Sept titres à découvrir parmi les 21 romans de la 13e édition du Prix Orange du Livre
L'hyène est un animal perfide dont le cri est un rire qui laisse imaginer sa cruauté. Les plus retorses sont les femelles qui dominent les mâles, les matent, les dévorent. Elles ne s'accouplent que pour se reproduire. Terrorisent ceux qui les défient. Et enseignent méticuleusement à leur descendance à faire de même. Sur ce point néanmoins, les femmes de la famille de Blanche, qu'on surnomme les hyènes parce qu'elles ont tous leurs traits, ont failli. Preuve en est, ce matin, Blanche, 44 ans, s'apprête à annoncer à sa mère qu'elle sera la dernière hyène de sa lignée puisqu'elle a décidé d'avorter.
Le temps d'un déjeuner, la narratrice déroule ses souvenirs et convoque à la table ses ancêtres, Clara, Louise-Huguette, Georgette, pour raconter l'histoire de sa famille, et expliquer son geste. Surgit un monde ancien où les femmes se transmettent, non l'amour et la tendresse, mais la rage, la haine des hommes et la soif de vengeance. Un cycle de violence auquel Blanche n'échappera pas tant elle sait que les traumas de nos aînés informent jusqu'à nos gènes, mais auquel elle met fin. A travers ce récit familial sur cinq générations, Annie Ferret remonte le cours du temps pour montrer comment le legs familial ne se résume pas à l'ADN et retrouver la source de cette colère, le premier acte qui fit un jour d'une femme, une hyène.
Sept titres à découvrir parmi les 21 romans de la 13e édition du Prix Orange du Livre
Le jury, enthousiaste et passionné, a choisi 21 romans français
Comment écrire des chroniques littéraires enthousiasmantes ? Faites le plein de bons conseils !
Blanche, 44 ans, est la dernière d’une lignée de femmes aux caractères mauvais, qui se plaisent à faire le mal autour d’elles et à terroriser. Blanche est la dernière car elle a décidé de ne pas mener à terme cette grossesse qu’elle vient de découvrir. Blanche est la dernière car elle ne veut pas perpétuer cette espèce de malédiction qui semble poursuivre les femmes de sa famille et qui les rend inaptes au bonheur et à l’amour. Blanche sera la dernière, car en se penchant sur le passé de ses ancêtres qu’elle a surnommées les hyènes, elle a découvert de sombres secrets et un héritage bien trop lourd à faire porter. Au fil de ce récit, le lecteur fera ainsi connaissance des aïeules de Blanche : Louise-Huguette, l’arrière-grand-mère ; Georgette, la grand-mère ; Colette, la mère. Et Clara, l’arrière-arrière-grand-mère. Celle par qui le drame est entré dans la famille pour se transformer en traumatisme qui se transmet de génération en génération.
Ce récit a le pouvoir des contes et légendes d’autrefois, habités par des malédictions, des enchantements, des croyances, des jalousies qui régissent les actes de chacun. Si ces hyènes sont à la fois hideuses et haïssables, les hommes qu’elles épousent ne valent guère mieux face à ces femmes dures. Aucun amour ne se transmet de mère à fille ni même de sœur à sœur. Le drame originel les a montées les unes contre les autres et toutes contre le reste du monde. En faisant ce travail de mémoire, Blanche cherche à s’approprier ce terrible passé mais aussi à s’en délester pour interrompre cette chaîne de haine et retrouver sa liberté.
Les mots, les actions, sont parfois d’une violence terrible, loin d’une image idéale de la mère et de la femme douce et aimante. Il fallait oser prendre ce contre-pied et faire ce chacun de ces personnages de femmes un être de plus en plus amoral et abject au fil des transmissions. Mais Annie Ferret dénonce aussi le pouvoir d’hommes qui se sont crus tout permis, car la férocité des hyènes trouve sa source dans une cruauté originelle qui provient des hommes et sur laquelle s’est bâtie toute la malveillance de ces femmes qui de victimes ce sont faites bourreaux pour survivre.
Le thème et le traitement de ce récit sont véritablement originaux et cela est à saluer pour un premier roman car Annie Ferret n’a pas choisi la facilité avec ces portraits de femmes dont aucune ne suscite d’empathie mais bien plutôt une profonde répulsion. Cela se lit d’une traite, en apnée. On ressort de cette lecture bousculé, perturbé dans ce que cela a de plus positif pour un lecteur.
Un tres très bon livre vraiment une hitoire passionnante ,,bravo pour votre choix ,je l ai recue grâce à vous merci encore venez le decouvrir
Les hyènes.
Pour son premier roman, Annie Ferret a choisi de mettre en scène une lignée de "bonnes femmes mauvaises" se transmettant génération après génération, une tache de naissance café au lait, et une férocité toute animale.
Blanche, 44 ans, est la dernière descendante de cette branche trouvant son origine dans le viol d'un paysanne, de quoi vous ancrer la haine des hommes dans l'âme de génération en génération.
A un tournant de sa vie, elle a besoin de prendre une décision cruciale. Pour cela, elle devra replonger dans le passé de ses désagréables ancêtres.
Une fois entamé, j'ai eu du mal à lâcher ce roman, que j'ai d'ailleurs dévoré en une après-midi. On passe d'histoire en histoire, de secret enfoui en secret révélé ; on veut tout savoir, connaitre l'origine de la malédiction, comprendre enfin.
Il y a un côté fable, réhaussé par les croyances évoquées dans le roman, par les ragots qui à force d'être colportés, finissent par tenir lieu de légende.
Il y a également un aspect roman de terroir, qui n'a pas été pour me déplaire, qui m'a rappelé une grande partie de mes lectures d'adolescence.
« Même seule, la hyène n'a pas peur de capturer un gnou de cent soixante dix kilos. Et elle mange tout ce qui passe à sa portée. Sabots, cornes et poils. Quand ses sucs gastrique n'en viennent pas à bout, elle est en forme une pelote qu'elle rejette comme un hommage à sa gloutonnerie. À cause de tout le calcium contenues dans les os de ses victimes, les déjections de l’hyène sont blanches et cendrées : de la merde de vieille sorcière chenue. »
Derrière ce portrait attendrissant, se dressent trois générations, et même un peu plus, de femmes à la fois maudites et mauvaises. Des hyènes. Au langage cru et blessant. Conduisant à la folie ou à la morgue par des chemins que la morale réprouve les petits maris, qui payent une facture globale.
Alors pour comprendre son héritage familial, et prendre une décision à propos de la grossesse qu’elle vient de découvrir, Blanche questionne, interroge, et recueille les confidences altérées par les affres de la dégénérescence intellectuelle. Mais peu à peu malgré tout l’histoire se dessine et la violence s’explique.
C’est donc le roman de la transmission, de la nécessité de connaître l’histoire fondatrice, de remonter le cours du temps pour comprendre ce qui a pu advenir pour qu’un jour on n’ait pour seule symbole archétypique féminin de cette lignée un animal aussi sympathique que cet animal sauvage au rire diabolique.
Le roman est soutenu par une écriture vive, parfois crue, avec des dialogues qui reproduisent l’état d’esprit des interlocutrices, au moyen d’une langue vernaculaire qui sent bon le terroir, et qui finalement apporte un peu de légèreté au propos.
Premier roman virtuose, décalé, et féministe sans langue de bois.
https://leslivresdejoelle.blogspot.com/2021/03/les-hyenes-dannie-ferret.html
PREMIER ROMAN
L’hyène est un animal dont le cri est un rire qui laisse imaginer sa cruauté. Les plus retorses sont les femelles qui dominent les mâles, les matent, les dévorent. Elles ne s'accouplent que pour se reproduire, terrorisent ceux qui les défient et enseignent méticuleusement à leur descendance à faire de même.
Blanche a surnommé les femmes issues de sa lignée maternelle "la dynastie des hyènes". Il s'agit de sa mère Colette, sa grand-mère Georgette et son arrière-grand-mère Louise-Huguette. Blanche les appelle "la vieille", "la très vieille" et "la très très vieille", ces femmes se détestent entre elles, détestent les hommes et transmettent cette haine et leur soif de vengeance à leurs filles. La haine est leur moteur et "le goût de la chasse, un exutoire nécessaire".
A 44 ans, Blanche est face à une décision importante, va-t-elle avorter pour rompre cette chaine de haine, pour ne pas reproduire le schéma familial ? "Pardon, mon enfant, je ne suis pas sûre que j'aurais pu faire de toi autre chose qu'une hyène, pardon, ma toute petite... Elle songe aux héritages invisibles qui ne laissent aucune trace dans les souvenirs, ces legs que l'on transmet sans le vouloir, dons vénéneux qui coulent avec le sang."
Toute petite déjà Blanche s'intéressait à l'histoire familiale, explorant l'antre de ses aïeules, à la recherche de révélations, hantée par les mots de sa grand-mère, la vieille Georgette, traumatisée par la violence de cette femme qui l'a à moitié élevée, lisant des lettres qu'elle n'aurait pas dû lire, écoutant des conversations qu'elle n'aurait pas dû entendre... Depuis longtemps elle a entrevu un secret...
Le temps d'un déjeuner avec sa mère, elle déroule ses souvenirs et convoque à la table ses ancêtres, Clara, Louise-Huguette, Georgette, pour comprendre pourquoi les femmes de sa lignée haïssent tant les hommes avant de décider si elle garde ou non l'enfant qu'elle porte.
A travers l'histoire d'une famille sur cinq générations, l’auteure nous offre une approche originale de la question de la transmission inter générationnelle. Selon l'analyse transgénérationnelle les traumatismes et non-dits vécus par les ancêtres d'un individu se répercutent sur lui. Le legs familial ne se résume pas à l’ADN. Blanche va remonter son histoire familiale jusqu'au traumatisme originel subi par Clara, née vers 1886, son arrière-arrière grand-mère.
La famille vit depuis plusieurs générations dans un petit village picard, Annie Ferret restitue parfaitement le parler des villageoises, l'atmosphère faite de croyances populaires, de rumeurs, de légendes, d'histoires de sorcellerie et d'envoûtement du début du 20ème siècle à l'époque où Clara vivait dans le village. Une époque où des femmes pouvaient être qualifiées de sorcières entrainant la malédiction sur toute leur famille.
Racisme, violences sexuelles, humiliations, combat pour la possession de la terre, cupidité ont fait naître chez les ancêtres de Blanche une colère et une haine qui traversent les générations. En reconstituant le puzzle de sa famille Blanche comprend l'héritage qui pèse sur ses épaules mais, contrairement à ses ancêtres soumises au pouvoir masculin sur leur corps, elle est une femme libre et dispose de la liberté d'enfanter ou non.
Avec une construction narrative habile et une écriture vive, Annie Ferret sait parfaitement entretenir le suspense rendant la lecture de ce roman complètement addictive. Une belle réussite.
Voilà un primo-roman tout à fait singulier, qui sort des sentiers battus à de nombreux égards.
Le titre n’est déjà pas des plus engageants quand on sait que, dans l’inconscient collectif, les hyènes sont associées à la laideur, à un horrible ricanement, à la charogne qu’elles dévorent sans presque rien laisser. Il ne fallait donc pas s’attendre à un roman doux, tendre, feel-good !
Et effectivement, ce roman est dur, violent, fort, percutant, saisissant.
Blanche, 44 ans, qui est la dernière d’une lignée de femmes qu’elle surnomme les hyènes, ne veut pas d’enfant pour pouvoir interrompre la chaîne de haine que les mères transmettent à leur fille, depuis Clara, née vers 1886, l’arrière-arrière grand-mère. Blanche apprend qu’elle est enceinte et avant de prendre la décision de garder ou pas son bébé, elle veut découvrir l’histoire de ces femmes, dont elle n’a pu capter qu'une sensation de peur et quelques bribes quand elle était enfant.
Depuis Clara, violée alors qu’elle était enceinte, les mères transmettent, par leur gènes et par leur comportement, le trauma originel, d’autant qu’elles ont dû, chacune à leur tour, subir le désir violent des hommes. Mais de victimes, elles sont devenues bourreaux et ont retourné leur haine contre leur mari et leurs enfants. Ces femmes sont cruelles, cupides, jalouses et ne veulent que faire du mal.
Ce roman nous offre aussi, sur une centaine d’années, la peinture d’un petit village de la campagne picarde, où les haines et les animosités ancestrales autour de la possession de la terre, de la femme, se transmettent de génération en génération. Les rumeurs naissent d’un rien et finissent par devenir des vérités qui ostracisent celles et ceux qui en sont victimes, les livrant à la vindicte populaire.
Finalement, on comprend que l’image de la hyène, aussi choquante soit-elle, décrit très bien ces femmes ayant perdu toute humanité face à la violence subie, devenues chefs de meute par écrasement des hommes de la famille. Je me suis demandé, à la fin de ma lecture, si un homme aurait pu écrire un tel roman sans se faire étriller, un roman où les femmes sont tellement abjectes qu’on finit par oublier pourquoi elles le sont devenues.
Beau tour de force de cette auteure qui nous livre, avec talent, un roman puissant qui ne peut laisser indifférent.
Dans la famille de Blanche, les femmes dominent et sont mauvaises comme des hyènes. Avares, médisantes, ou suspicieuses, elles sont frappées depuis des générations par un feu de haine au creux de leur ventre qui ne s’éteint jamais. Pour rompre avec toute cette violence et briser cette malédiction, Blanche ne souhaite pas avoir d’enfant et tente peu à peu de comprendre l’histoire de sa lignée. Quel trauma transgénérationnel peut déclencher une telle haine ?
Je vais le répéter, mais j’ai trouvé ce roman incroyable. Le cœur de cette œuvre est bercé par un thème qui m’intéresse depuis de nombreuses années pour sa pertinence : les mémoires transgénérationnelles. Celles-ci s’appuient sur l’étude de l’arbre généalogique d’un individu pour expliquer ses comportements et traumas actuels qui traversent les âges. Ainsi, il est tout à fait possible de ressentir par exemple, des angoisses profondes sans raison apparente, qui sont en réalité transmises par votre grand-mère, la peur au ventre, sous les bombes de 1939-1945.
Ici, c’est un peu pareil. La douleur et la colère traversent les générations de la famille de Blanche. A travers la quête de ce personnage principal, les rapports entre les hommes et les femmes sont au centre de tout. Plus particulièrement de la cruauté masculine sur le corps féminin, les abus sexuels.
En lisant ce roman, j’ai eu la sensation de prendre part à un secret. Il est de ces intrigues où , vous aussi, lecteur, vous devenez personnage en toute omniscience. Vous prenez part aux non-dits familiaux et sortez les fantômes du placard. Vous vous immiscez dans l’intimité décousue, traumatique, et découvrez l’impensable. Bientôt, leur histoire devient la vôtre. C’est en cela que réside toute l’atmosphère de ce roman. Nous sommes projetés dans la cuisine de la bâtisse branlante aux chaises en formica et l’on écoute l’histoire. Ces femmes-hyènes en veulent aux hommes pour leurs actes et reproduisent le schéma familial encore et encore. C’est triste, mais c’est aussi très beau. Dans la complainte et la douleur émane la rébellion.
Blanche porte bien son nom et tente de signer un traité de paix avec ce passé maudit. En cela, chaque personnage est mûrement travaillé pour créer une personnalité unique tout en gardant ce lien filial qui unit ces femmes. Une prouesse d’écriture et de construction narrative.
Ce roman est sûrement celui que j’attendais depuis longtemps dans ma bibliothèque. Sans être profondément encré dans un féminisme moderne, il met en lumière la femme « propriété » des hommes au cours des siècles, celle qui doit se soumettre à la violence des envies sexuelles masculines, celle qui se doit d’enfanter et d’être une bonne maîtresse de maison. Le tout, évoluant progressivement vers son inverse : une femme libre d’enfanter ou non, un électron qui gravite seul. J’ai été impressionnée par Les Hyènes, mêlant fiction et terribles vérités. Ce premier roman d’Annie Ferret est magistral.
Son rire sardonique, son goût pour les charognes, son aspect peu engageant ont valu à l'hyène le mépris des humains. Seul mammifère capable de se nourrir en croquant des os, l'hyène tachetée est pourtant un précieux éboueur. C'est aussi un grand chasseur et un animal original par son organisation sociale, où dominent les femelles. Larousse encyclopédie
Les hyènes c'est le surnom qu'a donné Blanche 44 ans aux aïeules de sa lignée maternelle dont les femmes se succèdent toutes plus méchantes les unes que les autres. En lutte perpétuelle les unes contre les autres mais aussi contre les hommes, les géniteurs ou les frères; de vraies charognardes. Blanche s'interroge à l'aube d'un tournant dans sa vie, elle qui n'a jamais voulu d'enfant. Elle part à la recherche de la source de leur méchanceté en bousculant mémoires, secrets et traumatismes. Elle veut comprendre, elle veut savoir. Et le lecteur aussi.
Un roman qui fait partie de ces trop rares romans addictifs que l'on ne lâche qu'à contre-coeur parce qu'il faut bien continuer de vivre en dehors de la lecture... Un roman rythmé, captivant, ensorcelant qui restera longtemps dans ma mémoire, dont la force et l'impact m'ont fait penser aux Furies de Lauren Groff, un must.
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