« Evidemment, c'est Au bar de l'amertume que je me suis trempé dans l'oeuvre de Cavazza. Mais trempé à fond, pour ne pas dire noyé, acceptant - avec réticence au début puis délice en fin de nuit - son errance poétique qui est d'abord une errance ontologique. Une de celles qui ne fait pas de cadeau, aucun cadeau tant elle se perd au plus profond de soi. Avec Les âmes Pénélope, c'est tout un tricotage, un tissage, un filage, un vrai bricolage de sens que nous propose l'auteur. Mais attention, pas de ce bricolage poétique qui n'a rien à dire sur l'essentiel de notre condition, de Notre temps qui s'égare un peu sur le fil du rasoir ! Un bris-collage au sens le plus noble du terme, donc un travail de reconstitutions d'émotions furtives, d'angoisses toujours éphémères qui vous tombent sur la gueule au premier coin de rue venu, au détour d'un comptoir, après un peu d'amour et de sueur, aux confins d'un départ au petit matin, là où Les griffures de l'aube détaillent la chair et la mémoire, les souvenirs et les regrets. La question posée par Gérard Cavazza est donc simple, c'est-à-dire impossible. C'est-à-dire insupportable : comment faire avec de l'épars, du disséminé, du brisé ? Comment constituer une direction qui se tienne alors que, perdu, L'espace est un non-lieu ouvert à tous les vents, laissant à l'auteur l'infinie possibilité de se tenir debout, au monde ?» Bruno Lavillatte.
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