"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Dans un pays imaginaire, qui ressemble à s'y méprendre à l'Amérique du Sud, un enfant, Pedro, naît avec un glaïeul sur le pubis. Pendant 3 ans, le Docteur Montoyas va enquêter sur le sujet. Malgré de nombreuses lectures, des correspondances avec les plus éminents médecins du pays et les biologistes les plus renommés, Montoyas n'arrive toujours pas à expliquer scientifiquement comment une fleur avec des racines, identique en tout point à celles qui poussent en terre, prospère sur un milieu aussi peu propice que la chair d'un garçon et, qui plus est, en se passant de lumière.
Le temps passe. Plus l'enfant grandit, conscient de sa malformation, plus il se coupe du monde et se promet une destinée exceptionnelle, jusqu'au jour où son génome est décodé et exploité. Et si Pedro n'était pas le seul humain-végétal ?
À la limite du roman d'anticipation et de la fable contemporaine, L'Homme-glaïeul est une belle, profonde et originale réflexion sur l'évolution de l'espèce humaine.
Avec ce roman, je découvre un nouvel auteur, Laurent Pinori. Connaissant bien la qualité des parutions des éditions du 38, je savais que ce roman allait m’intéresser. Cette maison d’édition est une valeur sûre pour moi. Et même si je ne lis plus beaucoup de fantaisie, j’ai été captivée par le résumé et le sujet proposé et j'avais très envie de savoir ce que l'auteur avait pu faire avec.
Nina est mère célibataire et enceinte de son premier enfant. L'accouchement se passe bien, elle met au monde un petit garçon, Pedro. Le docteur qui l'a accouchée va vite se rendre compte d'une anomalie sur le bébé, il a sur le pubis, à côté de son sexe, un glaïeul qui pousse. Et le docteur aura beau l'enlever, il repoussera à chaque fois toujours plus fort. C’est la stupéfaction pour la mère de Pedro et pour le médecin. Bien sûr, personne n’en parle. Le docteur Montoyas va se rendre chez d’imminents confrères pour essayer de trouver les raisons et surtout comment soigner et enlever cette plante. Malheureusement, il ne trouve aucune réponse et Pedro va devoir vivre avec sa difformité. On va le suivre jusqu’à sa vie adulte, son enfance sera compliquée comme on peut se douter, surtout lorsque les autres enfants découvriront son secret. Sa vie adulte se passera mieux, mais les révélations vont arriver et Pedro n'est pas au bout de ses surprises.
J'ai bien aimé suivre ce garçon, on a très vite envie de le prendre sous son aile et de le réconforter. Ce qui lui arrive n'est pas commun et il vit des moments difficiles pour s'accepter, il ne veut plus aller à l’école et on le comprend. Il trouvera du réconfort auprès de certains adultes. Je pensais que ce serait à l’âge adulte qu'il souffrirait le plus, mais en fait, il a su trouver des relations qui ne le descendent pas et sont compréhensives. Il va plutôt baigner dans une ambiance totalement différente. Pedro n'est pas le seul personnage intéressant du roman, il y a aussi sa mère, le docteur Montoyas, et ses amis adultes.
Comme je le disais plus haut, je ne lis plus beaucoup de fantaisie. Ce que j'ai apprécié ici, c’est que le côté fantaisie ne prend pas beaucoup de place. Bien sûr, ce qui arrive à Pedro est complètement irréel, mais l'auteur a eu une façon de l’amener qui a rendu très réaliste cet événement. En lisant, j’étais persuadée que cela pouvait arriver. J'aime beaucoup quand le fantastique se mêle si bien à la réalité qu'on n'arrive plus à le distinguer. Et ce végétal qui reprend la main sur l'humain, c’est quand même un sujet totalement d’actualité, c’est une très belle métaphore. Cette histoire véhiculée ainsi de beaux messages sur l’acceptation de soi, des autres et de leurs différences. Ce glaïeul qui se promène sur le corps de ce jeune garçon peut tout à fait représenter une anomalie, les sentiments sont très bien retranscrits, le regard des autres, son propre regard à soi sur son propre corps. Tout le monde a connu ça, plus ou moins.
L’attachement aux personnages se fait malgré le choix narratif de l’auteur a la troisième personne du singulier. Ce n'est pas mon style de narration préférée, j’aurais parfois aimé savoir ce que ressent Pedro au fond de lui, connaitre un peu plus son ressenti. Mais malgré tout, ça ne m'a pas empêchée de tout bien ressentir, l'auteur décrit bien les sentiments. Les décors et les lieux aussi sont bien dépeints. Le nom des villes est fictif, à part New-York bien sur. Le pays n'est pas nommé, mais d’après les descriptions et les coutumes de vie, tout laisse à penser que l'on se trouve en Amérique du Sud.
La lecture s'est faite rapidement. Le livre est partagé en trois parties, correspondant aux lieux de vie différents de Pedro. Je me suis souvent demandé comment serait la fin, je ne me l'imaginais pas ainsi, et je la trouve réussie. Les chapitres ne sont pas très longs, donnant du rythme à la lecture. Et j'avais tellement envie de savoir ce qui allait se passer, savoir si Pedro allait se débarrasser ou non de son glaïeul et surtout comment, que du coup, un certain petit suspense est mis en place et donne de l'addiction à la lecture. Le style très fluide donne une lecture agréable.
J'ai passé un bon moment de lecture, qui est passé assez vite. Je suis très contente d'avoir fait la découverte de cet auteur. Et en lisant sa biographie, j'ai vu qu'il avait écrit d'autres romans que j'aimerais beaucoup lire. Je note donc cet auteur à suivre.
Je ne peux que vous conseiller cette lecture si vous aimez la fantaisie mais pas que, une histoire humaine avec de belles valeurs.
Il n'y a pas encore de discussion sur ce livre
Soyez le premier à en lancer une !
"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
L'auteur se glisse en reporter discret au sein de sa propre famille pour en dresser un portrait d'une humanité forte et fragile
Au Rwanda, l'itinéraire d'une femme entre rêve d'idéal et souvenirs destructeurs
Participez et tentez votre chance pour gagner des livres !