"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
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Durant un été, Clara et Chloé amies de toujours, vont tenter de se reconstruire de leur mal-être dans le chalet de leur enfance.
Mikella Nicol possède un très beau style : limpide, poétique malgré le sujet lourd, et qui donne tout de suite envie de continuer car c'est de plus en plus rare de trouver ce type de beauté dans l'écriture.
Je me suis vue dans cette forêt avec ces sœurs de cœur. J'ai partagé leur tourment, leur peur de la vie. C'est un roman court, sombre, touchant qui bouleverse. Le seul petit bémol que j'apporterais à cette critique et ce pourquoi je n'ai pas mis 5 étoiles, c'est qu'il n'est pas facile de savoir si c'est Chloé ou Clara qui parle, on doute à chaque page. Peut être d'ailleurs cela est-il fait exprès pour confondre ces deux être si unis.
Merci en tout cas à Lecteurs.com et Le Nouvel Attila pour cet envoi et la découverte de cette si jolie plume.
Chloé et Clara se sont toujours senti des étrangères. A peine sorties de l’adolescence, ces deux jeunes femmes blessées dans leur corps et dans leur cœur, sont de celles qui n’ont jamais su « quel pied mettre devant l’autre pour continuer».
La brune et la blonde, la grande et la petite, elles ont noué depuis leur enfance, une amitié puissante et indéfectible qui les porte dans leur vie quotidienne tourmentée.
Et c’est dans le chalet de leur enfance, probablement proche de Chicoutimi, dans un lieu superbe et sauvage au bord d’un lac, qu’elles vont tenter de retrouver, loin de tout, un nouvel élan vital.
Un roman à deux voix, deux vies qui n’en deviennent qu’une lorsqu’elles sont ensemble, chacune parlant de l’autre et de ses blessures et cherchant, dans la douceur d’un été, la raison d’être qui lui échappe.
Les filles bleues de l’été est un court roman, rythmé par la parole de ces deux jeunes femmes qui, dans d’intenses et brefs chapitres, explorent la difficile entrée dans l’âge adulte.
Mikella Nicol, avec des mots doux et poétiques imprégnés de la beauté d’une nature omniprésente, ouvre sous nos yeux le gouffre du mal-être et nous montre à quel point l’équilibre ne tient parfois qu’à un fil.
J’ai été très touchée par ce premier roman émouvant et douloureux qui nous interpelle sur les fragilités de l’adolescence et sur les failles qu’elle enracine insidieusement dans les cœurs trop sensibles.
Deux amies, deux soeurs de coeur, unies par un lien indéfectible et liées par une souffrance infinie. L’une ne se remet pas d’une rupture amoureuse, l’autre souffre d’un mal plus profond, ancré dans son esprit prenant son corps pour cible. Tour à tour, elle parleront l’une de l’autre, de leur main tendue en vain, de leur famille et de tout ce qui les mine. Un été en forêt les a pour un instant apaisées. Le retour à ville est un révélateur, ce monde n’est pas fait pour elle.
Ce roman de l’amitié, de la sororité et de la folie est sombre. L’issue est inéluctable, à la manière des grands romantiques du dix neuvième siècle. Il n’existe pas de recours autre que l’alliance dans la souffrance et l’évasion d’un monde qui n’est pas fait pour elle.
Si l’écriture est remarquable, le thème est déprimant, malgré l’ode à l’amitié, le contraste entre la relation fusionnelle qui ne parvient pas à vaincre le mal-être, maladie d’amour ou dépression, donne un récit noir et pessimiste. A ne pas lire en période de déprime.
Premier roman de cette rentrée littéraire d’automne 2022 dans une édition française, Les filles bleues de l’été est paru il y a plusieurs années au Québec.
144 pages Nouvel Attila 22 Août 2022
Prodigieux, intense, un hymne à elles, Clara et Chloé, jeunes filles d’écorce et de mousse. Marche lente dans un livre huis-clos, rien que pour elles. On reste en assise dans ce texte au regard franc, vif et intrinsèque. Contemporain, stupéfiant de profondeur. La beauté des sentiments qui ne cèdent rien à la dernière marche des aspérités.
Lire, c’est étreindre le plus léger des gestes. On pressent le ralenti, l’heure prononcée de Mikella Nicol. Une narration robe blanche et marelle entre ciel et terre. Elles sont ici. Clara, divinement amoureuse dans les triomphes de la gloire d’une osmose au possible devenir. Malheureusement, le fil est rompu. L’amour radeau de Géricault , Clara est en dérive.
Chloé est égarée dans les méandres de ses angoisses. Peurs abyssales, le monde trop bruyant, les lumières de la ville, endormies. Chloé est une coquille dans son lit de meurtrissures et de chairs scarifiées.
Elles, siamoises, gémellaires, l’enfance : le lac spéculatif qui ordonnait pourtant les communions charnelles, les balançoires jusqu’au ciel, les rires clairs et le diapason d’une complicité originelle.
Chloé se meurt. L’hôpital, pansements sur les blessures mais pas sur les maux. L’oiseau grappille quelques miettes de pain.
Une robe noire, fantomatique, armure sur un corps qui ne cherche que la sérénité, la paix cyclique de la nature prête à pardonner. Chloé soit s’efforcer, rocher de Sisyphe, Clara soudée à elle. Les épreuves lianes et le retour ensemble dans le chalet en bois des parents de Chloé. Havre, Arche de Noé, barque et berceau, retirées du monde pour œuvrer au bon, au beau, au charnel, à cette fusion, lave de volcan.
Le lac inspirant, complice et ses reflets qui ne repoussent que les pudeurs et les interdits. Elles ont couronnes de solitude, forêts et pinèdes. Le plancher qui craque et lit fœtus.
« Les souvenirs ne sont pas les gens : ils ne nous délaissent pas. »
Elles allongent leurs jambes jusqu’à l’horizon. Devinent le magnétisme du salvateur. Belles, cygnes, larmes et sourires. Corps brûlants en plein soleil et secrets au fond des bois, guérisseuses d’elles-mêmes, initiatiques.
Le retour à la terre ferme sera une nage en pleine mer houleuse. Clara, l’amour vaste pour cet homme qui choisira l’autre femme, jamais nommée. Parabole de la chute.
Chloé va affronter ses démons, réveillés en sursaut dans le spartiate de sa vie. Elles sont garde-fou, bandeau noir sur les yeux. L’alliance d’une équité dans l’épreuve. Anneau et raz-de-marée, l’adolescence est un envol, l’aigle noir.
« Bientôt le lac sera gelé, et cette idée nous empêchait de dormir. »
L’âge happe ces belles, brusque leurs espoirs. Elle ne sont qu’écueils et lézardes. Foudroyées par le mutisme de l’écho qui seul, pourtant comprendrait.
Clara, désespérée par la perte de l’homme. Chloé, trop fragile pour combattre les diktats du monde. « Entre la nature et le rêve . »
« Les filles bleues de l’été » est un voile blanc claquant au vent. Cercle tragique et libre, immensément libre. L’été est la parole qui annonce ce majestueux livre, le triomphe des mots qui savent.
On pleure, parce qu’on pense. On ne vagabonde pas dans un tel livre, on lui doit le respect.
Clara et Chloé, jusqu’au point final.
À noter : La photographie de couverture de Claudine Doury («Nous n’irons plus au bois »,2018), conte la fin de l’enfance de sa fille.
Fondamental, magistral et immensément féminin. Publié par les majeures Éditions Le Nouvel Attila.
La rentrée littéraire nous offre aussi des textes inclassables, des textes hors du temps, hors des repères, hors de nos références habituelles. C’est l’un de ceux que nous propose l’auteure canadienne Mikella Nikol par le biais de sa maison d’édition française. Publié il y a déjà quelques années outre-Atlantique, en 2014, les éditions Le Nouvel Attila en fait l’un de ses titres de la rentrée : iconoclaste, au même titre que cette maison d’édition. Ce texte pose immédiatement une atmosphère très poétique, au beau milieu des forêts luxuriantes du pays nord-américain, et qui met en première ligne les jeux de sonorités et d’échos, par sa forme. Parce que c’est un roman à deux voies, celles de Chloé et Clara, deux amies qui ne se parlent pas, mais dont on lit le flux de pensée à tour de rôle. La nature est comme cette troisième personne qui manque à ce duo, foisonnante de bruits, d’odeurs et de couleurs. De vie, éclatante, et paisible à la fois. Ces quelques étincelles qui leur manquent à toutes les deux. Le charme fonctionne, immédiatement.
Deux amies écorchées vives, Chloé et Clara, deux prénoms qui déjà qui portent ces échos, ceux de leur douleur respective, et qui viennent chercher au sein de cette forêt réconfortante un apaisement pour panser les blessures. Aucun autre élément de plus, dans ce texte, qui est d’une beauté simple, pure et délicate. Et pourtant, ce n’est pas la sérénité et la joie qu’il porte entre ses lignes, bien au contraire. Il est le support des névroses de ces deux amies, qui fonctionnent à circuit fermé, l’une face à l’autre, au creux du nid douillet que constitue le monde brut de cette forêt, qui a exorcisé toute trace d’humain. Et de temps, de lieu : à peine saisit-on au vol la présence de ces érables qui la composent.
À travers ce texte qui en est presque poésie en prose, les filles s’octroient la parole en focalisation interne, alternativement, dressant un dialogue muet entre elle, un ballet de question et de réponses inexprimées. Elles vivent ensemble, s’observant à la dérobée, divaguer entre chalet et lac, lit et feuillage, tentant de se comprendre, tout en se repaissant des forces primaires d’une nature presque vierge. Guérir les mutilations auto-infligées de Chloé, peu apte à cette vie qu’elle s’inflige, surmonter la peine de cœur de Clara, pudiquement reléguée dans à l’ombre de la souffrance de son amie. Revenir à un état presque naturel pour renaître de ses cendres. On ressent presque la douce bise de cette retraite salvatrice, presque hypnotique, l’air frais, odorant et immaculé de ce lieu jalousement préservé. Et quand le retour de la société se fait ressentir, c’est un coup de glas retentissant à cet exergue de paix : dès lors que la vie reprend son cours, le quotidien, le travail, les gens, c’est l’effondrement progressif d’un moi qui s’était à peine reconstruit. Le chalet, la forêt, le lac, apparaissent symboliquement comme cet Eden, ou paradis perdu, mais la pomme a été croquée et le paradis violé par cet extérieur intrusif et dégradant. Pas de retour en arrière possible dès lors que les hommes ont sali leur paradis.
J’ai perçu ce texte comme un instant de fraîcheur, entre deux titres plus consensuels, il ne s’attache pas aux standards habituels de la littérature de fiction, ce qui va dans la dynamique du texte qui met en son centre deux personnalités meurtries qui ne parviennent à se fondre dans les moules sociaux qu’on veut bien leur imposer. J’ai eu l’impression de lire les vies de Chloé et Clara en filigrane d’un papier de soie qui finit par se consumer en fin de livre, ne laissant place qu’à la consistance des dernières impressions et derniers souvenirs de lecture. C’est une écriture qui se lit volontiers à voix haute, pour mieux faire vivre la sonorité de ses mots qui ricochent entre eux, comme le regard qu’elle se porte l’une à l’autre.
" Nous avons vécu le bonheur duquel on ne se relève pas."
Deux jeunes filles de vingt ans, Chloé et Clara, cherchent à guérir de leurs blessures, du mal et de la peur qui les hantent. Chloé a basculé dans l'anorexie et la folie, "elle n'avait plus su porter son image sur ses épaules." et Clara, "épuisée de chagrin, lourde de haine", ne se remet pas d'une blessure d'amour.
Tout l'été elles se réfugient dans la maison de leur enfance dans la forêt au bord du lac. Elles ont un été pour se reconstruire et se retrouver, loin d'une civilisation qui les étouffe. Les journées se résument à des siestes, du silence, des cigarettes, des bains dans le lac, assises le soir face au lac "avec des piles de souvenirs entre les jambes", elles puisent leurs forces dans ces moments, dans leurs silences, dans leurs souvenirs " Notre force résidait encore dans l'enfance, avant que l'on attrape les maladies, la colère et les peurs des grands."
Quand le moment de revenir en ville arrive, elles appréhendent de quitter ce lieu où il leur semble avoir réellement vécu, elles appréhendent la rumeur de la ville, la rumeur de la vraie vie, le retour aux autres. " Nous avions été tellement loin. Plus près des étoiles que du battement des voitures. Plus près des oies sauvages que des membres de notre espèce... Ici, dans la ville, nous n'adhérions à rien... En ville, il ne faisait jamais assez noir pour trouver le repos."
Un jour Chloé prononce ces mots : " Clara, je vais retourner dans l'été... Pour de bon."
Un roman à deux voix qui se mêlent, on ne sait pas toujours laquelle des deux jeunes filles parle mais cela ne gêne nullement tellement leur relation est fusionnelle. C'est une histoire d'amitié démesurée, de quête de l'absolu tout en suggestion, l'auteure ne s'étend pas sur les blessures des deux jeunes filles, elle nous laisse les deviner.
Un court roman d'ambiance au rythme très doux, une histoire infiniment triste portée par une plume très belle, par une poésie qui éclaire le récit. C'est très beau. Une auteure à suivre
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