« Personne ne soupçonne l'existence des Murs Blancs. Pourtant cette propriété a marqué l'histoire intellectuelle du XXème siècle. Elle a été aussi le lieu, où enfants, nous passions nos dimanche après-midi : la maison de nos grands-parents...
Après la guerre, ce magnifique parc aux arbres centenaires niché dans le vieux Châtenay-Malabry, est choisi par le philosophe Emmanuel Mounier, pour y vivre en communauté avec les collaborateurs de la revue qu'il a fondé : Esprit. Quatre intellectuels, chrétiens de gauche et anciens résistants, comme lui, Henri-Irénée Marrou, Jean Baboulène, Paul Fraisse, Jean-Marie Domenach, le suivent avec leurs familles dans cette aventure. Ils sont bientôt rejoints par Paul Ricoeur.
Pendant cinquante ans, les Murs Blancs sont le quartier général de leurs combats, dont la revue Esprit est le porte-voix : la guerre d'Algérie et la décolonisation, la lutte contre le totalitarisme communiste, la construction de l'Europe. Et bien sûr, Mai 68... Une vingtaine d'enfants, dont notre père, y sont élevés en collectivité. Malheureusement, les jalousies et les difficultés nourries par le quotidien de la vie en communauté y deviennent de plus en plus pesantes... Peut-être est-ce une des raisons pour lesquelles cette histoire est tombée dans l'oubli, et que personne n'avait pris la peine de nous la raconter jusqu'alors. Pourtant, beaucoup d'intellectuels, d'artistes et d'hommes politiques y ont fait leurs armes : Jacques Julliard, Jean Lebrun, Ivan Illich, Chris Marker, Jacques Delors et aussi... Emmanuel Macron. C'est grâce à leurs récits et confessions que nous avons pu renouer avec notre histoire : transformer un idéal difficile en récit familial et politique. ».
L. et H. Domenach.
Dans Les murs blancs, Léa et Hugo Domenach ont uni leur talent pour faire revivre la communauté d'intellectuels, dont faisait partie leur grand-père, Jean-Marie Domenach. Après des années de minutieuses recherches et de rencontres avec les descendants de cette intelligentsia, ils nous livrent, avec de nombreuses anecdotes, le passionnant récit de ce que fut cette expérience originale.
A Châtenay-Malabry, dans une propriété appelée Les Murs Blancs, s'est installée une communauté d'intellectuels et leur famille. Sous l'égide d'Emmanuel Mounier, promoteur du personnalisme et créateur en 1932 de la revue Esprit, ce fut une sorte de phalanstère chrétien. Ce lieu pensé dans les années 1930 ne fut actif qu'après-guerre. Il perdurera jusqu'en 2005. Tous ces intellectuels ayant une forte personnalité, les dissensions furent nombreuses et il leur fut difficile de garder l'idée de départ, surtout après le décès de Mounier. Avec le philosophe Paul Ricœur, la notion de personnalisme perd de son attractivité mais le groupe s'engage dans des combats sociaux et contre la guerre d'Algérie. Certainement trop âgés, trop bourgeois et heurtés dans leur foi par la libération sexuelle, ces chrétiens de gauche ont peu adhéré aux idées de Mai 68.
L'approche des auteurs qui mettent l'accent sur le quotidien des familles, m'a permis de faire connaissance avec ces intellectuels dont, pour la plupart, je n'avais jamais entendu parler. Et oui, je suis assez ignare ! Alors que je n'aurais pas lu un livre de philosophie, ce récit m'a permis d'approcher ce groupe de pensées du milieu du siècle dernier. Je ne sais toujours pas ce qu'est exactement le personnalisme cher à Mounier, même si j'ai tout de même fort bien compris qu'il s'oppose au totalitarisme comme à l'individualisme. Un livre qu'il me faudrait relire en approfondissant certaines notions.
A noter que dans cette communauté novatrice le rôle des femmes, quoique instruites, est relégué aux tâches ménagères, à la procréation et, parfois, à conduire la voiture quand Monsieur ne savait pas.
https://ffloladilettante.wordpress.com/2024/07/24/les-murs-blancs-de-lea-et-hugo-domenach/
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