"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
« Ma mère avait ce geste, quand elle était soucieuse, la main contre la joue. Ce n'était pas pour elle, qu'elle se faisait du souci, elle avait un caractère tellement gai. C'était pour nous, ses dix enfants, surtout les plus jeunes, qu'elle se faisait du souci, comment arriver à nous nourrir, à nous vêtir, avec le peu d'argent qu'il y avait, surtout après la mort de mon père. Comment s'assurer que nous allions nous en sortir, faire des études, arriver à nous débrouiller. Pour les études, il y avait les bourses : il fallait passer un concours avant l'entrée en sixième, puis fournir, chaque année, des certificats attestant de bons résultats et d'une bonne conduite. Ma mère, chaque année, nous rappelait qu'il ne fallait surtout pas oublier ce certificat, qu'il fallait tout faire pour l'obtenir. Bons résultats et bonne conduite...»
Un texte magnifique comme une offrande à la mère. Dans chaque ligne, on peut se reconnaître et trouver ce petit quelque chose qui nous rappelle un instant magique en relation avec celle qui nous a donné le jour. Alain Rémond écrit bien, depuis toujours, et cette fois encore, c'est dans l'intime qu'il excelle.
Alain Rémond raconte comme si nous étions assis, ensemble, dans des fauteuils confortables devant un feu qui crépite et que la nuit avance, son cancer, son espoir et son combat. Et, voilà que celui de sa mère s’invite dans cet univers feutré. Et lui à vingt-cinq ans espère qu’elle ne peut être vraiment malade, au point d’en mourir. Ce n’est qu’après que la peur dévore celui qui y pense !
Alors, Alain Rémond décide de reprendre son enfance pour aller chercher loin en lui, les moments de bonheur qui lui sont attachés. Et, Trans, son village, sa maison, ses frères et sœurs se révèlent. N’allez surtout pas, comme une de ses lectrices ou les copains de ses dix ans, y faire un tour car, comme eux, vous serez déçu ! Dans Ma mère avait ce geste c’est le village coloré par ses bulles d’amour et d’émotions que nous découvrons !
Évidemment, dans ces pages, il y a forcément une partie de nous, de nos souvenirs et de nos amours. J’y ai découvert pourquoi j’avais passé un examen pour entrer en 6ème et pourquoi on mangeait tant de beefsteak de cheval !
Mais, dans Ma mère avait ce geste, c’est d’une nostalgie heureuse, apaisée et sereine qui nous est présentée. Car, ici, on a fait le tri entre le passé, les ressentiments et les aigreurs pour ne retenir que la douceur et la tendresse des situations et de l’amour. Alain Rémond est capable de raconter la honte sans la ressentir à nouveau, capable de raconter les cris, sans avoir peur de les entendre. Ce texte est d’une grande sensibilité, d’une grande tendresse et d’admiration pour cette femme dévouée à sa famille et à chacun de ses enfants.
La suite ici
https://vagabondageautourdesoi.com/2021/09/07/alain-remond/
Il n'y a pas encore de discussion sur ce livre
Soyez le premier à en lancer une !
"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
L'auteur se glisse en reporter discret au sein de sa propre famille pour en dresser un portrait d'une humanité forte et fragile
Au Rwanda, l'itinéraire d'une femme entre rêve d'idéal et souvenirs destructeurs
Participez et tentez votre chance pour gagner des livres !