"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Devenue subitement l'héroïne d'un fait divers à sensation, une jeune femme paisible voit son intimité et sa réputation livrées en pâture à ses concitoyens et fait du même coup la découverte de l'injustice et l'apprentissage de la révolte.
Un récit haletant.
Un film admirable dans l'adaptation de Volker Schlöndorff.
L’honneur perdu de Katharina Blum – Heinrich Boll
Le roman retrace la métamorphose, durant les cinq jours du carnaval (entre le 20 et le 25 février 1974) d’une jeune femme respectable, gouvernante de maison, jugée prude par ses amis et une perle par ses employeurs, en criminelle.
Femme sans histoire, elle abat à coups de revolver le journaliste Werner Torges, qu’auparavant elle n’avait jamais vu.
Si comme Colombo, il fait état directement du meurtre, ce qui n’est pas annoncé et ce qui nous laisse découvrir dans une écriture policière sont les interrogations que souligne le livre. Comment le mensonge, la haine, la violence verbale peuvent-ils engendrer la violence physique ? Comment la violence naît-elle de la violence ?
Le narrateur présente son texte comme un compte rendu de l’affaire Katharina Blum établi à partir de sources principales – les procès-verbaux des interrogatoires et des diverses sources secondaires.
Le texte de 130 pages est rigoureux, objectif et efficace !
A Cologne, pendant la semaine du carnaval de 1974, Katharina Blum, une jeune divorcée rencontre, dans une fête chez sa marraine, un jeune homme, Ludwig Götten, avec qui elle passe la nuit, et qui s'en va au petit matin.
Dans la matinée, la police lui rend visite, car Ludwig, un terroriste, était surveillé.
Entendue pendant des heures sur ses relations avec lui, la vie de Katharina est passée au crible, et ... les infos la concernant sont communiquées à la presse.
Le journal, torchon tabloïd, s'empare de l'affaire, la monte en épingle, stigmatise la liberté de mœurs de la jeune femme et déformant les propos recueillis auprès de ses proches, de ses employeurs la cloue au pilori.
En 135 pages ciselées, l'auteur décrit minutieusement les différentes composantes de l'affaires, les concours de circonstances qui empêchent un de ses employeurs, avocat, de la défendre efficacement, qui montre comment tous les actes de Katharina sont commentés, déformés, détournés ...
Et comment peu à peu, en cinq petites journées, sa vie est tourneboulée, et elle perd pied et tue le journaliste qui l'avait prise pour cible ...
Même si certains des thèmes abordés : la puissance néfaste d'une certaine presse, ancêtre des programmes à scandale et autres diffuseurs de fake news d'aujourd'hui, j'ai trouvé ce roman mais que j'ai trouvé un peu long, ampoulé et daté alors qu'il m'avait passionnée lorsque je l'ai lu à sa sortie en 1975.
« Comment peut naître la violence et où elle peut conduire » tel est le sous-titre de ce roman.
Un sous titre qui, d'emblée, invite à considérer l'ouvrage comme une réflexion sur les causes de la violence et ses possibles conséquences .
De quelle violence s'agit-il ? De celle qu'a commise Katarina Blüm en tuant celui qui lui a fait perdre son honneur: un journaliste de la presse de caniveau .
Les faits sont les suivants : Katarina, employée de maison modèle, femme courageuse, discrète et rangée a passé la soirée et la nuit avec un homme dont elle ignorait qu'il était recherché par la police , lequel s'est enfui au petit matin. Lorsque la police prend d'assaut l'appartement de Katarina où il avait été repéré, les journalistes de la presse à sensation sont présents et prennent des photos de cette femme que la police arrête pour l'interroger.
Suite à une campagne de presse infamante basée sur une succession d'articles tendancieux déformant les propos de ses proches, elle va apparaître en quelques jours aux yeux du public comme une dangereuse terroriste, S'ensuit pour elle un véritable enfer médiatique .
Son honneur de femme irréprochable est perdu. Elle tire sur le journaliste responsable de l'indignité à laquelle elle se voit réduite et le tue.
Ce court roman se présente comme un compte rendu de l'affaire .
58 épisodes qui s'attachent à présenter toutes les étapes d'une enquête qui touche des personnes appartenant à différentes classes sociales, tant bourgeoises et installées que plus modestes .
Ses sources principales en sont indiquées dès les premières lignes : les procès verbaux des interrogatoires de la police, complétés par les déclarations du procureur et de l'avocat.
Son écriture est le plus souvent cele du constat, froid et sec et s'apparente à celle du repartage. Ne vous attendez pas à des effets de style, vous seriez déçus …..
Pourtant cet ouvrage n'est pas la relation d'un fait réel .
Heinrich Böll précise bien en avant propos que c'est un roman « l'action et les personnages de ce récit sont imaginaires. » malgré l'evacation de pratiques journalistiques rappelant celles du journal BILD .
Il faut dire que Heinrich Böll en avait été lui-même victime lorsque 2 ans plus tôt, il avait dénoncé les mensonges que publiait ce journal à sensation à propos des membres de la Bande à Baader, mensonges qui entretenaient un climat d'insécurité malsaine en Allemagne . Devenu la cible des calomnies du journal, il va y répondre par cette œuvre de fiction qui met en lumière les méthodes de la presse à scandale .
Dans la tradition de l’intellectuel engagé intervenant ds le débat public, Heinrich Böll nous livre ici un roman engagé, polémique, présentant un état de la société allemande dans les années 70, véritable réquisitoire contre la presse de caniveau .
Le roman reste, 25 ans après sa publication, bigrement actuel !
Il prend une nouvelle dimension à l'heure de Facebook et autres réseaux sociaux qui favorisent désinformation et campagnes de harcèlement . Ces plates-formes d'échanges prolongent et renforcent les effets délétères d'une certaine presse qui continue à prospérer sur le terreau de la curiosité malsaine et avide de sensationnel .
Puisse la lecture du roman réveiller nos consciences !
L'auteur dénonce la presse à scandale de manière virulente tout en restant subtil. L'écriture est parfaitement maîtrisée. Mais l'histoire est ennuyeuse à mourir et les pages lourdes à tourner.
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