La vocation du musée de la Lutherie et de l'Archèterie françaises de Mirecourt est double. D'une part, le musée s'impose naturellement comme un lieu témoin d'une ville, dont l'identité est fortement marquée par la production traditionnelle d'instruments de musique à cordes et par la transmission des métiers de luthier et d'archetier à l'échelle nationale. D'autre part, le musée donne l'occasion de porter un regard nouveau sur l'ensemble du processus de conception d'instruments de musique, pensés comme des composants à part entière de la fabrication de la musique : les luthiers, les instruments qu'ils fabriquent, les musiciens qui les jouent, les compositeurs qui écrivent pour eux, les auditeurs et les critiques qui écoutent et jugent les musiques produites, ainsi que les interactions entre ces différents acteurs sont au coeur du projet du musée. Le visiteur, en fonction de sa culture, peut se reconnaître dans l'un ou l'autre rôle. Il n'est pas seulement «spectateur» du projet.
S'appuyant sur cette double vocation, le musée propose une déclinaison d'expositions ayant pour thème transversal la transmission des métiers de luthier et d'archetier à Mirecourt et des métiers de la musique plus largement.
Défini communément comme le fait de «faire passer quelque chose à quelqu'un», l'intérêt que nous portons à la notion de «transmission» transcende cependant largement le modèle énonciatif reliant trop simplement un émetteur et un récepteur. Et nous proposons aux auteurs, de contribuer à la réflexion sur la «dynamique subtile» à l'oeuvre dans les phénomènes de transmission, répondant ainsi, chacun à sa façon, au programme défini par David Berliner : «Décrire les phénomènes de transmission, c'est reconnaître que des concepts, des pratiques et des émotions du passé ne s'invitent pas d'eux-mêmes dans le présent, dans l'esprit et dans le corps de nos interlocuteurs. Et c'est se mettre en quête de longs processus par lesquels ces objets circulent entre les générations et sont recyclés par les acteurs qui les acquièrent.» Dans ce catalogue, les auteurs, aux parcours contrastés - qu'ils soient chercheurs et/ou facteurs d'instruments -, nous proposent une multiplicité d'approches susceptibles d'offrir un regard singulier sur la transmission. Ces multiples contributions offrent, outre la richesse informative et analytique propre à chacune d'entre elles, un abondant panorama des prismes par lesquels cette «dynamique subtile» peut être abordée.
Les nombreuses illustrations de l'ouvrage permettent de mettre en valeur la diversité des objets conservés et présentés au musée, du plus humble - un canif - au plus prestigieux - un violon de Jean-Baptiste Vuillaume -, tous nous «parlent» de transmission.
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