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Les fleuves se remontent, n'est-ce pas ?
Et c'est donc après coup que l'on reconstitue - ou reconstruit de toutes pièces - ce que l'on appelle un événement, réel ou supposé.
Dans les « stances » qui composent ce poème rhapsodique qu'est « L'espace pour mourir » et qui sont toutes reliées à une seule figure de femme imaginaire, l'auteur a voulu récolter et rassembler, comme en trace d'un désert foudroyé, ces éclats de verre au sol, après le passage de l'éclair, c'est-à-dire un événement où l'amour et la mort, ces « expériences-limites » qui défient le langage, se rejoignent et s'interpénètrent en un tout indissoluble désormais.
Ce long poème tente donc de redonner vie et humanité à des hantises qui, sans l'effort de l'expression, peuvent nous navrer jusqu'à causer notre perte. Une seule étincelle fait triompher la lumière sur l'ombre. Quand la parole se fait musique vraie elle dessine donc dans nos coeurs un autre espace où la mort cesse d'effrayer pour se mêler indistinctement à l'amour, c'est-à-dire à l'éternité.
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