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1584. Le prêtre de Belamar de la Sierra, un petit village d'Aragon à la frontière avec la France, est assassiné, son église profanée. Sur les murs : des inscriptions en arabe. Est-ce l'oeuvre de celui qui se fait appeler le Rédempteur, dont tout le monde ignore l'identité, et qui a promis l'extermination de tous les chrétiens, avec la même violence que celle exercée sur les musulmans ? La plupart des habitants de la région sont en effet des morisques, convertis de force au catholicisme, et qui pratiquent encore l'islam en secret.
À la veille d'une visite royale, Bernardo de Mendoza, magistrat à Valladolid, soldat et humaniste, issu d'une famille juive, est chargé de l'enquête. Très vite, les tensions s'exacerbent entre les communautés, une véritable guerre de religion se profile. Et les meurtres continuent, toujours aussi inexplicables. Entre l'Inquisition et les extrémistes morisques et chrétiens, la tâche de Mendoza va se révéler ardue.
Historien et spécialiste des religions, Matthew Carr nous transporte dans un XVIe siècle d'un réalisme époustouflant. Sa connaissance des moeurs de l'époque, son sens de l'intrigue, son empathie pour ses personnages, font de ce plaidoyer pour la liberté une oeuvre inoubliable.
Avec Matthew Carr, on se retrouve parachuté dans l’Espagne du 16e siècle. Le 16e siècle où l’odeur du cramé des bûchers de l’Inquisition est très présente. Les bûchers flambent pour la gloire de Dieu et pour la paix des âmes innocentes, perverties par le Malin. Les liens entre l’Église et l’Etat n’ont jamais été aussi forts permettant à l’Inquisition de faire ce qu’elle veut de ces malheureux promis à l’enfer…
L’Espagne a été arrachée à cette longue occupation des Maures, qui aura laissée des traces, tant religieuses, culturelles qu’architecturales. Malgré les conversions en masse, souvent par la force… L’Inquisition vit dans un climat de suspicion omniprésent. Ces conversions, sont-elles sincères ? La torture, la terreur sont palpables et la vie de chacun peut basculer du jour au lendemain sur simple doute ou délation.
Le meurtre d’un simple curé, le Rédempteur qui promet le retour du califat en Espagne et c’est le feu aux poudres, enfin aux bûchers dont les cendres ne sont jamais froides.
L’auteur propose plusieurs genres dans son intrigue, y mêlant tout à la fois une aventure digne des trois Mousquetaires, une enquête menée de main de maître avec des personnages brillamment campés, le tout servi sur une toile historique que l’on connaît peu.
Cette densité dans l’intrigue, trouve un large écho dans notre présent et c’est plutôt agréable, même si j’aime beaucoup les thrillers historiques, cela permet de réaliser que l’histoire n’est que recommencement…
En lisant ce bouquin, je n’ai pu m’empêcher de faire le parallèle avec le film de Youssef Chahine « le destin », dont j’ai savouré chaque minute, tellement il était documenté, travaillé. Nous sommes ici dans le même genre, sans lourdeur ou ennui. La plume est visuelle, parfois poétique avec un brin de malice. On retrouve cette atmosphère particulière, sombre, mais poétique avec une enquête qui se révèle un apprentissage de fond comme avec « Le nom de la Rose » de Umberto Eco. Dont l’influence n’est pas loin.
Il y a pourtant dans « Les Diables de Cardona » une modernité sous-jacente qui ne fait que mettre en exergue les limites de notre époque… Je dirais même les régressions de notre époque. La peur de l’autre, de l’inconnu, la haine des homosexuels, la condition des femmes… Bref tout y est sauf que nous sommes au 16e siècle ! Et c’est plutôt effrayant, car on réalise avec cette lecture, que notre modernisme ne fait qu’accroître la régression. Mais surtout, que malgré la modernité, les idées sont toujours présentent et n’ont pas évolué…
Une lecture qui laisse quelque peu un goût amer lorsque l’on observe le peu d’avancement dans le domaine de la tolérance et surtout à quel point la bêtise humaine est toujours présente… Larvée pour certaines, mais prégnantes pour d’autres…
L’auteur ne se contente pas de nous servir une simple fresque historique, puisqu’il l’agrémente d’une belle intrigue policière où le lecteur va tout à tour se perdre entre les fausses pistes et les personnages parfois discutables qui ne sont là que pour brouiller les indices.
Une intrigue brillante, menée avec brio, un page turner qu’on ne lâche pas facilement, tellement la plume est belle.
Avec « Les Diables de Cardona », on se sent plus intelligent en refermant le livre. Non seulement, on a lu un très bon thriller, mais en plus, un pan entier de l’histoire de l’Espagne n’a plus de secret pour nous. C’est malin et c’est bon.
https://julitlesmots.com/2018/10/05/les-diables-de-cardona-de-matthew-carr/
Alerte coup de coeur !
Dès l'incipit, ce qui est formidable dans ce roman, c'est l'art de construire une intrigue fluide, cohérente et tendue ( l'enquête sur la mort atroce d'un prêtre qui précède d'autres assassinats visant des Chrétiens ) dans un contexte historique complexe sans que jamais cela n'alourdisse la trame policière.
Au contraire, l'auteur maitrise tellement cette période de l'histoire espagnole que l'enquête n'en devient que plus passionnante. L'érudition rencontre le brio !
Qui plus est lorsque cette Espagne de Philippe II de la fin du XVIème siècle résonne d'une réflexion profonde sur les travers de notre époque contemporaine :
- une Espagne où le roi peine à tenir la province d'Aragon, largement autonome, avec des grands seigneurs jouissant de privilèges importants et n'entendant pas se faire dicter des ordres centralisateurs.
- une Espagne où la religion a une emprise totalitaire sur une société complètement fermée, où l'Inquisition sévit à sa guise à la moindre suspicion et torture allègrement dans un tourbillon paranoïaque.
- une Espagne où les guerres de religion ne sont pas éteintes depuis la Reconquista catholique, où l'intolérance des « Vieux-Chrétiens ne voit que dans les Morisques ( anciens Musulmans convertis forcés au christianisme ) des suspects potentiels à rejeter voire pire.
Le terreau idéal pour voir prospérer les complots, les manipulations, les luttes entre communautés monothéistes. Cela vous rappelle quelque chose ? C'est là tout le talent de l'auteur que de nous proposer un polar ancré dans le XVIème siècle mais avec une modernité folle.
Et que dire des personnages, tous captivants car aux personnalités riches, complexes, jamais manichéennes : un juge enquêteur issu d'une famille marrane ( juif converti au christianisme ) a connu la déchéance de son oncle englué dans de fausses accusations antisémites, sceptique donc quand à l'emprise de la religion sur la société. Il est aidé de son cousin, bras armé filou, mauvais garçon, ainsi que d'un scribe, un jeune sauvé à Grenade lors des massacres perpétrés par l'armée espagnole pour mater la rébellion morisque, quasi un fils adoptif. le duo entre le maître et l'élève m'a fait fortement pensé à la relation initiatique et forte entre Guillaume de Baskerville et Adso dans le Nom de la Rose.
Captivant jusqu'à la résolution de l'enquête !!!
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