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Roger Martin a vécu l'histoire qu'il raconte. Cette histoire l'a marqué pour la vie. En 1962, il a 12 ans. Dans la villa voisine de celle occupée par sa famille, le commandant Joseph Kubasiak est sauvagement assassiné par l'OAS. Motif : la vengeance. Au moment du fameux « putsch » d'Alger d'avril 1961, il avait en effet refusé d'obéir à ses supérieurs putschistes, contribuant ainsi à l'échec du coup d'état d'extrême droite. Les dizaines de milliers de nostalgiques de l'Algérie française ont plutôt bien accueilli son assassinat. Sa mémoire a ensuite été systématiquement salie. Ses assassins, en revanche, ont été vite amnistiés. L'un d'eux a même reçu la Légion d'Honneur...
Parti d’un souvenir d’enfance, Roger Martin a enquêté pour reconstituer la trame de ce qui s’est passé à Blida, en 1961.
Quand son voisin est assassiné et que des cris transpercent le silence d’un dimanche matin ensoleillé, cela vous marque forcément. Nous sommes le 24 juin 1962, à Aix-en-Provence. L’auteur n’oubliera jamais ces moments ni la réflexion d’un camarade plus âgé : « Ils l’ont poignardé et achevé au pistolet, ces bâtards, ces fascistes… »
« Le commandant est mort »,lui a dit simplement son père et lui revient alors toute l’ambiance de cette époque. Il n’a que 12 ans, adore lire, mais cet événement lui fait connaître la peur. Des manifestations pour la paix en Algérie sont organisées mais l’on parle aussi « d’arracher le chiendent. »
Comme Émile Zola et Paul Cézanne, Roger Martin est élève au Lycée Mignet, ex-collège Bourbon. Il se souvient de ces tracts « Algérie française » distribués à la sortie de ce lycée où beaucoup d’élèves étaient politisés.
51 ans après, Roger Martin a 63 ans et revient sur l’assassinat du commandant K. Il sait que le chef du commando est devenu le Monsieur Sécurité de la ville de Nice et que son bras droit a même été décoré de la Légion d’honneur… mais il veut savoir ce qui s’est passé à Blida et nous voilà, à 50 km d’Alger, le 20 avril 1961 où les appelés du contingent se sont mobilisés, comme partout en Algérie, pour ne pas suivre les généraux putschistes.
Le colonel commandant la base ayant disparu, c’est le commandant Joseph Kubasiak qui a pris ses responsabilités, résistant avec un immense courage à la pression de ses supérieurs et à la présence très intimidante des paras. Pour récompense, le commandant K. sera mis un mois aux arrêts de rigueur « pour prise illégale de commandement ».
"L’honneur perdu du commandant K". est un récit bref, précis, tellement important dans une période où tout se mélange, où les mécontentements les plus basiques laissent craindre des votes en faveur de l’extrême-droite alors que nous savons tous que « le sang sèche vite en entrant dans l’Histoire », comme le chante Jean Ferrat.
Chronique à retrouver sur : http://notre-jardin-des-livres.over-blog.com/
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