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James Clarence Mangan (1803-1849), un des représentants les plus brillants de la littérature irlandaise d'expression anglaise, est poète, nouvelliste, essayiste et traducteur. Il traduit des poèmes écrits en langue irlandaise à partir de versions littérales établies par ses contemporains, s'efforçant de retrouver l'esprit des textes d'origine. Il traduit les écrivains allemands, mais aussi français, espagnols, ottomans, hongrois, et les poètes orientaux, persans, turcs, arabes. Mangan peut-il faire croire qu'il connaissait toutes ces langues, auxquelles il convient d'ajouter, entre autres, le suédois, le norvégien, le russe, l'islandais ou le serbe ? À vrai dire, il travaillait à partir d'une traduction du texte d'origine dans une langue qui lui était familière, ou bien donnait libre cours à son imagination, le texte devenant prétexte. Celui qui veut « réaliser l'irréel », n'en est pas à une supercherie près : parodie, pastiche, réécriture, invention pure et simple, multiplication des noms inventés, des pseudonymes et des attributions fantaisistes, autant de procédés utilisés par l'auteur d'une oeuvre chatoyante qui convie son lecteur à un fascinant jeu littéraire où humour étincelant et sensibilité frémissante font un étonnant ménage.
Mangan admirait Vathek (1782), la flamboyante fantasmagorie orientale de William Beckford, les vertigineuses Confessions d'un mangeur d'opium anglais (1821) de Thomas de Quincey, et surtout le puissant roman « gothique » de son contemporain irlandais C.R. Maturin, Melmoth l'homme errant (1820). L'étrange exerçait sur lui une véritable fascination. Rien d'étonnant donc, à ce qu'il ait traduit deux « Études philosophiques » de Balzac.
Il connaissait bien le français : ses traductions ne se sont heurtées à aucun problème de langue ; mais son penchant inné à la « re-création » du texte s'y montre incoercible. Ni « Les trente flacons » ni « L'homme à la cape » (parus tous deux en 1838 dans le Dublin University Magazine), ne sont des supercheries, mais, avec des différences, des adaptations plus que des traductions. Version burlesque de « La peau de chagrin » (1831), « Les trente flacons » s'écarte de son modèle pour s'ancrer dans un monde autonome où se mêlent les obsessions du « traducteur » et son goût pour le grotesque. « L'homme à la cape » relève d'une autre démarche : traduction de « Melmoth réconcilié » (1834), que Balzac avait écrit comme une suite à Melmoth l'homme errant, c'est une sorte d'hommage à Maturin. Mangan décrivait justement Maturin, comme « L'homme à la cape », et il dressera de lui en 1849, dans The Irishman, un portrait où se mêle amusement pour le comportement de l'homme et admiration pour le génie de l'écrivain. Autre signe, et qui ne trompe pas, Mangan choisira le peudonyme de « l 'homme à la cape », pour signer certains de ses écrits. Dans « Melmoth réconcilié », il est en terrain doublement connu, irlandais et fantastique à la fois : on comprend qu'il se montre alors relativement fidèle à l'original.
Mangan était attiré par les ténèbres, le délire, et l'irrationnel en général ; ses adaptations de Balzac ne sont qu'une partie des écrits qu'il a consacrés à l'exploration de l'étrange. Cette première traduction française permettra la comparaison directe avec les originaux. Elle essaie de donner une idée de l'immense talent d'un homme qui plaçait au-dessus de tout la liberté créatrice de l'écrivain.
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