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Cette livraison des Carnets du paysage propose d'interroger la relation entre l'homme et l'animal. On y explore les façons dont nous coexistons avec les animaux, dont nos milieux communiquent, se croisent, se superposent ou entrent en conflit, mais aussi quels sont les enjeux et les effets de ces rencontres sur notre propre humanité, sur l'environnement, les paysages, leurs façonnements et évolutions.
Le numéro se décline en trois ensembles :
- «Croisées», du point de vue de l'homme, tour à tour philosophe, artiste, anthropologue, naturaliste, dans sa relation à l'animal, au sein de la nature, à l'affût, à travers le prisme de l'histoire, de la biologie ou de l'écologie.
- «Trajectoires», du point de vue de l'animal, ses traces, ses comportements, ses mouvements, ses trajectoires, et la façon dont l'homme les appréhende, les interprète, pour y donner un sens - artistique, littéraire, scientifique, géographique.
- «Histoires», autour du zoo, un espace singulier de mise en scène et de cohabitation, soulignant le poids symbolique, culturel et social, des animaux, et sa traduction dans le paysage.
Des contributions artistiques ponctuent les différents articles : des planches de Suzanne Doppelt et François Matton, des dessins d'Alain Freytet, des photographies de Jean-Luc Mylayne et de Thibaut Cuisset, des aquarelles de Pierre Alféri.
Les animaux ont suggéré aux humains une infinité d'images, de fables et de mythes ; mais la domestication de certains d'entre eux, ou leur exploitation industrielle, est désormais naturelle, entérinée. Ce processus est profondément marqué par le passage «de la confiance à la domination», selon Tim Ingold, qui étudie les relations homme/animal dans les sociétés de chasseurs-cueilleurs et de pasteurs.
À la fois omniprésents et dissimulés à nos regards, les animaux contribuent à la connaissance de notre vie, de notre biologie, et servent depuis toujours à fabriquer le paysage que nous habitons. Ils forment un univers fourmillant d'acteurs et de bio-indicateurs qui participent pleinement du «brassage planétaire», comme le définit Gilles Clément.
Nos entrevues avec les animaux sont rares. Jakob von Uexküll analyse cette notion de territoire animal, et cette relation entre milieux animaux et milieux humains. Il faut avoir recours à des stratégies particulières pour favoriser la rencontre: l'affût, évoqué par Jean-Luc Brisson; le retour à la nature, raconté par Gilles A. Tiberghien; le suivi des traces animales, des «voies», tel que l'imagine Jean-Christophe Bailly.
Une fréquentation plus étroite peut nous dévoiler des strates et des disponibilités de l'espace qui se redistribuent avec de nouvelles logiques (spatiales, écologiques, paysagères). C'est le cas des abeilles (essaimage expérimenté par Alice Broillard) ou des papillons (voyage géopoétique du Vecteur monarque de Daniel Canty et Patrick Beaulieu). La confrontation avec les animaux est éminemment culturelle. Il s'agit dans bien des cas de se laisser guider devant autant de mises en scène différentes que d'idéologies et de représentations qui les produisent. Particulièrement au zoo, où la conception et l'aménagement ont évolué en même temps que le regard porté par les hommes sur les animaux.
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