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Au bout de cinq ans de blogging littéraire, je peux désormais affirmer que le plus difficile n’est ni de chroniquer un coup de cœur intersidéral (car nous n’avons absolument aucune difficulté à le couvrir d’éloges, d’or et d’encens), ni de critiquer une déception intergalactique (car c’est toujours très facile d’expliquer ce qui a déplu) … mais bien de chroniquer une lecture fort sympathique mais qui souffre de quelques faiblesses ou maladresses trop présentes pour être tues. C’est ce qui m’est arrivé avec le premier tome de cette saga : je ne peux pas nier que ma chronique semble fichtrement négative, mais en réalité, j’ai énormément apprécié. C’est juste qu’autant les éléments positifs étaient difficiles à exprimer (tout est une question d’ambiance, de ressenti, de subjectivité), autant les « points négatifs » étaient très « concrets » (des dialogues qui manquent de naturel, des personnalités un peu trop poussées à l’extrême) et c’était donc plus facile de trouver les mots pour en parler. Ayant trouvé ce second tome bien meilleur (même si certains détails « problématiques » restent bel et bien présents), je pense que ça devrait être plus facile de vous montrer en quoi ce fut une bonne lecture, cette fois-ci !
Alors qu’elle commençait à peine à lui ouvrir son cœur et lui offrir sa confiance, la trahison de Klay et l’enlèvement de son neveu Sora plongent Astéria dans un gouffre de désespoir, de douleur … et ouvrent grande la porte à la soif vengeresse. Malgré ses blessures et sa faiblesse, en dépit des interdictions et supplications de ses amis et prélats, la prétendante au trône de Faneas se lance sans tarder à la poursuite du traitre. Mais la situation à Faneas est encore plus catastrophique que ce qu’ils pouvaient bien imaginer : meurtri par dix longues années de guerre et de domination endorine, le pays n’est plus que l’ombre de lui-même, et ses habitants ont perdus tout espoir, toute envie de se battre contre l’envahisseur. Seul un petit groupe de résistants, dirigés par le mystérieux Freyr, continuent de lutter pour la liberté du royaume … mais l’armée démone se masse aux pieds de la forteresse où ils ont installés leur quartier général. L’heure est venue pour les jeunes gens de faire face à leurs responsabilités, de reine et de prélats, pour la survie de leur peuple. L’heure est venue pour ces adolescents de prendre les bonnes décisions, car cette fois-ci, l’enjeu dépasse tout ce qu’ils ont dû affronter jusqu’à présent : c’est le royaume tout entier qui a besoin d’eux … même s’il ne le sait pas encore.
Nous retrouvons Asté et ses compagnons là où nous les avions laissés à la fin du premier tome : face à la terrible réalité, face à la trahison de celui qu’ils avaient tous finis par considérer comme un ami. On s’en doute donc dès les premières lignes : ce second opus sera autrement plus sombre et violent que le premier. Et cela se confirme dès que notre trio, ainsi que le protecteur à quatre pattes d’Asté, posent les pieds sur leur terre natale après ce qui s’avère être dix années d’absence : tout n’est plus que désolation, mort et désespoir. Bien qu’animée essentiellement par la haine, par la soif de vengeance envers celui qui l’a trahie, blessée, et qui lui a arraché son neveu, son protégé, la jeune femme ne peut qu’être touchée en plein cœur par la détresse des habitants de Faneas. Par la souffrance de son peuple. Ce peuple qu’elle a le devoir de secourir, de guider, de protéger. Petit à petit, l’Astéria insupportablement insouciante que nous avons rencontré dans le premier opus (et que nous avions bien souvent envie de baffer pour lui mettre un peu de plomb dans la tête) murit : elle n’en reste pas moins totalement puérile, égoïste, immature, obstinée et impulsive par moment, mais il y a du progrès … et cela ne la rend que bien plus attachante à mes yeux.
Et cela d’autant plus qu’un lourd fardeau pèse sur ses si frêles épaules. Ce tome, c’est vraiment celui où nos héros doivent faire face à leurs responsabilités, à leurs devoirs, à leurs destinées, quoi qu’il leur en coûte. Pour le bien de tous ces innocents qui souffrent, pour faire honneur et mémoire à leurs parents qui sont morts pour protéger ce royaume et tous ces habitants, nos si jeunes héros doivent faire le plus grand des sacrifices : renoncer à leur liberté, à leur bonheur, pour dédier leur existence à ce peuple qui a tant besoin d’eux. C’est loin d’être un engagement évident, loin d’être une abnégation qui coule de source : ils vont d’abord se révolter contre cet état de fait, s’insurger contre cette charge trop lourde à porter pour cinq adolescents. Ils veulent réaliser leurs rêves, vivre le grand amour comme bon leur semble, sans penser aux implications politiques, sans songer à toutes ces batailles meurtrières qui se déroulent alors même qu’ils se permettent un petit instant de bonheur loin de toute cette folie. Et puis, il y a les peurs et les peines bien cachées, que nous autres lecteurs découvrons petit à petit, tous ces blocages au fond du cœur, ces regrets et ces doutes, qui rendent tout ceci encore plus difficile, encore plus déchirant. Et autrement plus profond et émouvant.
Mais que les passionnés de grandes batailles épiques soient rassurés : il y a aussi de l’action dans ce tome, et pas qu’un peu ! Ce tome, c’est celui des premiers grands combats, de ceux qui font monter l’adrénaline car on a vraiment le sentiment que rien n’est jamais gagné, et qu’au contraire tout est déjà perdu. On veut, bien sûr, croire en la victoire de nos jeunes héros, et il y a toujours en nous cette petite voix rassurante (« on n’est pas dans de la dark fantasy, il a des amourettes niaises à souhait, des gamins aux pouvoirs surhumains, donc tout se finira bien »), mais la tension est si forte qu’on a la gorge nouée par l’angoisse … Vraiment, l’autrice a su nous faire vivre ces batailles avec nos tripes, et c’est vraiment bien joué ! De même, qu’est-ce que j’ai pu trembler d’effroi lors des confrontations avec les divers dieux qui doivent approuver la nomination de la reine et de ses prélats : Asté ne sait pas la fermer, ne sait pas faire profil bas, et c’est vraiment dans ces moments-là qu’on hésite entre se taper la tête contre les murs (tellement c’est désespérant) ou la secouer comme un chiffonnier pour qu’elle cesse de se comporter comme une petite gamine irrespectueuse et irresponsable … Mais on ne peut pas le nier, ce comportement apporte un peu de piment à l’intrigue, donc on hausse les épaules en se disant qu’il faut bien s’y faire.
En bref, vous l’aurez bien compris, j’ai trouvé ce deuxième tome autrement meilleur que le premier ! Fini les enfantillages (malgré quelques inévitables résurgences, qui apportent malgré tout un peu de légèreté bienvenue pour contrebalancer toutes les sombres et tristes révélations qui parsèment le récit), place aux choses sérieuses : l’heure est venue de libérer le royaume de l’oppresseur, l’heure est venue de reprendre le combat de leurs parents, et de le mener à son accomplissement. C’est un tome dynamique, riche en action, en rebondissements, en retournements de situation, qui ne laisse jamais de répit ni de repos aux personnages comme au lecteur : on ne s’ennuie par une seule seconde car il se passe toujours quelque chose, et parce que l’autrice sait très bien manier le principe du cliffhanger pour mieux faire naitre en nous l’envie viscérale de lire toujours « encore un chapitre ». Mais c’est aussi un tome parfois très émouvant, avec des révélations poignantes, avec des moments particulièrement déchirants, parce que le combat ne se joue pas seulement sur le champ de bataille mais aussi dans les cœurs et les esprits de ces jeunes gens qui doivent renoncer à beaucoup de choses pour faire ce qui est bien et juste, pour faire ce qu’on attend d’eux … Bref, j'ai vraiment aimé, et j'espère que la suite poursuivra dans cette belle lignée !
http://lesmotsetaientlivres.blogspot.com/2021/05/les-prelats-de-faneas-tome-2-le.html
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