Inspirée d’une histoire vraie, cette BD apporte des conseils et des solutions pour sortir de l'isolement
Le plus délicat, quand on lit et chronique plusieurs tomes d’une même saga d’affilée, c’est à la fois de ne pas trop se répéter, pour éviter de lasser le lecteur, et de ne pas trop en dévoiler, pour éviter de lui gâcher la surprise s’il lui venait l’envie de découvrir ladite saga par lui-même … C’est d’autant plus difficile dans le cas d’un dernier tome : il faut à tout prix éviter de dévoiler la fin, quand bien même on a terriblement envie de partager notre ressenti sur le dénouement, parce que c’est justement ce-dit dénouement qui a entrainé le coup de cœur définitif ! Voici donc pourquoi cela fait déjà plusieurs heures que je fixe d’un air hagard ma page Word désespérément vide, tandis que le petit curseur clignotant me nargue allégrement en me rappelant que je suis censée écrire quelque chose. Comment diable vais-je vous parler de ce quatrième tome, qui (disons-le tout net et tout de suite) m’a totalement captivée et chamboulée, comment diable vais-je pouvoir vous dire ce qui m’a tant plus sans pour autant trop vous en dire sur le contenu de l’histoire ? Je relève le défi, mais sans rien promettre …
Cela fait déjà cinq ans, cinq très longues années que la jeune reine Astéria Cliff a fait passer son peuple avant tout le reste, cinq très longues années que la jeune femme vit sous la coupe tyrannique de son ennemi, cinq très longues années qu’elle a conclu avec lui le seul marché qu’il était susceptible d’accepter. Exténuée, brisée, l’assaillée n’est plus que l’ombre d’elle-même, n’a plus la force de se battre et n’attend plus qu’une seule chose : que tout s’arrête enfin … mais la délivrance se refuse toujours à elle. En dépit de tous les efforts du cruel roi d’Endor, Freya, la bien-aimée de ce dernier tapie au cœur de la conscience d’Astéria, refuse obstinément de refaire surface. A bout de patience, Maboroshi décide de précipiter les choses et programme l’officialisation de leur union dans quelques mois … Mais l’alliance d’Amiran ne compte pas laisser le pays tomber entre les mains du démon : la résistance a eu cinq ans pour se fortifier, pour s’organiser, il est maintenant temps de passer à l’offensive et de libérer Faneas de l’oppression endorine ! Et si, officiellement, la reine est loin d’être une priorité, dans l’ombre, ses amis et prélats ne peuvent se résoudre à l’abandonner à son triste sort …
Alors que nous avions pris l’habitude de retrouver nos héros pile là où nous les avions laissés à la fin du tome précédent, nous avons ici la surprise de nous retrouver cinq ans après les événements du troisième opus. Cinq ans durant lesquelles la situation a bien changé à Faneas : au premier abord, les choses semblent s’être améliorées pour le peuple, grâce à l’abnégation et à l’obstination de la jeune Astéria, mais en y regardant de plus près, rien n’a réellement changé. Le royaume est toujours sous la coupe tyrannique du démon Maboroshi, qui compte bien mâter une bonne fois pour toute la résistance afin de s’assurer un règne incontesté lorsqu’il aura épousé la reine de Faneas … ou du moins la déesse qui prendra la place de sa conscience lorsqu’il l’aura définitivement privée de toute son énergie magique et de toute sa résistance psychique. Et le lecteur constate avec effroi qu’il n’est pas loin de parvenir à ses fins : notre si chère Astéria n’a plus la force de se battre. J’ai ressenti à la fois beaucoup de peine et d’admiration pour cette jeune femme qui a tout sacrifié pour les siens, qui a supporté pendant tant d’années tous ces sévices tout en s’efforçant d’améliorer toujours plus le quotidien de son peuple ...
Mais contrairement aux autres tomes qui suivaient principalement le point de vue d’Astéria, cette fois-ci, ce sont les prélats qui sont à l’honneur, et c’est un changement fort bienvenu. Car si Astéria a souffert, elle est loin d’être la seule : ses proches et ses amis ont eux aussi énormément souffert de cette situation. S’ils reconnaissent rationnellement que la jeune reine n’avait pas beaucoup d’autres choix à sa disposition, ils ne peuvent s’empêcher de se sentir trahis et abandonnés par celle qu’ils considéraient avant tout comme une amie, une sœur, une tante, une cousine, une amante. En eux, la colère se dispute à la tristesse. Et chacun a réagi à sa manière : tandis que Kaede s’est laissé submergé par le désespoir et la fureur, Noctis s’est réfugié derrière son sens du devoir et a décidé de suivre à la lettre les instructions de sa souveraine, quitte à enfouir ses aspirations personnelles aussi profond que possible. Sora, quant à lui, a eu la chance d’être entouré de bons amis qui lui ont permis de surmonter cette épreuve, même si on sent bien qu’il est bien moins insouciant et joyeux que lorsqu’il était enfant. Et Cléora … elle est fidèle à elle-même, toute en nuances et en paradoxes. On ne sait jamais trop quoi penser d’elle, et c’est bien là ce qui la rend si fascinante et imprévisible.
Car il faut que vous sachiez une chose : plus que jamais, l’autrice a su surprendre le lecteur. Je ne dis pas que cela marche à tous les coups, car elle sème suffisamment d’indices pour permettre aux habitués du genre de deviner par avance certains rebondissements ou certaines révélations, mais tout de même, il y a eu plusieurs retournements de situations qui m’ont vraiment laissée ahurie ! Contrairement à ce qu’on pouvait imaginer et même espérer, ce n’est pas seulement une grande bataille épique qui se profile à l’horizon, c’est quelque chose de bien plus grand et complexe qui vous captive du début à la fin … La tension monte, doucement, sûrement et inexorablement, on a vraiment le sentiment que cela ne s’arrêtera jamais, et à chaque fois qu’on se dit « cette fois-ci, ça ne peut pas être pire, c’est tout bonnement insoutenable », et bien l’autrice parvient à nous démentir. On pourrait se lasser de cette surenchère, on pourrait se dire que « c’est trop gros », mais non : on se laisse juste transporté par cette formidable épopée, qui nous coupe le souffle, qui fait s’emballer notre petit cœur. On vit cette histoire plus qu’on ne la lit, car on s’est vraiment pris d’affection et d’amitié pour les protagonistes : on a besoin, viscéralement, de les voir gagner, même et surtout parce que cela semble impossible.
Je vais m’arrêter là, parce que je sens que je vais finir par vous dévoiler le dénouement final si je continue sur cette lancée, mais je pense que vous l’aurez bien compris : ça, c’est ce que j’appelle du final en apothéose ! Je n’ai pas vu les six-cent pages passer tant j’étais happée par l’histoire ! J’ai beaucoup aimé tous les choix pris par l’autrice pour ce grand final, c’est audacieux et original, ça surprend tout en restant parfaitement cohérent, tout s’emboite comme dans un bon puzzle. C’est vraiment une saga qui va vous faire passer par toutes les émotions possibles et inimaginables, et parfois à quelques pages d’intervalle seulement. Car la grande force de cette saga, finalement, ce sont ses personnages : ils sont à la fois de véritables héros de fantasy, courageux, déterminés et puissants bien comme il faut, et des adolescents presque comme les autres, avec leurs doutes et leurs faiblesses, avec leurs fragilités et leurs sensibilités. Ils sont vraiment très attachants car ils sont « justes » : il est très facile de s’identifier à eux, de compatir à leurs peines et leurs peurs … Et le plus difficile, finalement, c’est vraiment de leur dire adieu, de tourner la dernière page en sachant que cette fois-ci, c’est terminé, on ne les retrouvera pas dans la suite. En tout cas, une chose est sûre : c’est une saga que je relirai sans hésitation un jour, et que je vous conseille avec encore moins d’hésitation !
http://lesmotsetaientlivres.blogspot.com/2021/05/les-prelats-de-faneas-tome-4-la-legende.html
Après l’effort, le réconfort, dit-on souvent : maintenant que j’ai rendu mon dernier gros devoir de l’année universitaire, et que je n’ai « plus qu’à » réviser les ultimes partiels, j’ai désormais beaucoup plus de temps à consacrer à la lecture. Alors que pendant des mois et des mois, je ne pouvais caser qu’une misérable petite séance d’une heure, le soir avant d’aller me coucher, pour avancer tant bien que mal (entre la fatigue et le manque de luminosité) dans mes lectures en cours, je peux désormais m’accorder deux voire trois « pauses lectures » dans la journée, et qu’est-ce que ça fait du bien au moral de pouvoir lire sans ressentir cette culpabilité sous-jacente ! Et qu’est-ce que ça fait du bien de voir la pile de services presse en attente de traitement baisser enfin : c’est toujours un réel plaisir que de travailler avec des auteurs ou des éditeurs, mais je me suis vraiment laissée submerger par les événements, et tous ces livres empilés sur mon espace « à faire » commençaient vraiment à m’angoisser au plus haut point, de crainte de ne pas être capable de tenir mes engagements dans les temps impartis … Il faut dire que Charlotte Abécassis ne m’a pas facilité la tâche : avec de gros pavés pareils, la pile semblait encore plus haute, mais heureusement, la saga est tellement addictive que ça se lit très facilement !
Tandis que Sora, Noctis et Niall s’efforcent d’unifier les rebelles de tous horizons pour lutter contre l’armée endorienne toujours plus conquérante, Kaede, Asté et Cléora rejoignent le fief sous-marin de cette dernière : il est grand temps pour la jeune prélate de recevoir l’intégralité de ses pouvoirs, et les deux jeunes femmes espèrent également retrouver Morgana, la mère de Cléora, disparue depuis dix longues années. Mais le domaine des grands lacs n’est plus que mort et désolation : le choc est rude pour Cléora qui doit non seulement se préparer à se confronter avec le Dieu d’Avalon et à renouer avec ses origines, mais doit également supporter cette funeste vision … Pas le temps toutefois de se laisser gagner par l’accablement et le découragement : il leur faut à tout prix se préparer à combattre le roi Bosham avant qu’il ne soit trop tard. Car trop d’innocents sont déjà morts depuis l’invasion : la jeune prétendante au trône et ses tout aussi jeunes prélats doivent se rendre à l’évidence, pour ramener la paix il leur faudra gagner la guerre. Mais seront-ils un jour suffisamment puissant pour vaincre ce démon qui ne recule devant aucune atrocité pour accroitre toujours plus son pouvoir et sa domination ?
Si je devais résumer ce que je pense que ce troisième opus en quelques mots, c’est tout simplement : encore meilleur que le deuxième, qui lui-même était déjà bien meilleur que le premier ! Pour un auteur, l’équilibre est toujours délicat à trouver entre écrire pour soi et écrire pour les autres : d’un côté, il faut aimer ce qu’on écrit, car l’écriture doit rester un plaisir, mais de l’autre, il faut également songer au lecteur, dont les attentes sont souvent bien différentes … C’est à mes yeux toute la différence entre le premier opus, qui m’avait souvenez-vous laissé une impression un tantinet mitigée, et les deux tomes suivants : le premier n’a visiblement pas été écrit « dans le but » d’être édité, l’autrice écrivait avant tout pour elle (et c’est très bien), alors que pour les suivants elle avait « conscience » d’écrire aussi pour d’autres … On passe donc d’un premier tome aux accents d’urban fantasy où l’intrigue était principalement centrée sur les amourettes adolescentes de deux personnages si opposés que ça en devenait quelque peu cliché, à des suites qui nous proposent une intrigue bien plus riche et subtile, avec des enjeux bien plus vastes et profonds, avec un meilleur équilibre entre l’action et l’émotion … Bref, de la bonne fantasy comme je les aime !
Ce troisième opus nous propose une intrigue bien plus sombre et violente que les précédents … Partout où passent nos héros règne la mort et la désolation, la douleur et l’accablement : c’est un royaume à bout de souffle dont hérite la jeune Asté, un royaume dominé par la peur et la peine, où la joie et l’espoir ne sont plus que de lointains souvenirs dont on n’est pas certains de l’existence. Et chaque nouvel affrontement est plus meurtrier encore que le précédent, et le doute s’insinue toujours un peu plus dans l’esprit de nos héros : seront-ils réellement en mesure de vaincre le roi Bosham, cet être qui semble se repaitre de la souffrance autant que de la puissance ? La petite voix rassurante qui nous accompagnait dans le second tome, nous exhortant à croire en la victoire de nos cinq héros, se voit bâillonnée un peu plus à chaque nouvelle confrontation, à chaque nouvelle révélation : cette fois-ci, tout semble définitivement perdu. Comment se mesurer à un individu qui semble jouer avec vous alors que vous devez puiser jusqu’à la dernière étincelle d’énergie qui vous reste pour garder les yeux ouverts, pour vous souvenir comment respirer ? Petit à petit, la noirceur et le découragement envahissent le cœur des héros … et du lecteur.
Il faut dire que de nombreuses découvertes et révélations sont faites dans ce tome, et viennent remettre en question tout ce que nous tenions pour acquis. D’ailleurs, autant je trouvais que les « révélations » du premier opus étaient beaucoup trop prévisibles, autant cette fois-ci, j’ai parfois eu du mal à suivre, à comprendre, à saisir vraiment les implications de telle ou telle parole, de tel ou tel acte. A vouloir faire plus complexe, l’autrice en a peut-être fait un petit peu trop … Mais fort heureusement, cela ne gâche en rien le plaisir de la lecture et la montée progressive de la tension dramatique. Car même si tout n’est pas très clair dans notre esprit, nous comprenons bien l’essentiel : un nouveau compte à rebours s’est enclenché, encore plus effroyable que la perspective d’une grande bataille contre l’armée démesurément puissante du roi d’Endor. De nouvelles forces entrent en jeu, des forces contre lesquelles nos jeunes héros ne peuvent rien : qui peut lutter contre les dieux, contre la destinée, contre la fatalité ? Tout ce qu’ils peuvent faire face à cette échéance terrifiante qui se rapproche inexorablement, sans qu’ils ne puissent rien pour l’arrêter ou même la ralentir, c’est continuer de se battre pour leurs idéaux, continuer de tout donner pour sauver la vie de ces milliers d’innocents qui souffrent … pour sauver la vie de ceux qu’ils aiment.
Car je ne l’ai pas assez évoqué dans mes deux premières chroniques, qui étaient déjà particulièrement longues, mais ce que j’aime vraiment énormément dans cette saga, c’est la force de l’amitié. De l’amour aussi, mais vous le savez, je suis bien plus sensible aux histoires d’amitié qu’aux histoires d’amour. Et clairement, ici, je suis comblée. Il y a quelque chose de très puissant que de voir des êtres réservés et détachés reconnaitre enfin l’affection qu’ils ressentent pour leurs compagnons, que de voir des êtres fiers et indépendants reconnaitre enfin qu’ils ont besoin les uns des autres pour être plus forts. C’est plutôt rare, en fantasy, des relations amicales aussi fortes … et surtout aussi importantes pour l’intrigue. Car tandis que dans le second tome, nos héros acceptaient leurs responsabilités envers ce peuple qui a tant besoin d’eux, tandis qu’ils se faisaient à l’idée qu’ils devaient tout sacrifier pour sauver ces innocents qui comptent sur eux, dans celui-ci, ils se rendent compte que malgré tout, ils ne peuvent pas laisser tomber ceux qui leur sont chers. Ils sont prêts à tout risquer pour eux, parce qu’ils ne peuvent pas vivre les uns sans les autres. On peut leur reprocher d’être inconscients et irresponsables, mais je trouve plutôt que c’est ce qui les rend profondément humains et donc plus proches du lecteur …
En bref, vous l’aurez bien compris, il me faudrait encore de nombreuses pages pour réussir à expliquer et exprimer pourquoi j’ai tant apprécié ce tome, mais je vais donc me contenter de vous exhorter à ne surtout pas vous laisser « rebuter » par les quelques maladresses qui parsèment le premier tome, et à clairement vous ruer sur la suite car vous ne serez clairement pas déçus ! On est dans de la fantasy à la fois très sombre, très brutale, mais aussi très lumineuse, très douce : d’un côté, nous avons le récit de cette lutte épique contre le mal incarné, et de l’autre, nous avons l’histoire de ce groupe d’amis qui font face main dans la main à toutes les épreuves, même et surtout celles qui menacent de les séparer à tout jamais. J’ai beaucoup aimé l’équilibre que l’autrice a su instaurer entre ces deux intrigues qui s’entremêlent, entre ces deux facettes d’une même pièce, vu qu’on se rend progressivement compte que tout est intrinsèquement lié … Et que pour gagner une bataille, ils vont peut-être devoir accepter d’en perdre une autre. Je ne sais pas trop si j’ai hâte ou si j’ai peur de me plonger dans le quatrième et dernier tome : bien sûr, j’ai envie de connaitre le fin mot de l’histoire, mais j’ai tout de même peur de ce qui m’y attend au vue de la fin de celui-ci !
http://lesmotsetaientlivres.blogspot.com/2021/05/les-prelats-de-faneas-tome-3-la.html
Au bout de cinq ans de blogging littéraire, je peux désormais affirmer que le plus difficile n’est ni de chroniquer un coup de cœur intersidéral (car nous n’avons absolument aucune difficulté à le couvrir d’éloges, d’or et d’encens), ni de critiquer une déception intergalactique (car c’est toujours très facile d’expliquer ce qui a déplu) … mais bien de chroniquer une lecture fort sympathique mais qui souffre de quelques faiblesses ou maladresses trop présentes pour être tues. C’est ce qui m’est arrivé avec le premier tome de cette saga : je ne peux pas nier que ma chronique semble fichtrement négative, mais en réalité, j’ai énormément apprécié. C’est juste qu’autant les éléments positifs étaient difficiles à exprimer (tout est une question d’ambiance, de ressenti, de subjectivité), autant les « points négatifs » étaient très « concrets » (des dialogues qui manquent de naturel, des personnalités un peu trop poussées à l’extrême) et c’était donc plus facile de trouver les mots pour en parler. Ayant trouvé ce second tome bien meilleur (même si certains détails « problématiques » restent bel et bien présents), je pense que ça devrait être plus facile de vous montrer en quoi ce fut une bonne lecture, cette fois-ci !
Alors qu’elle commençait à peine à lui ouvrir son cœur et lui offrir sa confiance, la trahison de Klay et l’enlèvement de son neveu Sora plongent Astéria dans un gouffre de désespoir, de douleur … et ouvrent grande la porte à la soif vengeresse. Malgré ses blessures et sa faiblesse, en dépit des interdictions et supplications de ses amis et prélats, la prétendante au trône de Faneas se lance sans tarder à la poursuite du traitre. Mais la situation à Faneas est encore plus catastrophique que ce qu’ils pouvaient bien imaginer : meurtri par dix longues années de guerre et de domination endorine, le pays n’est plus que l’ombre de lui-même, et ses habitants ont perdus tout espoir, toute envie de se battre contre l’envahisseur. Seul un petit groupe de résistants, dirigés par le mystérieux Freyr, continuent de lutter pour la liberté du royaume … mais l’armée démone se masse aux pieds de la forteresse où ils ont installés leur quartier général. L’heure est venue pour les jeunes gens de faire face à leurs responsabilités, de reine et de prélats, pour la survie de leur peuple. L’heure est venue pour ces adolescents de prendre les bonnes décisions, car cette fois-ci, l’enjeu dépasse tout ce qu’ils ont dû affronter jusqu’à présent : c’est le royaume tout entier qui a besoin d’eux … même s’il ne le sait pas encore.
Nous retrouvons Asté et ses compagnons là où nous les avions laissés à la fin du premier tome : face à la terrible réalité, face à la trahison de celui qu’ils avaient tous finis par considérer comme un ami. On s’en doute donc dès les premières lignes : ce second opus sera autrement plus sombre et violent que le premier. Et cela se confirme dès que notre trio, ainsi que le protecteur à quatre pattes d’Asté, posent les pieds sur leur terre natale après ce qui s’avère être dix années d’absence : tout n’est plus que désolation, mort et désespoir. Bien qu’animée essentiellement par la haine, par la soif de vengeance envers celui qui l’a trahie, blessée, et qui lui a arraché son neveu, son protégé, la jeune femme ne peut qu’être touchée en plein cœur par la détresse des habitants de Faneas. Par la souffrance de son peuple. Ce peuple qu’elle a le devoir de secourir, de guider, de protéger. Petit à petit, l’Astéria insupportablement insouciante que nous avons rencontré dans le premier opus (et que nous avions bien souvent envie de baffer pour lui mettre un peu de plomb dans la tête) murit : elle n’en reste pas moins totalement puérile, égoïste, immature, obstinée et impulsive par moment, mais il y a du progrès … et cela ne la rend que bien plus attachante à mes yeux.
Et cela d’autant plus qu’un lourd fardeau pèse sur ses si frêles épaules. Ce tome, c’est vraiment celui où nos héros doivent faire face à leurs responsabilités, à leurs devoirs, à leurs destinées, quoi qu’il leur en coûte. Pour le bien de tous ces innocents qui souffrent, pour faire honneur et mémoire à leurs parents qui sont morts pour protéger ce royaume et tous ces habitants, nos si jeunes héros doivent faire le plus grand des sacrifices : renoncer à leur liberté, à leur bonheur, pour dédier leur existence à ce peuple qui a tant besoin d’eux. C’est loin d’être un engagement évident, loin d’être une abnégation qui coule de source : ils vont d’abord se révolter contre cet état de fait, s’insurger contre cette charge trop lourde à porter pour cinq adolescents. Ils veulent réaliser leurs rêves, vivre le grand amour comme bon leur semble, sans penser aux implications politiques, sans songer à toutes ces batailles meurtrières qui se déroulent alors même qu’ils se permettent un petit instant de bonheur loin de toute cette folie. Et puis, il y a les peurs et les peines bien cachées, que nous autres lecteurs découvrons petit à petit, tous ces blocages au fond du cœur, ces regrets et ces doutes, qui rendent tout ceci encore plus difficile, encore plus déchirant. Et autrement plus profond et émouvant.
Mais que les passionnés de grandes batailles épiques soient rassurés : il y a aussi de l’action dans ce tome, et pas qu’un peu ! Ce tome, c’est celui des premiers grands combats, de ceux qui font monter l’adrénaline car on a vraiment le sentiment que rien n’est jamais gagné, et qu’au contraire tout est déjà perdu. On veut, bien sûr, croire en la victoire de nos jeunes héros, et il y a toujours en nous cette petite voix rassurante (« on n’est pas dans de la dark fantasy, il a des amourettes niaises à souhait, des gamins aux pouvoirs surhumains, donc tout se finira bien »), mais la tension est si forte qu’on a la gorge nouée par l’angoisse … Vraiment, l’autrice a su nous faire vivre ces batailles avec nos tripes, et c’est vraiment bien joué ! De même, qu’est-ce que j’ai pu trembler d’effroi lors des confrontations avec les divers dieux qui doivent approuver la nomination de la reine et de ses prélats : Asté ne sait pas la fermer, ne sait pas faire profil bas, et c’est vraiment dans ces moments-là qu’on hésite entre se taper la tête contre les murs (tellement c’est désespérant) ou la secouer comme un chiffonnier pour qu’elle cesse de se comporter comme une petite gamine irrespectueuse et irresponsable … Mais on ne peut pas le nier, ce comportement apporte un peu de piment à l’intrigue, donc on hausse les épaules en se disant qu’il faut bien s’y faire.
En bref, vous l’aurez bien compris, j’ai trouvé ce deuxième tome autrement meilleur que le premier ! Fini les enfantillages (malgré quelques inévitables résurgences, qui apportent malgré tout un peu de légèreté bienvenue pour contrebalancer toutes les sombres et tristes révélations qui parsèment le récit), place aux choses sérieuses : l’heure est venue de libérer le royaume de l’oppresseur, l’heure est venue de reprendre le combat de leurs parents, et de le mener à son accomplissement. C’est un tome dynamique, riche en action, en rebondissements, en retournements de situation, qui ne laisse jamais de répit ni de repos aux personnages comme au lecteur : on ne s’ennuie par une seule seconde car il se passe toujours quelque chose, et parce que l’autrice sait très bien manier le principe du cliffhanger pour mieux faire naitre en nous l’envie viscérale de lire toujours « encore un chapitre ». Mais c’est aussi un tome parfois très émouvant, avec des révélations poignantes, avec des moments particulièrement déchirants, parce que le combat ne se joue pas seulement sur le champ de bataille mais aussi dans les cœurs et les esprits de ces jeunes gens qui doivent renoncer à beaucoup de choses pour faire ce qui est bien et juste, pour faire ce qu’on attend d’eux … Bref, j'ai vraiment aimé, et j'espère que la suite poursuivra dans cette belle lignée !
http://lesmotsetaientlivres.blogspot.com/2021/05/les-prelats-de-faneas-tome-2-le.html
Je suis bien souvent nostalgique de l’époque où je pouvais encore passer des heures, voire même des journées entières, à lire, où je pouvais m’immerger totalement et longuement dans ma lecture en oubliant complétement l’existence du monde extérieur et de tous les soucis qui y sont associés … Mais voilà, années après années, ma vue a doucement mais sûrement baissée, et même avec une bonne correction et des séances d’orthoptie, je ne parviens désormais plus à lire plusieurs heures d’affilée, comme je le faisais auparavant, sans avoir les yeux qui brulent voire même un début de crise de migraine. Je dois donc me contraindre à faire régulièrement des pauses, même (et surtout) quand ma lecture en cours est captivante au plus haut point … et c’est parfois tellement difficile d’être raisonnable quand l’intrigue est prenante ! Pour Les prélats de Fanaeas, la situation a été pire encore : c’est écrit vraiment tout petit, je devais faire de gros efforts visuels pour lire, et mes yeux étaient donc fatigués beaucoup plus rapidement que d’ordinaire, mais j’étais tellement happée par l’histoire que je n’avais vraiment pas envie de m’arrêter … quel dilemme !
Suite à l’invasion meurtrière du royaume de Faneas par les démons d’Endor, la jeune Astéria et sa cousine Cléora ont été envoyées dans notre monde pour retrouver la trace des deux derniers prélats de Faneas. Elles n’ont plus beaucoup de temps devant elles : le sort jeté par le roi Calm pour protéger momentanément le pays ne durera plus très longtemps, et alors les démons anéantiront définitivement leur royaume natal. Et leur mission s’avère plus complexe que prévu : au bout de six mois de recherches acharnées, toujours pas la moindre trace des deux hommes qu’elles sont venues chercher ! Leur dernière piste : Maleross, une ville qui semble abriter des êtres magiques suffisamment puissants pour brider leur propre aura. Nuit après nuit, les deux jeunes magiciennes poursuivent inlassablement leurs recherches, subissant les attaques de nombreux démons attirés comme des mouches par leur puissance. Et comme si cela n’était pas suffisamment épuisant comme cela, voici que jour après jour, Astéria doit également supporter la présence de l’insupportable Klay, dont le seul but semble être de lui gâcher l’existence par tous les moyens possibles et inimaginables …
En fantasy, nous avons généralement l’habitude de voir un terrien soudainement téléporté dans un autre monde … mais l’inverse est beaucoup moins fréquent, et donc beaucoup plus original ! Tandis que leur monde est au bord de la destruction, deux jeunes femmes, accompagnées d’un petit garçon et de son chat-tigre protecteur, débarquent sur notre Terre dans le but d’y retrouver deux hommes dont elles ne savent pas grand-chose, hormis qu’ils doivent avoir environ trente ans, que l’un maitrise le feu et l’autre la terre … Autant dire qu’avec si peu d’informations à leur disposition, elles cherchent une aiguille dans une botte de foin, surtout en milieu inconnu ! Je dois bien reconnaitre que j’aurai bien aimé en savoir un peu plus sur leur acclimatation à notre monde, mais six mois se sont déjà écoulés entre le moment où ils sont arrivés et celui où commence le récit. Mais qu’à cela ne tienne, les voici arrivés dans une nouvelle ville, peut-être celle de la dernière chance : le temps presse, les deux adolescentes doivent absolument retrouver les deux prélats manquants avant que le sortilège de protection lancé par le roi Calm ne s’estompe … Et bien sûr, si l’histoire débute à cet instant, c’est bien parce que leur quête va prendre un nouveau tournant dans cette ville.
Autant le dire tout de suite : autant j’ai apprécié le prologue, autant les premiers chapitres ne m’ont pas convaincue plus que cela … En voulant éviter les longs paragraphes explicatifs qui brisent le rythme de la narration, ce qui est tout à son honneur, l’autrice est tombée dans un autre piège : elle place ces-dites informations dans la bouche de ses personnages. « Il ne nous reste plus que quelques mois avant que le sort lancé par Calm et Rena, le roi et la reine de Faneas, ne s’effondre », déclara ainsi Astéria à Cléora … Dites-moi, ça vous arrive souvent, quand vous parlez avec votre propre cousine, de lui rappeler que votre oncle et votre tante sont le roi et la reine de votre propre royaume ? Cela ne fait pas très naturel, comme dialogue ! Plus globalement, c’est ce que je peux reprocher à l’histoire : un manque certain de naturel. Pour le lecteur quelque peu coutumier à ce type de récit, les ficelles de l’intrigue sont aussi visibles qu’un tigre au milieu d’un troupeau d’agneaux ! A la page 47, je savais donc déjà ce qui allait nous être « révélé » à la page 272 … pour l’effet de surprise, on repassera, alors que c’est vraiment censé être une des deux grosses révélations du bouquin. Ça manque quelque peu de subtilité, certains choses sont trop souvent répétées, ressassées, juste en devenir un peu lassantes.
Et c’est particulièrement le cas de la relation entre Astéria et Klay : si dans un premier temps leurs joutes verbales et leur agacement mutuel nous font sourire, au bout d’un moment, cela tourne un peu en rond et prend beaucoup trop de place. C’est d’autant plus dommage que ce sont deux personnages particulièrement intéressants pris séparément, mais qui sombrent vraiment dans les plus mauvais travers de la littérature young-adult quand vous les considérez ensemble. Je veux bien admettre qu’à cet âge, les hormones fonctionnent à plein régime, mais est-ce vraiment nécessaire de mettre aussi lourdement en scène ce « je t’aime moi non plus » malsain sur les bords ? Est-ce vraiment nécessaire de piétiner aussi allégrement les personnalités aussi complexes de ces personnages au profit d’un simulacre de romance tumultueuse, alors que nous sommes supposés lire une quête de fantasy dont dépend le sort de tout un royaume et de ses innocents habitants ? Je pense vraiment que tout le problème est dans la (dé)mesure : c’est typiquement le genre de sous-intrigue qui est sympathique lorsqu’elle reste subordonnée à l’intrigue, mais qui devient problématique quand elle envahie tant et si bien l’histoire que cette dernière stagne lamentablement.
Je sais bien que, jusqu’à présent, je donne vraiment le sentiment d’être très critique vis-à-vis de ce roman … mais croyez-moi, je l’ai pourtant beaucoup aimé. C’est juste qu’on ressent vraiment que l’autrice a voulu faire un long roman de ce qui n’est finalement qu’une introduction à la vraie histoire, celle qui aura lieu à Faneas même maintenant que les fameux prélats qui titrent la saga sont réunis. Et du coup, c’est parfois un peu longuet, et on n’en remarque que plus ces petits détails propres aux premiers romans, ces petits détails qui parasitent quelque peu l’expérience de lecteur, sans pour autant la gâcher complétement. Pour tout dire, le dernier quart m’a vraiment fascinée : il y avait vraiment tout ce qui fait un excellent récit dans ces 150 dernières pages ! Impossible de m’arrêter, alors même qu’il se faisait tard, que la luminosité déclinait et que mes yeux étaient au supplice : enfin l’histoire montrait tout son potentiel ! Un combat final épique, des retournements de situation effroyables, sans oublier une révélation finale explosive que je n’avais cette fois-ci pas vu venir (mais qui a répondu à certaines de mes interrogations face à ce que je pressentais au début comme des incohérences), franchement, c’était absolument merveilleux, et ce cliffhanger final est vraiment génial !
En bref, vous l’aurez bien compris : ce livre avait tout le potentiel pour être un vrai coup de cœur, mais quelques petits détails m’ont tout de même chagrinée et ce n’est donc « que » une bonne lecture. Les personnages ont beau sembler au premier abord assez « stéréotypés » et souvent imbuvables (en particulier quand ils sont ensembles), je me suis malgré tout attachée à eux (en particulier au petit Sora, quel adorable petit bonhomme), j’ai pris plaisir à cheminer à leurs côtés … et j’ai vraiment hâte de les retrouver dès ce soir dans le deuxième opus. Je vous invite donc à vous laisser tenter par cette saga, même si ce premier tome souffre de quelques imperfections, sans doute liées à son statut de « volume introductif » : à partir du moment où vous aurez survécu à cet interminable jeu du chat et de la souris entre Astéria et Klay, vous savourerez pleinement cette histoire qui promet d’être très riche en action, en émotion, en retournements de situation et en révélations. Nous ne sommes clairement pas au bout de nos surprises, et j’ai vraiment un très bon pressentiment pour la suite : je me prépare d’ores et déjà à parlementer avec mes yeux pour qu’ils tiennent « encore un chapitre de plus » !
http://lesmotsetaientlivres.blogspot.com/2021/05/les-prelats-de-faneas-tome-1-les-terres.html
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