"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Quand Rosa découvre le journal de Marie Curie, commencé à la mort de Pierre son époux, les mots font écho à son propre deuil. Au-delà des époques, les deux femmes vivent la même douleur inextricable face à la perte inconcevable. Leurs voix se mêlent pour raconter la reconstruction. Car la vie est si puissante que dès les premiers moments de la peine elle vous permet de savourer des instants de joie.
Livre croisé entre l’autrice Rosa Montero et le journal intime de Marie Curie.
100 ans séparent la même douleur : perdre l’être aimé
C’est en rédigeant la préface du journal intime de Marie Curie que l’autrice trouve les mots pour son propre deuil.
On en apprend beaucoup sur Marie Curie et sa pugnacité, beaucoup d’anecdotes :
- pourquoi la Reine Elizabeth I avait une épouvantable calvitie,
- Marie Curie fut la première femme à enseigner à l’université,
- comment elle protège la réserve française de radium pour pas qu’elle tombe dans les mains des Allemands en 1914,
- la taille des annulaires,
- et tellement d’autres …
C’est avant tout un livre plein d’amour, écrit avec une écriture tellement pudique et touchante.
Si Rosa Montero n’avait pas été journaliste ni autrice, elle aurait sûrement pu être architecte, car à travers ce texte, elle crée des ponts entre la vie de Marie Curie et la sienne. Elle raconte leurs chemins croisés ponctués d’amour, de culpabilité, de devoir et de réussite. Toutes deux ont perdu l’homme de leur vie et ont dû apprendre à vivre avec (ou plutôt sans).
Ce texte à la fois riche et enrichissant conte le destin fascinant mais trop souvent méconnu de Marie Curie. On y découvre une femme ébranlée par la société machiste de son époque qui tente de l’effacer pour mieux l’empêcher de briller. On réfléchit également au sens de la vie que l’on perçoit à travers le prisme de la mort. Si c’est une réelle introspection pour Rosa Montero, ce sera également pour vous une puissante remise en question. Car dans ces récits entrelacés, intimes mais pudiques, on assiste à un véritable combat entre la vie et la mort. Mais à la fin de l’histoire, c’est toujours la vie qui triomphe…
@lecturesauhasard
Coup de cœur et – chez moi c’est souvent lié – coup au cœur. Rien que le titre… On y ressent toute l’incrédulité, le déni, la détresse face à la mort de l’être aimé.
En l’occurrence, le point de départ de ce livre est la réédition du journal de Marie Curie, qu’elle a tenu après la mort de son époux, Pierre Curie. L’éditrice de Rosa Montero lui a demandé d’en écrire la préface, dans un moment où celle-ci ne s’était pas encore remise du décès de son mari après une longue maladie. Rosa Montero, plongée dans cette douleur depuis quatre ans, n’arrive plus à écrire. Mais le journal de Marie Curie, d’effet miroir en coïncidences, va l’entraîner dans un flot d’émotions et d’interrogations sur la mort et le deuil mais aussi l’amour, la vie, la culpabilité, le devoir, la science, les relations hommes-femmes, le pouvoir des mots et de l’imagination. Elle reprend alors la plume et retrace le parcours hors du commun de Marie Curie, une femme brillante et courageuse, souvent bridée par le sexisme de son époque. Elle raconte son amour indéfectible pour Pierre, qui le lui rend bien, et du deuil insurmontable qui la frappe quand celui-ci meurt absurdement, renversé par une carriole. Mais ce livre est bien plus qu’une biographie, parce que Rosa Montero nous parle aussi de sa propre histoire, de la perte terrible qu’elle subit à la mort de Pablo, de ses propres étapes de deuil (qui ne correspondent pas forcément à celles que ses amis ou les bouquins de développement personnel expliquent en théorie), des souvenirs qui ne s’effacent jamais mais qui, avec le temps, font doucement une place à la légèreté, à la joie de vivre, même si “dans ma tête, il est tout entier“.
Dans ce parallélisme entre les deuils subis par Rosa Montero et Marie Curie, ce livre vogue donc entre les souvenirs personnels de la première et la biographie d’une scientifique exceptionnelle. Loin de larmoyer sur son sort, l’auteure ne reste pas coincée dans sa douleur, elle avance, désormais bien consciente de la mortalité de l’être humain et de la brièveté de la vie dont, par conséquent, il faut s’efforcer de jouir avant qu’il soit trop tard.
Ce livre génial, bourré de réflexions magnifiques sur la vie, la place des femmes, la douleur, respire l’authenticité : dans son propos, Rosa Montero est désarmante de simplicité, de sincérité, de fougue et de tendresse. Pour elle, l’écriture est vitale : “un satané enfer, parce qu’en perdant l’écriture, j’avais perdu le lien avec la vie“. Ou encore : “Pour vivre, nous devons nous raconter. Nous sommes un produit de notre imagination“. Quand un écrivain (se) raconte avec une écriture qui vient du cœur, moi c’est là que ça me touche.
Ce livre n’est pas un roman mais plutôt un récit qui a pour point de départ la rédaction par l’auteure d’une préface à la publication d’un journal intime de Marie Curie, rédigé durant l’année qui a suivi la mort de son mari, Pierre Curie. L’auteure, elle-même veuve depuis quelques années, prend appui sur la vie si particulière de la scientifique pour donner son point de vue sur le deuil et sur l’amour.
J’ai beaucoup aimé certains passages de l’auteure, notamment au tout début du livre et j’ai aussi apprécié de découvrir la vie de Marie Curie que je ne connaissais pas.
Malheureusement, un détail a parasité ma lecture au point de la gâcher presque entièrement. Le texte est ponctué de # dont je n’ai pas compris l’intérêt et qui m’ont même paru entraver le récit et des idées fortes de l’auteur. Comme pour condenser une pensée qu’on a au contraire envie de voir s’étendre. Chacun de ces hashtags a été une véritable source de frustration pour moi et j’avais même envie de sauter les phrases qui les contenaient. Une sorte d’allergie… Peut-être due à mon grand âge?
En tous cas, si une pétition voit le jour pour une réédition épurée de ces #, #jesigneraisanshésiter.
Marie Curie fait partie des mythes féminins. A une époque où la France était pays avec une société patriarcale, misogyne et raciste, les réalisations de cette immigrée polonaise constituent une réussite exceptionnelle. Marie et Pierre Curie ont travaillé pendant des années ensemble et se sont toujours soutenus dans les épreuves, chacun reconnaissant ce que l’autre lui apportait.
Elle n’a que 38 ans lorsque l’amour de sa vie décède tragiquement d’un accident : Pierre se fait écraser par une calèche.
Rosa Montero, fascinée par la vie de cette femme d’entre deux siècles, décide d’écrire une courte biographie dans laquelle elle souhaite se projeter. Elle a de nombreux points commun avec Marie Curie, et notamment celui d’avoir perdu son âme soeur, Pablo, à un âge « trop » jeune.
« L’envie d’utiliser sa vie comme un mètre étalon pour comprendre la mienne. » (page 17)
Dans ce livre qui peut être considéré comme un essai autobiographique et biographique, Rosa Montero écrit des pages très intéressantes et très profondes sur le deuil et l’écriture. Mais elle écrit également d’autres passages d’une qualité douteuse, en développant des clichés sur plusieurs pages. Elle est réellement capable du meilleur comme du pire, le pire étant notamment atteint lorsqu’elle cite le présentateur TV français Arthur pour parler du mariage… Et que dire de son obsession pour les hashtags, qu’elle tartine à longueur de page ?!
Malgré un style qui était donc très loin de me plaire, j’ai réussi à aller jusqu’au bout de cet essai car le sujet est tout de même intéressant. Marie Curie est en effet une femme d’une lucidité incroyable sur ses propres capacités et d’une intelligence hors-norme : elle a conscience de ses dons, de son potentiel et l’assume. De ce point de vue, j’ai fait des liens avec la vision que Simone de Beauvoir a d’elle-même et de son potentiel dans Mémoires d’une jeune fille rangée.
J’ai regretté que la structure de cet essai soit aussi « scolaire » : Rosa Montero cite régulièrement Marie Curie (par un extrait de lettre ou de journal intime), qu’elle analyse ensuite (de façon peu convaincante) et qu’elle compare enfin avec son propre vécu. Cette structure répétée tout au long du livre est plutôt lassante et joue en défaveur de Rosa Montero. En effet, les mots de Marie Curie étant très touchants et très fins, ceux de l’écrivaine espagnole apparaissent encore plus grossiers par comparaison. Je dois toutefois reconnaître que l’écriture de Montero devient lumineuse lorsqu’elle arrête de raconter des banalités et des généralités et qu’elle parle de sa relation avec Pablo. Je crois n’avoir encore jamais lu un livre aussi inégal ! En effet, à certains moments, Rosa Montero arrive à toucher la vérité.
« la littérature fait de nous une partie du tout et, dans le tout, la douleur individuelle semble faire un peu moins mal. […] l’art parvient à transformer cette douleur laide et sale en quelque chose de beau. Je partage une nuit déchirante et, en le faisant, j’arrache des étincelles de lumière à l’obscurité. […] Les êtres humains se défendent de la douleur insensée en l’ornant de la sagesse de la beauté. » (p.115)
Difficile de savoir si ce livre est à conseiller ou non ! La beauté de certaines pages me pousse tout de même à le recommander…
Il existe véritablement de la beauté et une force consolatrice dans les mots de Rosa Montero. La vie passe par les mots.
Car rien n'est plus exigeant et délicat que de savoir achever une histoire commune quand celui ou celle qui meurt emporte une partie de nous mêmes.
Pychologue de formation et journaliste, Rosa Montero écrit un ouvrage original qui superpose en filigrane son témoignage à la biographie de Manya Sklodowska-Marie Curie.
La trame du roman repose sur des extraits de son journal tenu pendant une année à la suite de la mort brutale de Pierre Curie en 1906 et des mots-cléfs qui sont des ponts entre nos existences individuelles passées, présentes et à venir.
L'auteure écrit sa douleur de la perte de son compagnon et à travers la vie courageuse de Marie Curie, de l'enfant à la vieille femme, elle nous invite à dépasser les injonctions "Faire ce qu'il faut" qui polluent nos trajectoires ; A trouver au bout du chemin une forme de légèreté qui donne sens à la vie. Sur le sujet difficile de la mort, l'auteure déplore l'abandon des rites "Mourir est une partie de la vie, pas de la mort : il faut vivre la mort (Iona Heath) " et dénonce ceux qui renvoient la mort à une maladie à laquelle nous nous devons de nous rétablir alors qu'il s'agit de nous réinventer" la peine est pure et sacrée, et jusque dans la mort il peut y avoir de la beauté, si nous savons la vivre."
De nombreuses citations et textes jalonnent également cet ouvrage qui aborde des thèmes aussi vastes que les relations entre les hommes et les femmes, la place de la femme, le vieillissement ou encore le pouvoir du langage et de la littérature"la littérature comme toute forme d'art,est l'aveu que la vie ne suffit pas" (Fernando Pessoa) sans oublier pour terminer la sublime phrase de John Lenon " la vie c'est ce qui se passe pendant que nous sommes occupés à autre chose".
Voici un texte étrange, entre le récit de la vie de Marie Curie et les mémoires de l’écrivain à propos de la mort de son époux. Une lecture qui parle du deuil.
#Coïncidences, comme aurait dit l’auteure, je lis ce texte le jour de l’anniversaire de la mort de mon père il y a 15 ans. Un très beau texte qui forcément résonne en moi.
Mais l’auteure nous parle aussi de la place des femmes dans la société, celle du temps de Marie et la notre. De l’importance du #FaireCeQu’IlFaut qui nous plombe un peu la vie, il faut avouer.
Mais aussi de la #FaiblesseDesHommes et de l’importance des #Mots.
Un texte puissant, et un livre-hérisson.
L’image que je retiendrai :
Celle de Marie Curie qui, une fois en France et absorbée par son travail se nourrissait très peu (quelques radis ou quelques fraises).
Quelques citations :
« Pour vivre, nous devons nous raconter. Nous sommes un produit de notre imagination. Notre mémoire est en réalité une invention, un conte que nous réécrivons un peu tous les jours (…). Ce qui veut dire que notre identité, elle aussi, est fictionnelle, étant donné qu’elle se fonde sur la mémoire. » (p.101)
« Je ne crois pas qu’on puisse exprimer ça mieux. La vie salit. » (p.161)
« Il y a longtemps déjà, Einstein a dit que le temps et l’espace étaient courbes, mais nous continuons à vivre les minutes comme une séquence (et une conséquence) inexorable. » (p.167)
http://alexmotamots.fr/?p=1557
Un joli titre pour un drôle de petit livre assez inclassable.
Quand on lui demande d'écrire la préface d'une biographie de Marie Curie, Rosa Montero, veuve, établit un rapprochement entre son veuvage et celui de Marie Curie : une douleur incommensurable qui l'empêche de vivre.
Cependant, malgré sa douleur, Marie continue ses travaux sans relâche, obstinée, volontaire, irradiée et affaiblie.
Le rapprochement entre la vie de Rosa Montero et celle de Marie Curie donne lieu à une analyse intéressante et pleine d'humour de la vie conjugale (!) et du deuil.
Je comprends parfaitement que ce point de vue puisse passionner, quant à moi, j'ai été plus sensible aux passages traitant du couple Curie, un couple hors norme et très attachant.
Pourquoi n'y a t il toujours pas de 1/2 étoiles ? J'aurais mis 3 1/2...
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