La romancière a sélectionné pour vous 10 lectures indispensables
Autrefois, le rossignol ne chantait pas la nuit. C'est pour avoir manqué de périr, prisonnier de la vigne enroulée autour de lui tandis qu'il dormait, qu'il écoute désormais sa voix afin de rester en éveil...
Lorsqu'en 1908 Colette publie ce recueil de textes brefs - dialogues de bêtes, évocations de la nature, méditations sur l'amour, la solitude, le passage du temps... -, elle s'est séparée de Willy, son premier mari, définitivement résolue à imposer son indépendance d'artiste et de femme. «Je ne connais plus le somme heureux, mais je ne crains plus les vrilles de la vigne», dit-elle. Et c'est bien en effet la voix libre et singulière d'un écrivain qui se fait entendre dans ces pages bouleversantes de poésie, de tendresse, de hardiesse aussi, où la romancière de Chéri et de La Vagabonde a réuni en bouquet les thèmes de toute son oeuvre.
Edition d'Anne Chareille.
La romancière a sélectionné pour vous 10 lectures indispensables
Les Vrilles de la vigne de Colette est un recueil de textes brefs, écrits lorsque qu’elle se séparait de son premier mari, Willy, et tombait amoureuse de Mathilde de Morny, dite Missy. C’est également l’époque où Colette montait sur scène et devenait mime, des choix de vie osés au début du XXème siècle.
Je redécouvre ces textes en version audio, lus par Elsa Lepoivre. Cette narratrice s’approprie merveilleusement les propos de Colette. J’avais l’impression d’entendre la voix de l’autrice se confiant sur sa vie et commentant des évènements graves ou futiles.
Drôle de titre : les vrilles sont les organes de fixation de certaines plantes grimpantes, qui s'enroulent en hélice. Colette évoque ici ce qui la retient et ce dont elle se libère.
Il n’y a pas de tonalité générale définie car le recueil regroupe des textes publiés séparément dans des journaux. Nous passons de moments très poétiques sur la nature, les animaux, à des dialogues ; certains passages sont très théâtraux, d’autres très introspectifs, intimes, sensuels… Le propos est original, parfois très factuel, pragmatique et lucide, rêveur et puis, soudain, empreint de rêverie. Colette nous parle de sujets légers comme le maquillage ou la mode, les potinages entre copines, ses animaux de compagnie… Elle se confie aussi, se dévoile… Elle nous enchante, offrant des récits poétiques au lyrisme épuré… Enfin, sa plume se fait revendicative et militante.
Peu à peu se dessine la personnalité complexe, à la fois forte et fragile, d’une femme de lettres, d’une actrice, d’une journaliste qui a marqué son époque, fait scandale sur scène et dans sa vie amoureuse.
Au fil de ma lecture, je me suis sentie proche de Colette, comprise. C’est paradoxal puisque c’est d’elle dont il s’agit ; mais son JE, aujourd’hui, devient collectif… Ce recueil est tout en ressenti et en partage et tous les sens sont à l’honneur autour de la vue, de l’ouïe, de l’odorat, du toucher, du goût. Elle nous donne à lire tout un parcours depuis l’enfance jusqu’aux ravages du temps.
Au cours de la lecture, on oublie que la femme qui nous parle est morte en 1954, tant tout ce qu’elle dit ici trouve un écho en nous.
Ce recueil est magnifique, tout simplement.
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