Après avoir établi une liste de trente romans le 20 mars dernier, le jury du Prix Orange du Livre s'est à nouveau réuni ce lundi 28 avril pour sélectionner les cinq finalistes.
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Après avoir établi une liste de trente romans le 20 mars dernier, le jury du Prix Orange du Livre s'est à nouveau réuni ce lundi 28 avril pour sélectionner les cinq finalistes.
Cinq romans sont en lice pour le Prix Orange du Livre 2014. Cinq romans sélectionnés par le jury pour leurs indéniables qualités littéraires. Cinq romans soumis au vote des internautes pour déterminer qui sera le lauréat de cette 6e édition. Mais qui se cache derrière ces pages, cette plume, cette verve ? Comment ont réagi les auteurs à l'annonce de leur nomination ? Hubert Mingarelli, Lola Lafon, Marc Lambron et Maylis de Kerangal ont accepté de répondre à quelques questions.
Japon 1946. Après la terrible bataille de Peleliu. Un soldat rescapé de l’effondrement d’un tunnel que des centaines d’hommes creusaient dans la roche jaune et sèche. Une obscurité pendant des mois. Et puis le bombardement américain. Fatal. Seul Hisao Kikuchi en réchappe. Il va réussir à s’échapper et prendre un train pour Aomori puis le bateau. Son but est de rejoindre Shigeko, sa fiancée sur l’île d’Hokkaido. Il ne l’a jamais vue. Ils n’ont échangé que des lettres. Hisao se raccroche à ce mirage d’amour par-delà des brumes lointaines. Il a dans sa valise le précieux cadeau de mariage, un œuf en jade enveloppé dans un caleçon en laine. Mais Hisao va profiter d’un arrêt pour descendre boire quelques gouttes d’eau,
« Hisao Kikuchi s’était couché sur le côté et ouvrait la bouche sous la pierre d’où l’eau gouttait. Sans doute un reste de rosée que la mousse avait gardée… »
Et le train et la valise vont repartir sans lui. Nous le suivrons le long des rails et des routes, dans ce Japon occupé par l’armée américaine ironique, victorieuse, sûre de son bon droit d’occupante… Hisao rencontrera d’autres soldats japonais qui tairont les horreurs vécues, portant au profond d’eux-mêmes des secrets qui les hantent, errant dans un pays ruiné et défait , où la misère fait rage mais où les paysages sont toujours aussi beaux. A part creuser la roche, Hisao n’a rien vu de la guerre.
« Mais qu’est-ce que c’était l’ennemi ? Un train fonçant à toute allure sur la montagne. De l’acier assourdissant, des coups sourds. C’était ça l’ennemi. Ça ne voulait rien dire. »
Hubert Mingarelli est un des auteurs les plus fabuleux qui soit quant à décortiquer sans marquer le trait, l’histoire des hommes traumatisés suite à un choc, victimes d’obsessions et perdus dans les limbes et les lambeaux de ce que la guerre a pu faire d’eux, de ce que l’après-guerre laisse d’eux. Il entre dans leur monde et dévoile la quête humaine, le chemin à parcourir et de la petite histoire, la grande Histoire… (‘Quatre soldats’ ; ‘Sur la route de BeitZera’).
Hubert Mingarelli est un conteur talentueux. Il a une écriture limpide et forte. Dépouillée mais pleine de grâce. Chaque court paragraphe donne une impulsion nouvelle comme le sang tape dans les artères en nous rappelant qu’on s’accroche toujours à la vie. Comme des ongles peuvent se briser sur la roche pour revoir le soleil. Survivre. Puis vivre enfin… Ses phrases entortillent le lecteur, le capture, le captive du début à la fin.
Hisao pleure la nuit. Hisao cauchemarde. Hisao est un bon garçon, honnête empli de gentillesse, d’innocence, de crédulité. Hisao finira par vivre avec une maladie qui est celle de l’obsession de l’eau. De ne jamais en manquer. De boire jusqu’à plus soif car le manque d’eau mène à la mort. Il le sait. C’est son ultime crainte, sa peur. La bouche séchée par l’ocre d’une poussière épaisse. Ne plus avoir d’eau… Sa frayeur jusqu’à en perdre la raison. Plus que le souvenir de son frère d’armes, chanteur, retrouvé mort dans les décombres, assoiffé. Plus que sa bien-aimée. L’eau est la survie. Ensuite l’air. Car il a fallu cette faille enfin, suite à un autre bombardement pour que l’air puisse entrer dans le tunnel écroulé et jonché de cadavres à l’odeur nauséabonde. La lumière. Le soleil d’abord aveuglant. Puis ce souvenir d’une chanson de son ami Takeshi dont les paroles portaient sur deux bougies cachées sous des pierres. Ces bougies toutes consumées dans le tunnel noir de la mort… Ce feu vital… Quête aveugle de la lumière…
La plume de Mingarelli est comme un balancier cherchant une vérité entre certitude et incertitude. Ne la trouvant jamais. Toujours éloignée comme un but à atteindre et formant ainsi le chemin à parcourir pour l’homme funambule qui inéluctablement se heurte aux quatre éléments vitaux sans lesquels toute vie trouverait le néant. Et puis le chagrin, la culpabilité et cette question inhérente…
« —Je pleure sur la bataille, et sur Takeshi. Je ne sais pas où il est. Ses os sont restés là-bas dans la montagne, mais lui où est-il ? Je ne comprends pas. Ce n’était pas que des os, il chantait, c’était Takeshi. Je suis là, mais lui, où est-il ? Elle restait silencieuse. (…) — Où vont les âmes, madame Taïmaki ? »
La facture de cet auteur réunit la psychologie de l’émotion humaine meurtrie traversant l’Histoire et les pays étrangers tout en étant ourlé de poésie, festonné d’une philosophie humaniste, et cousu par une écriture solide et délicate. H. Mingarelli excelle dans ce domaine portraitiste de la souffrance humaine dû à l’injustice d’un monde déraisonné.
C’est l’écrivain Christian Guay-Poliquin (auteur du roman ‘Le poids de la neige’) qui m’a fait découvrir Hubert Mingarelli et je ne l’en remercierai jamais assez… Comme lui, je prends un livre de temps en temps car les romans de Monsieur Mingareli savent se faire désirer sur les étagères. Une grande joie qu’en cette RENTREE LITTERAIRE 2019, sorte un nouveau livre de lui: « La Terre invisible ».
Dire qu’il a du talent, dire que je suis fan de son œuvre est d’une telle platitude ! Hubert Mingarelli est un de mes auteurs préférés, classé dans la bonbonnière caviar de ma bibliothèque.
En 1946, dans les décombres d'un Japon exsangue, Hisao récemment démobilisé, tente de rejoindre Aomori où se trouve la femme qu'il va épouser.
La soif obsédante qui le fait souffrir depuis qu'il a été quasi enterré vivant par les bombardements lui a fait perdre la tête et le train est parti avec sa valise alors qu'il s'abreuvait dans une flaque d'eau. Il marche le long des routes creusées de trous d'obus en pleurant son ami Takeshi qui n'a pas eu la chance de survivre à leur ensevelissement.
Sur ce même thème, Akira Yoshimura raconte la fuite d'un soldat dans un Japon également exsangue dans La guerre des jours lointains : j'ai trop peu lu de littérature japonaise pour avoir un avis pertinent sur l'écriture japonaise, mais ce qui m'a frappé dans ce petit roman d'Hubert Mingarelli, c'est que j'ai eu l'impression étonnante de lire un livre traduit du japonais !
L'écriture, sobre à l'extrême, la subtilité des sentiments à peine effleurés, la poésie, tout dans ce court texte, m'a fait penser à un auteur japonais, ce qui tend à prouver que l'écriture d'un bon écrivain est protéiforme.
J'ai bien aimé cette épopée d'un homme fuyant ses cauchemars vers un avenir plein d'espoir.
Terré dans les montagnes japonaises avec son ami Takeshi afin de se protéger des bombardements américains, Hisao souffre affreusement de la soif. Au sein de la montagne, les deux hommes se croyaient « protégés des ombres ». Pourtant, la poussière et l’obscurité auront raison d’eux. Takeschi y laissera la vie. Pour Hisao, il s’agira de fuir les ténèbres, de retrouver la lumière, la vie, les autres. Démobilisé, mais hanté par la figure de son double, il part rejoindre sa future épouse – qu’il ne connaît pas encore –, avec pour tout bagage un œuf de jade en guise de cadeau de mariage.
Mais le train s’arrête et taraudé par une soif intense, le jeune homme en descend à la vue d’un robinet extérieur. Le train repart sans le jeune homme en emportant sa valise, sa vie, ses rêves.
Et Hisao court derrière le train. Il court derrière une promesse et au-devant des cauchemars qui l’oppressent. De gares en rencontres, il touchera au but sans parvenir à conjurer ses traumatismes.
Ce magnifique roman pourrait emprunter le titre d’un livre de John Irwing : « L’épopée du buveur d’eau », car c’est à une véritable épopée que va se livrer ce pauvre soldat.
Le thème est grave, mais le texte est à la fois léger et puissant, poétique et joyeux.
Un court roman plein de poésie. L'auteur nous invite au voyage dans le Japon d'après-guerre entre quête et fuite. Une narration subtilement distanciée des graves sujets traités ici, dans un style qui m'a évoqué celui d'Haruki Murakami. Original.
Ce livre m'a intéressée parce qu'il parle d'un sujet peu abordé de cette manière: le Japon, après sa défaite et l'occupation américaine vu par un soldat démobilisé qui veut porter un bijou à sa future épouse mais dont le voyage est perturbé par la maladie du héros: il a toujours atrocement soif et est descendu du train pour s'abreuver; malheureusement le train repart sans lui mais avec la valise qui contient le précieux cadeau...Je connaissais déjà l'auteur et n'ai pas été déçue.
L’homme qui avait soif est un roman qui se passe en 1946, après la bataille de Peleliu entre le Japon et les Etats-Unis, bataille du Pacifique se soldant par la victoire américaine.
Le fil directeur du livre est le voyage qu’entreprend le soldat japonais Hisao Kikuchi pour rejoindre sa fiancée au Nord du Japon, sur Hokkaido et lui apporter un œuf de jade, son cadeau de mariage.
Ce livre possède un côté irréel, qui donne l’impression que l’histoire se déroule en dehors du temps, que les personnages ne sont pas vraiment là, qu’ils sont de passage, qu’ils flottent.
Comme Hisao qui mélange le cauchemar de la guerre et la réalité, on se demande parfois si l’on n’est pas en train de lire un songe ou une fable.
La lecture de ce livre n’a pas été désagréable, grâce à la poésie du style, mais cette incertitude, ce flottement m'a empêchée d’entrer dans le livre, de m’intéresser aux personnages, et de suivre avec intérêt le trajet et les rencontres d’Hisao.
Il est tel un arbre mort entièrement asséché, tenaillé par une soif qu'il n'arrive pas à assouvir.
Cet homme est Hisao, un ancien soldat japonais rescapé de la bataille de Peleliu. Son ami Takeshi est mort. Ensemble, ils creusaient jour et nuit la montagne, couverts de poussière et de cendres, étouffés par le silence et l'obscurité. Hanté par ses rêves et le rire du soldat étranger dont les balles ne l'ont pas atteint, Hisao part rejoindre Shigeko. Shigeko est la femme aimée mais inconnue qui lui écrit des lettres sous forme de poèmes. Il emporte avec lui une valise qui contient précieusement l'oeuf de jade qui lui est destiné. Contraint à descendre du train pour étancher sa soif à une fontaine, Hisao voit le train partir avec la valise. S'ensuit alors une course pour la retrouver, son honneur est en jeu. Dans le même temps, il ne cesse de penser à son ami Takeshi resté là-bas sous la montagne effondrée ; Aux chansons que son ami avait le don de composer pour éloigner la peur. De ville en gare, Hisao côtoie la dure réalité des séquelles de la guerre : le désoeuvrement de vétérans laissés pour compte avec qui il partage des moments de forte solidarité silencieuse, le courage bourru mais tendre d'un homme en charge d'un jeune orphelin, la dignité implorante d'une femme au visage brûlé. A chaque rencontre, Hisao se reconstruit humainement. Au gré du vent, il se remplit de la force "des feuilles qui tombent comme pluie" comme cette feuille d'orme conservée dans sa poche et qui volera vers la mer.
Poétique, troublant et mystérieusement envoûtant.
Je viens de terminer L’homme qui avait soif, le dernier roman d’Hubert Mingarelli mais je reste sur ma faim. Roman à la lecture rapide, j’aurais aimé davantage de péripéties, à la manière de Murakami, à qui j’ai un peu pensé lors de cette découverte.
Le roman débute en 1946, au Japon. Hisao, un rescapé de la guerre avec les Etats-Unis, part rejoindre sa fiancée avec laquelle il a échangé des lettres mais qu’il n’a jamais vue. Le train dans lequel il se trouve s’arrête et Hisao en profite pour rassasier sa soif. Lorsque le train repart, c’est plus fort que lui, il ne peut cesser de s’abreuver et laisse alors le train poursuivre sa route, sans lui.
L’homme qui avait soif, c’est Hisao, désespéré par la soif insatiable qui le tenaille puis la guerre. Cette soif le hante dangereusement mais d’autres souvenirs également, comme son amitié avec Takeshi rencontré lors de la guerre.
En parcourant les courts chapitres de ce sombre roman, le lecteur suit Hisao comme son ombre, à la poursuite du train dans lequel se trouve sa valise contenant le cadeau pour la fiancée, un œuf de jade. Bien entendu, en chemin, plusieurs rencontres vont avoir lieu, de belles rencontres mais pas uniquement… Parallèlement à cette course derrière le train, les souvenirs de la guerre remontent dans la conscience d’Hisao.
Ce que j’ai aimé, c’est l’impression de cheminer auprès de ce beau personnage meurtri mais vivant, enfermé dans ses obsessions tout en essayant d’y échapper. Le roman avance comme Hisao, au gré de sa progression, sans que nous soyons en avance sur lui. A la fin, les chapitres qui évoquent le conflit sont très oppressants, avec un aspect historique puisque Hubert Mingarelli a choisi de placer son personnage au cœur de la bataille de Peleliu, une des plus meurtrières du conflit opposant le Japon aux Etats-Unis.
C’est la première fois que je lisais cet auteur réputé, sans doute en espérais-je un peu trop ? Peut-être que je ne suis pas tombé sur un de ses meilleurs livres ? Toujours est-il que ce livre m’a un peu déçu même s’il n’est pas dénué de qualités.
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