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L'émigration a aussi ce pouvoir d'adjoindre le familier et ce qu'on ne voit qu'au terme. Alors remonte ce qui mine dedans et rend le déséquilibre fécond. J'ai aimé Bonampak et cette pause offerte. J'ai contemplé le lieu, les pierres ombrées de palmes où se dessinent les glyphes. J'ai laissé se découdre ces morceaux arrachés, comme des bouts de tissus, comme des bouts de paroles. Lambeaux abandonnés ou blocs trop compacts qui veulent transmettre encore et peu à peu s'oublient, se distordent, s'effacent. La terre les enfonce, comme ce chaos dedans quand le temps du voyage confronte à ce spectacle.
Voyage maritime devenu aérien, l'eau de séparation achève le parcours. Le fleuve borde le site, les pierres des monuments basculent en cascade, dégoulinent de pluie dans cet air saturé de gouttes d'humidité, l'onde de Palenque enveloppe Bonampak. Un deuil peut commencer. Sans suture, sans bord à bord de plaie qui se solde de rien. Un deuil de mémoire laisse remonter une terre émigrée à l'intérieur de soi.
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