"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Il n'y a pas pire vengeance que ce qui blesse ceux qu'on aime.À moins qu'on ne les tue.Il n'y a pas pire obsession qu'un fantôme qui vous hante.À moins que ce ne soit celui d'un ami.Il n'y a pas pire crime que de tuer une enfant.À moins de la tuer deux fois.Un New York sombre et violent, avec des rues comme des canyons dans lesquels la vie se perd et la mort s'engouffre. Avec fracas parfois, comme lorsqu'elle vient saisir une petite fille, retrouvée assassinée, le corps mutilé, au milieu d'un amas d'épaves de voitures.
En équilibre précaire, accroupi tout en haut d'une pile de carrosseries déglinguées, Pfiffelmann interroge son partenaire, l'inspecteur Donnelli : « Alors, tu en dis quoi ? » Un début d'enquête somme toute normal.
Sauf que « Pfiff » est un fantôme, qui exige lui aussi la vérité sur les circonstances de sa mort. Comme si Donnelli n'avait pas déjà tout son soûl de crimes, d'obsessions et de vengeances. Comme si la ville ne lui avait pas déjà arraché un lourd tribut.
Pourtant, une fois par an, New York lui offre aussi un instant magique, lorsque le soleil couchant symétrique et flamboyant du Manhattanhenge prend la 42e rue en parfaite enfilade. Une illumination divine, comme la révélation d'un indice éclaire un crime d'une lumière nouvelle. Avant que tout, la ville comme la vie de Donnelli, ne sombre à nouveau dans la nuit.
Un polar noir et puissant, dans une ville que l'on croit connaître mais dont Roy Braverman fait un portrait inédit, aussi tragique et attachant que ses autres personnages, aussi à l'aise dans l'humour que dans le suspense, et porté par une écriture remarquable.
L’auteur nous entraîne en effet dans un New York des bas-fonds, bien loin de celui qu’on visite et qui fait rêver, pour nous offrir une intrigue à la fois sombre et violente, d’une étonnante puissance et prenante à souhait, dans laquelle on se laisse entraîner sans délai pour ne s’en libérer qu’à regret une fois la dernière page tournée.
Si les morts sont ici légion, certains peuvent encore parler et hanter le héros – comme le lecteur – tant qu’on n’a pas compris les motivations de son meurtrier. Une idée pour le moins originale et inattendue qui m’a énormément plu et nous offrent ainsi quelques scènes surprenantes et délicieusement décalées, éclairant au passage cette intrigue furieusement noire jusque dans sa thématique, à l’instar de ce Manhattanhenge qu’on découvre et admire entre ces pages, assis nous aussi sur le toit de l’Astor…
Mais la vraie force du roman réside incontestablement dans ses protagonistes, abîmés par la vie, cabossés par le destin, campés avec force détails et beaucoup de personnalité, étoffés en profondeur pour les doter d’un supplément d’âme auquel on ne peut résister… Ainsi en est-il évidemment de Donnelli, Pfiffelmann et Mankato… Ainsi en est-il de New York aussi, personnage à part entière sans laquelle l’histoire n’aurait décidément pas la même splendeur, la même intensité, la même saveur ni la même densité.
Servi par une plume percutante, fluide et efficace, un style sans concession teinté d’humour – noir autant que faire se peut -, le récit n’en est que plus palpitant, plus captivant, pas forcément pour ses révélations qu’on a parfois devinées, mais bien plutôt pour l’incroyable fresque urbaine qu’il parvient à exposer… Comme si on y était…
(Chronique complète : https://deslivresetmoi7.fr/2021/03/chroniques-2021-manhattan-sunset-de-roy-braverman.html)
Des descriptions de Manhattan pointues...pour retrouver la suite des aventures du policier Donnelli MAIS ces conversations avec un coéquipier fantôme,ces flots d'alcool et de délires m'ont donné le tournis.Pourtant,l'intrigue de base autour de la mort d'une petite fille de douze ans avait de quoi captiver.Trop de tout,l'excès tue ,y compris la fin aux multiples rebondissements.Dommage!
Je découvre Manhattan Sunset de Roy Braverman alias Ian Manook grâce aux Editions Hugo Thriller via Net Galley que je remercie au passage pour cette lecture. J’avais beaucoup apprécié la nouvelle La fille aux allumettes parue dans le recueil Storia, et je m’étais alors promis de découvrir plus amplement l’auteur dans ses romans. Je suis ravie de ma découverte, Manhattan Sunset est un roman noir intense, émouvant et drôle. Pourtant le fond du récit est sordide : tout commence par la découverte dans une casse-auto du cadavre en partie brûlé et déchiqueté par des chiens d’une fillette… La scène se passe à New York (pas celui des touristes, ou alors il ne faut vraiment pas avoir de bol!). L’inspecteur Donnelli chargé de l’enquête se rend sur les lieux, accompagné de son surprenant collègue Pfiffelmann, qui le suit partout. Normal, me direz-vous pour un binôme de policiers ? A y regarder de plus près, non, car le dénommé Pfiffelmann est mort en service trois semaines plus tôt…
Le seul policier schizophrène auquel je puis faire référence s’appelle Franck Sharko… L’inspecteur Donnelli le vaut bien et je vous assure que les dialogues qui découlent de l’étonnante relation qu’il entretient avec son collègue fantôme sont extrêmement drôles, parfois touchants, et entraînent le lecteur dans l’intégralité du récit. L’enquête ou plutôt la double enquête, d’une part le meurtre de cette jeune fille et de l’autre les circonstances non élucidées de la mort de Pfiffelmann, passent même en arrière plan, tant les personnages y compris secondaires sont truculents et font tout le charme de ce roman. C’est en tout cas l’impression que j’ai eu durant ma lecture, bien que le sujet de fond – le trafic d’enfant- soit passionnant et bien traité. L’écriture est frénétique, donnant l’impression d’aimanter nos doigt pour qu’ils restent scellés au livre! Un moment de répit, de magie, dans cette enquête lorsque les personnages admirent le « Manhattanhenge », l’alignement parfait du soleil couchant avec certaines rues de Manhattan, évènement à ne pas rater qui arrive deux fois par an…
J’ai donc aimé l’originalité de ce roman, dans lequel évoluent des personnages drôles et attachants, ainsi que l’écriture addictive de l’auteur, dont je me ferai un plaisir de lire les autres romans…
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