« Voici que me reviennent soudain, violemment, intensément, les deux ou trois années autour de mes vingt ans. C'est tellement loin, c'est tellement vieux ! Mes vingt ans, c'était en 1967. J'étais coopérant en Algérie, à Djemâa-Saharidj, un petit village de Kabylie. J'avais vingt ans et le sentiment d'avoir déjà trop de souvenirs. J'essayais de comprendre qui j'étais, ce qui était en train de se jouer dans ma vie. J'allais devoir choisir : la fidélité à ma ''vocation'', ce désir d'être prêtre, depuis mon enfance. Ou le basculement dans une autre vie, un autre destin. Mais on ne sait pas comment les choses se passent. On ne voit pas les signes que nous fait le destin. Ou alors après, longtemps après. Et c'est pourquoi je vais parler de Jacques Vallot. Du rôle qu'il a joué, mystérieusement, obscurément, dans ce que fut ma vie d'après.»
Les livres d'Alain Remond tiennent une place particulière dans le paysage littéraire français.
J'avais été subjuguée par ses romans autobiographiques racontant son enfance bretonne au milieu de ses 9 frères et sœurs, ses années passées à l'internat et ses début dans l'audiovisuel. Ses textes sont toujours emprunts d'une grande spiritualité puisée incontestablement dans son histoire familiale (il a été élevé dans la foi catholique) se combinant avec la philosophie qu'il a étudiée à l'université.
Ce livre est à mettre en parallèle avec un autre écrit en 2002 "Un jeune homme est passé", où il évoque sa foi de jeune adulte et son désir de rentrer dans les ordres, mais pas seulement...
Pour "Celui qui n'est pas venu", Alain Rémond revient sur sa foi en la religion catholique, sa vocation et son entrée au séminaire et, comment malgré son projet, il a suivi un autre destin à cause ou grâce à des rencontres déterminantes qui l'ont fait évoluer.
Alain Rémond, c'est aussi un style très pure où chaque phrase,chaque mot, chaque signe de ponctuation a une place bien précise dans ses récits. J'ai rarement lu un auteur contemporain à l'écriture aussi aboutie. Ces livres ne sont jamais très longs et cependant si denses... Je pense qu'il doit écrire très lentement et revoir son texte maintes et maintes fois jusqu'à ce qu'il cesse de le retoucher !
Le fond et la forme se disputent l'excellence, belle performance d'écrivain !
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