trouble et dangereux lui voler un baiser. S'inventer à l'infini.
Pourtant, des phénomènes étranges se produisent autour d'elle. Comme ce ballon mou et visqueux, vivant, apparu à l'intérieur de la maison des Vodovic. Ou cette conversation d'Almaz avec une fille invisible, une certaine Popeline.
Mais, alors que l'air commence à sentir le sang frais, que le Mange-coeurs approche et que l'ennemi se transforme en ami, Milly se répète que les monstres n'existent pas.
L'histoire, elle, ne l'entend pas de la même manière.
Un récit fulgurant qui transporte dans les peaux de magnifiques personnages, complexes et vivants : Millie Swan, Douglas, des opossums. Nous voilà dans les champs de coquelicots, écrasés sous l'imminence tragique d'un orage. Odeurs de vanille et de sang.
Il y a des morts passés et à venir. Il y a des animaux avec qui on peut parler et des personnages qui semblent sortis d'une forêt sombre. Il y a la guerre en Bosnie et la méchanceté des campagnes. Et il y a des images d'une beauté violente et sauvage. Il y a la force et la fragilité des sentiments.
Un livre que l'on a envie de relire à peine est-il fermé, et qui nous habite longtemps.
Milly dit « Milk » est une fillette d'une douzaine d'années, au caractère bien trempé, qui refuse de grandir. Elle vit à Birdtown en Amérique alors que sa famille est originaire de Bosnie. Elle aime porter une couronne fabriquée par son frère aîné, Almaz, car elle est « la reine des casse-pieds ». Milk est très proche d'Almaz, parfois protectrice : elle n'apprécie pas qu'il se laisse embêter par Swan Cooper, un ado dont la mère Daisy est auteure de littérature jeunesse. Un jour Almaz est assassiné, qui a bien pu lui tirer dessus et pour quelle raison ?
Ce roman jeunesse qui nous plonge entre rêve et réalité, est incroyable et incomparable. Il déborde d'inventivité et provoque chez son lecteur de nombreuses émotions.
La plume de Nastasia Rugani est magnifique, envoûtante et poétique. L'univers onirique est complètement loufoque et original. L'héroïne est proche de la nature et s'adresse aux animaux : le lecteur y rencontre des coccinelles, un mange-cœurs et une certaine Popeline.
C'est un livre très ambitieux et riche qui s'adresse à un lectorat diversifié, autant aux ados qu'aux adultes et qui nous prouve que la littérature jeunesse peut être de la très grande littérature. L'auteure aborde des thèmes multiples avec beaucoup de profondeur : les joies de l'enfance de celles que l'on ne veut pas quitter, le passage à l’adolescence, l'amitié, la maladie, la mort et le deuil mais aussi l'intolérance et le racisme que subit cette famille d'origine bosniaque après les attentats du 11 septembre.
Le livre est merveilleusement illustré par Jeanne Macaigne.
J'ai eu un énorme coup de cœur pour l'histoire captivante de « Milly Vodovic » qui a d'ailleurs reçu une mention spéciale du prix Vendredi 2018.
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