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Lors du commerce triangulaire, quand une femme tombait enceinte sur un vaisseau négrier, elle était jetée à l'eau. Mais en fait, toutes ces femmes ne sont pas mortes. Certaines ont survécu, se sont transformées en sirènes et ont oublié cette histoire traumatique. Un jour, l'une d'entre elles, Yetu, va leur rappeler.
Rivers Solomon est une personne transgenre, née aux Etats-Unis, qui vit désormais en Grande-Bretagne. Elle a rencontré le succès avec son premier roman : L'incivilité des fantômes.
Yetu est historienne, et contre son gré elle seule détient la mémoire des Wajinrus, peuple des abysses un peu sirènes et un peu autre chose, car elle a été désignée pour ça. Pour les délester de l'immense douleur des souvenances, un seul être porte ce fardeau. Une fois par an, la cérémonie du Don de Mémoire lui permet de s'en extraire quelques instants en la partageant avec ses semblables. Car elle vit en partie avec les souvenirs des morts, de leurs souffrances avant, pendant et après. Durant cette cérémonie, les Wajinrus recouvrent la mémoire de qui ils sont, de pourquoi ils sont là, vivant au fond des mers dans les ténèbres abyssales, des souffrances qui les ont amenés là, tandis que l'historienne est provisoirement libérée de l'horreur de tous ces souvenirs. Chez ce peuple là, un seul individu se souvient de tout afin que les autres puissent vivre ignorants et heureux, sauf le jour de ce rite.
Ce récit nous raconte, lorsque le "je" devient "Nous", comme le ferait quelqu'un qui transmet le savoir, l'histoire d'un petit peuple étrange sans mémoire, depuis sa genèse. Étonnamment il a fait surgir en moi les images sous-marines du film d'animation Ponyo sur la falaise des studios Ghibli, sans doute par la poésie qu'il dégage.
Peu à peu, en parcourant les océans, nous découvrons l'histoire des Wajinrus nés de la cruauté des hommes, leur origine et l'horreur des prémices, et pourquoi un seul détient la mémoire.
Mais comment vivre avec une mémoire parcellaire, qui vient par bribes et disparaît aussi vite qu'elle est apparue ?
Il y a quelque chose d'étrange, ouaté et onirique dans cette histoire un peu lente. Ce roman parle de souvenirs douloureux, du devoir de mémoire, du refus parfois de se rappeler le passé car trop laid, trop inacceptable, et du coup, du déni, mais aussi du désir d'émancipation d'une charge trop lourde jamais demandée et d'un besoin irrépressible de liberté. Et ce mot qui revient sans cesse, mémoire, mémoire, mémoire... comme un mantra, comme le tic tac d'une horloge, le son d'une goutte après l'autre, obsédant. Et puis un sentiment d'impénétrabilité de l'abîme que sont les océans, une sensation d'infinité qui donne le vertige. Car, les scientifiques le disent, nous connaissons mieux l'espace et les étoiles que les ténèbres des fonds marins...
Que peut-il y avoir de plus terrifiant et douloureux que d'être jetée d'un bateau en pleine mer, dans cette immensité liquide qui avale tout ?
J'ai eu des moments de doute quant à ce que cette histoire essayait de me dire. Mais je crois avoir compris que l'union fait la force, mais aussi qu'on ne peut pas se construire sans savoir d'où on vient.
Une allégorie qui nous parle du commerce triangulaire en filigrane, la traite négrière comme on l'appelait, et qui restera une tâche sur la mémoire de l'humanité. Une tâche parmi tant d'autres. Il nous parle aussi d'altérité, nous dit que c'est l'ouverture aux autres et à la différence qui ouvre l'esprit et rend heureux.
[Avis lecture : Les Abysses de Rivers Solomon] C'est une lecture que j'avais déjà vu passer sur les réseaux sociaux. Parfois avec des avis dithyrambiques parfois "meh". Après l'avoir lu je pense que les attentes qu'on a jouent sur l'avis global.
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Si on s'attend à lire un roman qui traite du commerce triangulaire, du traitement des esclaves sur les navires etc. via les mémoires de leurs descendants morts en mer, on risque d'être déçu.e. Je pensais même que comme l'histoire se déroule 600 ans après la traite d'esclaves qu'on allait aborder la thématique des migrants.
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Par contre si on souhaite un roman qui parle du devoir de mémoire, de l'importance de connaître son histoire pour mieux connaître son identité en tant que groupe et individu, alors oui le roman va vous plaire. C'est un traitement psychologique des événements qui ont marqué au fer rouge l'avenir de tout un continent.
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D'autres thèmes sont traités : la question de genre, de la place de l'individu dans la société, des normes sociales imposées, d'hyperesthésie...
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Au-delà des thèmes je dois avouer que Yetu, la porteuse de mémoire, ne m'a pas emballée plus que ça. Je l'ai trouvée geignarde, malgré le fait que son comportement s'explique par son histoire. Être Historienne, porteuse de la mémoire de son peuple, est un fardeau qu'elle doit porter au nom de tous les siens... Si j'ai réussi à compatir pour son sort, je n'ai pas eu d'empathie pour elle. Peut-être que cela venait de la forme avec lequelle je n'ai pas accrochée ? Je l'ai trouvé trop alambiquée pour bien ressentir les émotions des personnages.
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Je pense que c'est un 2,5/5 pour moi. Parce que c'est une auteurice engagée qui aborde des thèmes qui m'intéressent. Je suis curieuse de connaître ses autres écrits notamment L'incivilité des fantômes qui se passe dans l'espace.
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TW : deuil, esclavage, pression sociale, hyperesthésie
Ràd : pp & ps noires, descendants d'esclaves, ps queer
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https://www.instagram.com/p/CgxApI8qBjy/?igshid=YmMyMTA2M2Y=
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Cette enthousiasmante histoire a l'audace de s'emparer avec une originalité folle de la tragédie de la traite négrière. Lors de la traversée de l'océan Atlantique, les négriers balançaient par-dessus bord les femmes enceintes. Dans le roman, les bébés à venir naissent sous l'eau avec la capacité d'y respirer comme ils le faisaient in utero entourés de liquides amniotiques. Sauvés par les baleines, ils sont à l'origine d'un peuple sous-marin, les Wajinrus, qui a construit une civilisation à l'abri des abysses.
Ce n'est pas Rivers Solomon qui a imaginé cette histoire fantastique. Tout est expliqué dans la postface signée Daveed Diggs, membre du groupe de hip-hop Clipping. Dans les années 1990, le groupe de techno Drexciya a inventé un mythe afrofuturiste autour d'une civilisation sous-marine, repris par Clipping dans son single The Deep, ajoutant des paroles à la base instrumentale de Drexciya. Jusqu'au roman de Rivers Solomon qui propose à son tour sa version de la mythologie initiale, complétant le récit de la chanson, utilisant les mots du refrain « Y'all remember », en amplifiant le sens pour en faire un élément fondamental de son univers fictif.
Rivers Solomon a construit un très beau personnage pour nous guider dans cette civilisation. Yetu est l'historienne des Wajinrus. C'est la dépositaire de six siècles d'histoire. Elle doit rassembler les souvenirs ancestraux de chaque Wajinru pour permettre à ceux-ci de vivre sans eux. C'est à elle de supporter la douleur du passé jusqu'au rituel annuel du Don de mémoire, où elle doit renvoyer les souvenirs avant d'en reprendre le fardeau. Jusqu'à ce qu'elle craque sous le poids de la mission, se révolte et fuit à la surface de l'océan, vers le monde des Deux-Jambes, celui des hommes.
Les Abysses est un conte, une fable, une parabole. Tout y est allégorie. La réflexion sur l'ambiguïté de la mémoire est très intelligemment menée, à la fois bénédiction et malédiction. le souvenir peut maintenir une culture en vie mais la pratique du souvenir ritualisée de la brutalité passée peut empêcher la vie, nourrir la colère sans se projeter sur un futur constructif. le propos est limpide et débouche sur la thématique de l'identité avec deux choix opposés : se replier sur un communautarisme identitaire ou s'ouvrir à l'altérité dans l'acceptation de la différence, quitte à prendre des risques.
J'ai été fascinée par la poésie des parties sous-marines du récit et la clarté des images qui s'imposaient à moi. Moins par les parties terrestres très naïves, lorsque Yetu rencontre le monde des hommes comme Candide découvre la dure réalité du monde. le récit, est très court mais les informations contemporaines surabondent ( écologie, notions de genre, racisme ) trop pour être traités en profondeur, se juxtaposant en couches sans être totalement embrassées, me laissant une bizarre impression de frustration alors que ce conte est totalement cohérent et très riche. J'avais vraiment besoin de plus de romanesque ou d'un supplément de complexité pour ne pas être laissée sur le quai dans la deuxième moitié du récit.
Les abysses est un ovni à la construction de récit déroutante. C’est une narration à laquelle on accroche ou pas du tout. Il y avait des prémices sur cette façon de construire un récit particulière dans l'incivilité des fantômes mais c’est plus marqué dans ce roman. C’est à la limite de ce qui me convient mais c’est passé. Ce texte est un gros bazar mais un bazar qu’on sent maitrisé, c’est déroutant.
L’histoire commence pendant le commerce triangulaire. Les femmes enceintes étaient lancées à la mer et leurs enfants ont survécu.
La communauté de sirènes qui se met en place passe par différent stade.
Au départ, il garder à tout prix l’héritage culturel et historique. Un jour l’idée qu’il n’est pas possible de vivre heureux en gardant présent ce lourd passé.
Le compromis choisi est de faire perdre la mémoire à toute la population sauf une personne qui garde l’ensemble de l’histoire. Mais que va-t-il se passer si le gardien ne veut pas de sa charge ?
Tout va tourner autour de l’importance du passé et sa gestion.
Faut-il garder son Histoire quelle qu’elle soit pour se construire ? Quand c’est trop sinistre faut-il faire avec, privilégier l'oubli et l'insouciance ou trouver une autre solution ? Comment gérer le fait que les souvenirs sont importants mais aussi oppressants ? Comment trouver un équilibre entre le besoin d’avoir un passé et le besoin d’insouciance ? Qu’est ce qui doit être oublier ? Qu’est ce qui ne doit pas l’être ? Comment être heureux sans passé ou avec un passé très lourd ? Comment ne pas être étouffé par le poids des générations ni être perdu à défaut de racines ?
Les réflexions autour de la gestion de l’Histoire sont passionnantes mais le choix de construction sera trop déroutant pour plaire à la majorité.
Je ne serais jamais allé naturellement vers ce type de roman. C’est à la suite de chroniques élogieuses glanées dans les magazines et sur mes blogs préférés que je me suis intéressé à son cas. Moi qui aime bien sortir de ma zone de confort de temps en temps, j’ai été gâté !
N’étant pas un adepte du genre SF, je suis rentré à tâtons dans ce texte. Mais très rapidement, j’ai été comme hypnotisé. Mon esprit est parti pour ce voyage dans les profondeurs, à la rencontre de ces créatures mystérieuses, à la fois si proches et si différentes de nous. Pris dans le piège, je l’ai presque lu d’une traite tant j’étais pris par l’atmosphère.
Cette aventure marine, aussi fantastique soit-elle, est chargée de métaphores et délivre plusieurs messages implicites. Il aborde de manière figurée l’appartenance à un groupe, l’acceptation de la diversité et les ravages écologiques, le tout en moins de 200 pages. La puissance du propos repose sur cette concentration d’émotions et de sensations.
En jouant sur les antagonismes entre les deux races (les Wajinrus, peuple des abysses et les deux-jambes, peuple de la terre), le livre se pose des questions quant à notre rapport au passé : Est-ce que l’on doit se servir de notre Histoire ? Est-ce que c’est notre passé qui nous construit ? Ou alors, est-ce que pour être soi-même, il faut se détacher de nos ancêtres ? L’auteure nous fait réfléchir sur la valeur de notre passé et l’impact qu’il a sur notre personne.
Je n’étais clairement pas un lecteur cible de ce type de conte mais la magie a fonctionné. Je suis tombé sous le charme de la plume poétique de Rivers Salomon. Elle m’a immergé dans son monde parallèle, loin des préoccupations quotidiennes et j’ai pris beaucoup de plaisir !
http://leslivresdek79.com/2020/12/03/607-rivers-salomon-les-abysses/
Étrange lecture... très éloignée de mes goûts... je m’y suis tout de même aventurée et me voici bien désarmée pour vous en parler.
Durant l’esclavage et le commerce triangulaire des milliers de femmes esclaves ont été jetées à la mer pendant la traversée qui les amenait de l’Afrique vers l’Amérique. Rivers Salomon imagine une mythologie dans laquelle elles auraient donné naissance sous l’eau à des enfants, fondateurs d’un nouveau peuple, une nouvelle société sous marine, les Wajinrus.
Yetu est une de ces Wajinrus. Mais elle est surtout l’historienne de son peuple. C’est elle qui conserve en mémoire toute l’histoire et les douleurs, préservant ainsi chacun des traumatismes du passé. Ce rôle est exigent et éprouvant. Elle se souvient pour les autres, et les souvenirs, terribles, la détruisent. Elle va fuir ses responsabilités et rejoindre la surface, pour échapper aux souvenances, aux attentes des siens.
J'ai un ressenti très mitigé sur ce livre. J’ai adoré l'idée d’un peuple sous marins issu d'esclaves africaines enceintes et c'est ce qui m'a vraiment poussé à le lire.
Dans cette histoire il y a beaucoup de thèmes autour de la mémoire qui donne matière à réflexion, mais le développement de ces thèmes m’a semblé un peu mince et le rythme trop lent (surtout que c’est un livre relativement court). Je n'ai jamais eu vraiment l'impression que ce roman donnait son plein potentiel.
Je suis peut-être passé à côté de quelque chose tant je suis peu habituée aux univers fantastiques mais malgré tout sortir de ma zone de confort littéraire est toujours aussi enrichissant.
Traduit par Francis Guévremont
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