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Après une rupture, la narratrice de Mise en forme voit ses repères lui échapper. Cloîtrée dans sa nouvelle chambre blanche, elle s'adonne à une pratique intensive du fitness, sculptant son corps pour reprendre le contrôle de sa vie. Mais les promesses des influenceuses ne l'aident pas à se sentir mieux. L'été suivant, en vacances à New York, elle accusera le choc de deux rencontres déterminantes : celles d'un inconnu hostile et d'un livre, The Red Parts de Maggie Nelson, qui lui feront mesurer ses forces et les dangers qui la guettent, elle et toutes les filles de la rue et du web.
Ultime, en résonance, l’œuvre-ballet qui se crée, page à page, dans une orée fascinante et touchante.
L’apogée des gestuelles, l’effort à l’instar d’une composition mentale.
L’abnégation, être une coquille subrepticement refermée sur le monde.
Seule, la chorégraphie corporelle est l’exutoire. La géographie assumée en absolu.
Lire Mikella Nicol, frémir sous l’acuité verbale. Retenir les semblables effluves du splendide « Les Filles bleues de l’été », également aux éditions Le Nouvel Attila.
L’intimité d’un texte à l’instar d’un voile blanc voguant, aérien et irrésistible.
Ici, le corps prend place. La jeune narratrice vit une rupture amoureuse. (Mal).
Elle part chez l’amant. Pleure, dans cette tragédie d’ubiquité.
Rimbaldienne, Durasienne, dévorée de tristesse, angoissée, elle sombre.
La lumière de l’écriture tient le cap. « Mise en forme » est un élixir. Sans pathos aucun. Ici, tout est signifiant, désiré et la tragédie devient une force vitale. Un levier de corps et de mental.
« Il est temps que je ramasse mes morceaux, que je les assemble. »
« La plupart du temps, on ne vit que dans l’attente que nos désirs soient compris, nos peines apaisées, et on oublie de chercher les indices de l’autre. »
Point d’appui, l’éloge complice. Affronter les niveaux, être seulement dans cette corrélation où les souffrances psychologiques fusionnent avec cette démarche. Devenir un corps, juste ça. Sans issue de secours, la vie est trop bruyante encore.
« L’industrie du bien-être m’invite à prendre un moment pour moi, à jouer à la morte. »
Elle est de pluie et de sueur, femme en volonté. Prête à maintenir le cap des résistances. Peau contre peau, la mutation intérieure.
Irradiante de volonté, les mâchoires serrées, comme un objet esthétique devenu, superbe qui cuirasse ses désespoirs et ses peurs.
Elle conte, elle exprime, elle exulte, elle est dans cette magnificence spéculative, où elle affronte les ombres et les écorces, les épaisseurs et le tranchant de ses doutes.
Le corps qui se retourne à contre-sens, picturale et divine, elle parle au nom d’elle, (elles), (ailes), femmes et filles, cercles où le feu social brûle les peaux et empêche le corps féminin d’être son propre sommet, son passeport, l’ultime liberté.
Le Fitness, plus qu’une institution, une arme.
Mais les diktats sont prégnants. La sociologie habille ce témoignage, ce cri, cette noria de révolte. Quid des hommes et d’une salle de sport. Les préjugés comme des poids sous les baskets. Pour eux, la détente, et elles, pour maigrir ou être plus belle et désirable encore.
Le corps est une cartographie politique et puissante d’a priori.
Mikella Nicol délivre ici, les véritables raisons, les contours des malentendus. Elle remet d’équerre la féminité dans l’explosion d’une contemporanéité.
« En ce sens, on peut dire que les influenceuses du fitness sont des narratrices non fiables de l’acceptation de soi. »
Mikella Nicol délivre ici, les véritables raisons, les contours des malentendus. Elle remet d’équerre la féminité dans l’explosion d’une contemporanéité.
Le sacre féminin. Subvertir les regards. La prodigalité.
Publié par les majeures Éditions Le Nouvel Attila.
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