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Les bêtises

Couverture du livre « Les bêtises » de Jacques Laurent aux éditions Grasset
  • Date de parution :
  • Editeur : Grasset
  • EAN : 9782246136415
  • Série : (-)
  • Support : Papier
Résumé:

Depuis 1950, Jacques Laurent a publié plusieurs pamphlets et de nombreux romans historiques sous un pseudonyme célèbre, mais aucun ouvrage comparable aux Corps tranquilles, fresque singulière dans son ampleur, et qui restait jusqu'à présent son oeuvre capitale.

Vingt ans après, Les Bêtises... Voir plus

Depuis 1950, Jacques Laurent a publié plusieurs pamphlets et de nombreux romans historiques sous un pseudonyme célèbre, mais aucun ouvrage comparable aux Corps tranquilles, fresque singulière dans son ampleur, et qui restait jusqu'à présent son oeuvre capitale.

Vingt ans après, Les Bêtises apparaît comme une somme d'une importance égale, mais enrichie d'expérience, de réflexion, d'anecdotes, d'émotion, de portraits, de souvenirs, de rêves et d'inventions qui en font le roman d'une véritable aventure intérieure, poursuivie sur un demi-siècle.

Aventure, c'en est une au sens propre, qui nous conduit de la rue de Mogador à Rio de Janeiro, en passant (plusieurs fois et en fraude) par la ligne de démarcation à Moulins, le port de Marseille, la Croisette, la plage alors déserte de Palavas-les-Flots, les chantiers de jeunesse en Savoie, le Lyon étrange de l'Occupation, les maquis d'Auvergne, la Suisse endormie sur sa paix, l'Indochine à la veille de Dien-Bien-Phu, Singapour, Djibouti, l'Algérie, le Roussillon des abbayes romanes... pour aboutir un temps au Ritz, à Venise, ailleurs encore, et quelque part enfin, dans le ciel brésilien soudain chaviré.

D'étapes en escales, autant de femmes qui se succèdent, humbles comme Mariette la blanchisseuse, passionnées comme Jeanne, compagne des dangers, maternelles comme Mada la gagneuse du Vieux Port, innocemment perverses comme Madeleine et Rosette, les deux petites soeurs de Montpellier, fantasques comme Odette Pâle et ses caprices, ardentes comme Éva la lointaine ou soumises comme Gabrièle la complice... Mais tous ces visages aimés ou surpris l'espace d'une lassitude n'auront jamais pour le héros le rayonnement de Françoise, institutrice à Saint-Léger de Maurienne, la pure, l'unique, celle qui est la Béatrice du difficile paradis où le narrateur s'est aventuré à la recherche de lui-même.

Car le livre entier, dont les quatre parties s'enchaînent plus logiquement qu'il n'y paraît d'emblée, est avant tout une quête de soi, forcenée, à travers les constantes modifications que lui apportent le temps et le monde. D'abord, dans "Les Bêtises de Cambrai", l'auteur nous propose un bref roman de jeunesse inachevé, désinvolte, dont le héros est "un fils de Thomas l'Imposteur et de l'espiègle Lili" : celui qu'il aurait voulu être. Puis, avec "L'Examen", il commente la composition et l'abandon de cette première oeuvre, en venant peu à peu à peindre sa vie "avec un recul qui n'exclut ni l'oubli, ni le plaidoyer, ni la fabrication". "Le vin quotidien", enfin, est un journal, "on rase-mottes", l'oeil sur la cible, pour tâcher de surprendre à l'état naissant ses réactions et ses hantises. Quant à la dernière partie, elle forme une analyse, menée au "fin fond" de sa conscience à la lumière des idées générales, afin d'y découvrir la part de lui qui lui est irréductiblement personnelle.

Autant de mises au point, de plus en plus précises, sous le microscope de l'introspection, et qui finiront par donner au lecteur le sentiment que ce héros sans nom est celui des hommes qu'il connaît le mieux sur terre.

Capable de parler avec le même brio - et le même sérieux - de Conan Doyle et de Maine de Biran, ou d'Husserl et d'Alexandre Dumas, Jacques Laurent suit une démarche parfaitement originale, qui tient autant de l'aventure que de la méditation, de la psychologie traditionnelle que de l'imaginaire le plus surprenant, de l'érotisme comme de la philosophie pure, et de l'égotisme à la Stendhal aussi bien que de la réflexion critique ou de la satire maniée en virtuose.

Monument baroque sans pareil dans la littérature de ces dernières années, et à l'écart des grands courants qui l'agitent assez confusément, Les Bêtises est au sens plein l'oeuvre d'une vie. Celle aussi d'un romancier pour qui l'écriture est le moyen rédempteur d'atteindre à la connaissance de soi jusqu'aux racines de l'être. "Rien de si rare", disait Vigny "que les écrivains dont on voit le fond. Ce sont les plus grands".

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