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Longue division est un roman noir qui part sur les chapeaux de roues, sur une grande toile grisâtre qui se ressert petit à petit, jusqu’à l’étranglement final, radical.
Au début, Longue Division est très prenant. Le rythme rapide est posé, l’ambiance malsaine est distillée, les personnages tous bancals, sont esquissés à grands coups de pinceaux caricaturaux. On ne sait pas trop où l’on va, on suit les paragraphes, entrecoupés de …. pour maintenir le suspens, les uns après les autres, et cela fonctionne.
La tension est présente, chaque phrase se tient sur le fil du rasoir, et l’on voit à travers une construction subtile, les liens entre les personnages doucement apparaître : la construction est vraiment le point fort de ce roman.
Cependant, Derek Nikitas semble avoir eu un peu de mal à conserver son rythme, qu’il ralentit un moment, pour le précipiter subitement dans un excès démesuré, où il en fait trop, où tout part dans tous les sens ; on a alors l’impression de lire un film d’action avec ses exagérations et ses extrêmes.
C’est dommage, car il en reste une impression d’insatisfaction.
Ce roman est composé comme un puzzle dont les pièces s’imbriquent au fur et à mesure du récit. Ce qui commençait par un délit somme toute assez mineur (le vol de 5000 dollars) va finir par un bain de sang et un dénouement tragique pour la plupart des protagonistes.
Chaque personnage est décrit par petite touche et ancré dans une histoire. On sent que l’auteur tisse sa toile, plante ses personnages dans leur vie et vers leur destin. Le passé resurgit et vient frapper à la porte.
Il est beaucoup question dans ce roman d’une noirceur absolue de culpabilité (celle de Jodie envers son fils), de rédemption (Jodie voulait « réparer » son abandon en allant voir son fils », Sam essayant également de « réparer » la faute commise avec Jodie il y a 15 ans par la foi et l’abstinence), de châtiment (la maladie fatale de Jill vécu comme un châtiment pour Sam pour expier sa faute) avec à la clé la mort comme châtiment fatal.
Une écriture et un découpage très cinématographiques pour ce roman choral où chaque chapitre fait écho à l’autre. Mais un fil narratif et un style déroutants car il n’y a pas de personnage central, donc pas de narrateur unique et donc de fil naratif, et ces courts chapitres et sous-chapitres se terminant ou commençant par des phrases incomplètes ponctuées de points de suspension peuvent parfois gêner mais surtout lasser. Ce fut mon cas.
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