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Renzo De Felice, un des plus grands historiens italiens contemporains, auteur d'une magistrale biographie de Mussolini, a accepté que le journaliste Pasquale Chessa l'interroge.
Il en est résulté un livre qui unit les mérites de la synthèse et de l'actualité à la profondeur de l'essai historique, tout en présentant des informations souvent variées. "La Résistance italienne, relève De Felice, fut un grand événement historique. Aucun révisionnisme ne pourra jamais le contester. Mais l'histoire, contrairement à l'idéologie et à la foi, se fonde sur la vérité des faits et non sur des certitudes absolues.
Elle décrit le monde comme il a été, non comme on voudrait qu'il soit. Une vulgate historiographique, agressivement hégémonique, élaborée pour des raisons idéologiques, souvent utilisée à des fins politiques, a engendré une série de stéréotypes qui nous ont empêchés de débrouiller l'écheveau dans lequel s'emmêlent les noeuds non encore défaits des cinquante dernières années de l'histoire italienne. Le drame vécu par les Italiens entre le 8 septembre 1943 et le 25 avril 1945 a été défiguré par une historiographie qui a transformé la Résistance en objet de culte.
Or celle-ci a été en réalité une page centrale de l'histoire italienne qui a besoin d'être étudiée dans une éthique scientifique pour bien comprendre le tort causé par ces deux années au moral de la nation et les raisons pour lesquelles il s'est avéré impossible de reconstituer le tissu moral détruit." "Ce qui fait défaut, c'est un cadre de référence et une analyse des motivations générales des événements de 1943 à 1945, cadre dans lequel on pourrait replacer aussi bien la Résistance que la République sociale de Salo, mouvements qui, en eux-mêmes, n'impliquèrent en fait qu'une minorité de la population des régions dans lesquelles ils se sont déroulés...
Si incroyable que cela paraisse, la République sociale italienne avait quelque chose de bon, du point de vue de l'efficacité de l'organisation dans le contexte de la Seconde Guerre mondiale... A Salo, il y avait un Etat, avec son administration et ses bureaucrates, son armée et sa police, son gouvernement et ses ministres. Considérer la République sociale italienne comme un tout, sans faire la distinction entre les assassins et les gentilshommes, entre les factieux extrémistes et les conservateurs modérés, c'est le fruit amer de la culture des vainqueurs...
Mussolini est revenu au pouvoir pour se mettre au service de la patrie, car c'est seulement ainsi qu'il pourrait empêcher Hitler de transformer l'Italie en une nouvelle Pologne, qu'il pourrait rendre moins pesant et tragique le régime d'occupation... Je crois que la République sociale italienne a atteint une partie des objectifs que s'était fixés Mussolini. Mais dans le décompte des coûts et des bénéfices, le prix à payer a été trop élevé." Renzo De Felice
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