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Les maîtres ne sont nulle part

Couverture du livre « Les maîtres ne sont nulle part » de Philippe Gaillard aux éditions Baudelaire
  • Date de parution :
  • Editeur : Baudelaire
  • EAN : 9782355084539
  • Série : (-)
  • Support : Papier
Résumé:

... La plus sûre des vérités est devenue celle-ci : les maîtres ne sont nulle part. C'est une vérité tragique, une tragédie, celle de Sisyphe, de Prométhée, de tant d'autres mythes : les maîtres ne sont nulle part. Non pas qu'ils soient introuvables, donc invisibles et par là même encore... Voir plus

... La plus sûre des vérités est devenue celle-ci : les maîtres ne sont nulle part. C'est une vérité tragique, une tragédie, celle de Sisyphe, de Prométhée, de tant d'autres mythes : les maîtres ne sont nulle part. Non pas qu'ils soient introuvables, donc invisibles et par là même encore maîtres, mais en nul lieu, en nul endroit, nulle part. N'en cherchez plus, vous n'en trouverez plus puisqu'ils ne sont nulle part. Ce n'est pas tant la culture du pessimisme ou encore le nihilisme qui ont déplacé les maîtres dans " un nulle part " que l'intelligence paradoxale des êtres qui, dans une impossible accoutumance, s'adapte même à l'inconcevable. La soi-disant culture de l'instant y est peut-être pour quelque chose. Il faut de plus en plus de solidité pour résister à ce monde entièrement dévolu à l'argent, à la technique, à la quête d'une identité par le travail ou à une absence de personnalité civile dans le chômage et la paupérisation. Ca ne durera pas longtemps, mais ça fait longtemps que ça dure. La petite bourgeoisie a tout envahi. La petite bourgeoisie est devenue avare d'elle-même. Comme il n'y a plus vraiment de haute bourgeoisie non plus... Dans ce no man's land quelle part de maîtrise du monde apporter à nos semblables ? Ca craque de partout, rien n'est maîtrisé, tout paraît anarchique, exactions, abus, fraudes, corruptions, que rien ne pourra ni ne peut arrêter, car les systèmes économiques sont tellement imbriqués qu'il est impossible de stopper tel trafic pour satisfaire la morale. Pas un être humain n'échapperait ainsi au ravalement d'un monde dont le principe socialiste serait l'outrageuse banalisation de toutes les valeurs, de tous les talents, aptitudes, positivités dans laquelle surgirait dès sa naissance tout être humain. Sa venue au monde serait alors irrémédiablement vouée à cette déréliction en dépit des ambitions parentales. Vivre serait se fondre dès sa naissance dans une société programmée, sans loi, sans morale, dans le droit fil d'un devenir barbare : sans possibilité de lieu de maîtrise, pas même le complexe d'oedipe cher à la psychanalyse comme recours. Avenir sombre, accablant, camusien, kafkaïen, où tout recours à la bonne littérature serait sa seule consolation. Peut-être la lecture serait-elle alors une forme unique de maîtrise.

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