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L'Etat total selon Carl Schmitt ; ou comment la narration engendre des monstres

Couverture du livre « L'Etat total selon Carl Schmitt ; ou comment la narration engendre des monstres » de Jean-Pierre Faye aux éditions Germina
  • Date de parution :
  • Editeur : Germina
  • EAN : 9782917285442
  • Série : (-)
  • Support : Papier
Résumé:

Jean-Pierre Faye analyse la conférence méconnue de Carl Schmitt : " Économie saine dans un État fort ", tenue le 23 novembre 1932 devant les membres de " L'Union au Long Nom " (ou " Union pour la conservation des intérêts économiques communs en Rhénanie et Westphalie "). Schmitt y énonce la... Voir plus

Jean-Pierre Faye analyse la conférence méconnue de Carl Schmitt : " Économie saine dans un État fort ", tenue le 23 novembre 1932 devant les membres de " L'Union au Long Nom " (ou " Union pour la conservation des intérêts économiques communs en Rhénanie et Westphalie "). Schmitt y énonce la nécessité pour l'Allemagne d'un " État total ", équivalent allemand à ses yeux de " l'État totalitaire " de l'Italie fasciste.
Cette prise de parole aura un effet décisif : trente-cinq représentants de la finance et de l'industrie allemandes, auditeurs de la conférence, adresseront une pétition à Hindenburg, président du Reich. Ils l'inciteront à appeler le " chef du grand mouvement " au poste de chancelier du Reich. Ce " mouvement " est le déjà criminel NSDAP : le Parti national-socialiste ouvrier allemand, le parti " nazi ". Le 30 janvier 33, Hitler sera chancelier. En neuf semaines, la conférence de Schmitt aura eu pour effet d'abattre tous les obstacles à l'avènement du Troisième Reich.
La formule de " l'État total " a donc su transmettre aux temps et aux langages une charge à l'énergie insoupçonnée, porteuse des plus grands crimes. Ainsi est révélée la responsabilité centrale de Schmitt dans la mise en place du nazisme. Ce juriste, qui étrangement apparaît pour beaucoup aujourd'hui comme un penseur politique de référence, n'a d'abord avancé qu'une seule carte d'un jeu mortifère. Mais c'était une carte maîtresse, elle était dangereusement efficace pour faire passer le pire dans l'Histoire.
Il était intéressant de lire en parallèle les " Journaux " de Schmitt et de mesurer l'attention portée par le juriste aux événements, dans les semaines qui précèdent et suivent l'arrivée d'Hitler à la chancellerie du Reich. Ce qui frappe est cependant la banalité quotidienne qui transparaît dans ces notes. Si ce n'est, peut-être, qu'un mot va lui paraître acquérir un poids nouveau : " Jude ", " juif ". C'est son propre rôle, dans le nazisme, à lui Carl Schmitt, qu'il va découvrir par là.

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