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Jusqu'à un fatal jour de juin 2003, le journaliste Luc H. ignorait tout de ce terme juridique barbare qui allait lui gâcher la vie. Ce jour-là, un vendredi, il reçoit un pli recommandé provenant du cabinet d'un certain maître Pignon. Une grosse enveloppe en papier kraft, qui contient une trentaine de feuillets accompagnés d'une lettre de mise en demeure ainsi rédigée : " Je suis le conseil des assurances Mondinvest, assureur de l'agence de presse Koman. Aux termes d'un jugement rendu par le tribunal civil de Rome, le 6 octobre 1994, vous avez été condamné à rembourser à la société Koman le montant qu'elle a versé en garantie au magazine Perché, suite à l'indemnisation par celui-ci du préjudice de Carlo L. " En bref, Luc est tenu de payer sous huit jours la somme de 172 496,60 euros, dont il ne dispose évidemment pas.
Passé le premier moment d'incrédulité et de panique, il cherche à comprendre quel enchaînement de faits a pu aboutir à cette conclusion hallucinante. C'est alors qu'il se souvient d'un reportage vieux d'une vingtaine d'années, réalisé à l'époque où il débutait. Un grand hebdomadaire parisien l'avait chargé d'une série d'enquêtes ; l'une d'elles l'avait conduit aux Philippines, sur la piste du tourisme sexuel. C'est ainsi qu'il avait rencontré Carlo, un " habitué " de ce genre de pratiques, qui non seulement n'avait manifesté aucune réticence à témoigner, mais avait complaisamment accepté de se faire photographier en compagnie de mineures, espérant accéder à une forme de " célébrité ". Le reportage était paru, puis avait été reproduit à l'insu de Luc dans le magazine italien à gros tirage Perché. Et là, coup de théâtre : le dénommé Carlo, ayant entrevu une possibilité de gain non négligeable, avait attaqué le magazine pour atteinte au droit à l'image, déclenchant une véritable réaction en chaîne. Le magazine s'était retourné contre l'agence de presse Koman qui s'était elle-même retournée contre Luc, condamné par contumace par la justice italienne, suite à une procédure dont il n'avait même pas soupçonné l'existence.
Pour Luc, cette condamnation est un véritable séisme. Son seul espoir réside dans le fait qu'aucun juge français n'accordera l'exequatur permettant d'appliquer une telle décision. C'est sans compter avec un fonctionnaire à la fois négligent et rigoriste. La vie de Luc bascule dans un cauchemar kafkaïen. Au fil des jours, il perd pied, se sentant à la fois trahi par Carlo et floué par une machine administrative aveugle qui n'a de justice que le nom. Lorsque, au bout du rouleau, sa femme finit par se suicider, Luc n'a plus qu'une idée en tête : venger sa mort, se venger de l'injustice qui a détruit son existence.
Mêlant habilement des faits réels à la fiction, le journaliste Marc Boulet signe un premier roman troublant sur l'absurdité du monde juridique et la notion de vengeance, qui n'est pas sans évoquer Le Couperet de Donald Westlake.
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