En 1915, le génocide a vidé l'Anatolie de ses Arméniens. Jean Kéhayan fait le voyage au pays
natal de son père pour y chercher la trace des siens. Une démarche rare pour un descendant de
survivants de cette extermination.
Les Arméniens de la diaspora sont tous issus d'Anatolie à l'époque de l'empire ottoman. Ceux qui
n'ont pas été exterminés pendant le génocide de 1915 étaient des apatrides avec un passeport turc
mentionnant : « Ils ne peuvent pas revenir. » Aussi tous les lieux cités dans Mes papiers d'Anatolie
rappellent des souvenirs douloureux, des noms enfouis au fond de la mémoire.
« Il s'agissait pour moi de transgresser un tabou et de me rendre dans des lieux où tous les
Arméniens ont été exterminés. C'était une façon de réconciliation avec la terre d'origine de mes
parents et la possibilité de faire savoir aux gouvernants turcs que je ne revendique rien comme
territoire mais simplement une réparation de la mémoire. Car plus que toute thèse historique, j'ai
vu au gré de mes visites une présence arménienne séculaire à travers des églises, des monastères
et une architecture qui prouve que la présence arménienne a été très forte en Anatolie. Même les
édifices religieux musulmans portent la trace du savoir-faire des artisans arméniens. Devant ces
évidences, pourquoi donc continuer à nier un génocide ? ». Jean Kéhayan
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