Les meilleurs albums, romans, documentaires, BD à offrir aux petits et aux plus grands
Il y a un peu moins d'un siècle paraît pour la première fois L'Ennemie, petit bijou d'une jeune romancière encore inconnue du public. Dans ce roman, publié sous le nom de Pierre Nerey, Irène Némirovsky dissèque sous couvert de la fiction toutes les ambivalences de sa relation avec sa mère. Ici, Irène devient Gabri, une jeune fille de dix-sept ans en révolte, avec toute la violence confuse de l'adolescence, contre une mère indifférente, vieille coquette sur le déclin aux prises avec son dernier amour.
Ce conte cruel du Paris des années folles suit le terrible apprentissage par Gabri d'une féminité déchirée entre désirs naissants et solitude irréductible, où le visage de l'être détesté devient d'autant plus haïssable pour la jeune fille que ces traits se confondent peu à peu avec les siens. Telle une nouvelle Électre, Irène Némirovsky n'épargne pas cette mère qui ressemble furieusement à la sienne et dont elle dresse le portrait-charge sous les traits d'une coquette aussi vaine que cruelle.
Toute une société déboussolée renaît ainsi sous la plume acide d'une auteure emblématique de l'entre-deux-guerres.
Dans les beaux quartiers de Paris en ces années vingt, Gabri et Michette n’occupent que bien peu de place dans les préoccupations et l’emploi du temps de leur mère. Absorbée par sa vie mondaine et sentimentale, cette jolie femme collectionne les plaisirs et les amants, laissant ses deux filles aux bons soins de la bonne, pendant que le mari s’emploie à faire prospérer les affaires familiales. Gabri grandissant, la frivolité maternelle lui devient de plus en plus insupportable, surtout après le drame qui frappe sa cadette. Une véritable haine investit l’adolescente, qui, prenant conscience de son tout neuf pouvoir de séduction, entrevoit le moyen de se venger de sa vieille coquette de mère, désormais sur le retour.
Largement autobiographique, ce roman de jeunesse comprend déjà bon nombre des ingrédients qui reviendront en leitmotiv dans l’oeuvre d’Irène Némirovsky. L’Ennemie est la première version de cette histoire qu’elle ne cessera de réécrire avec un réalisme satirique : celle de sa relation conflictuelle avec sa mère, sur le fond acidement représenté de la société bourgeoise des années folles. Si tous les personnages sont peints au vitriol, en particulier les hommes, veules et amoraux quand ils ne sont pas absents et tout entiers consacrés à leur ambition et à l’argent, celui de « Petite mère » est un summum de détestation. Parvenue frivole et coquette, effrayée à l’idée de vieillir, elle ne se préoccupe que d’elle-même et de ses amants, se révélant une mère défaillante que ses enfants encombrent. Passée de la répulsion pendant l’enfance à la haine franche à l’adolescence, sa fille Gabri en vient aussi à se détester, lorsqu’elle prend conscience que sa volonté de vengeance la pousse à jouer le même jeu que sa mère.
Le style incisif, tout en phrases brèves et dures, s’accorde avec le regard acéré que Gabri porte sur elle-même et sur son entourage. Cruel, le récit se tisse d’autant de haine que d’auto-détestation. Toute entière à sa révolte, cette fille à qui personne n’a appris ce qui est bien, ce qui est mal, se perd en même temps qu’elle cherche sa revanche. La narration ne s’est pas encore débarrassée de la culpabilité de l’affrontement avec la mère, comme elle le fera un peu plus tard dans le beaucoup plus ironique - et même drolatique - Bal, dont le dénouement transforme cette femme détestée en simple objet de pitié, enfin vaincu.
Ce très court classique écrit dans les années trente n’a rien perdu de sa modernité. Sa concision mordante et la finesse toute autobiographique de ses personnages en font une lecture fascinante, particulièrement cruelle, mais aussi représentative de l’ambiance électrique des années folles.
Francine a deux filles, Michette, trois ans, blonde comme elle et Gabri, 11 ans, un peu noiraude ; elles vivent toutes les trois dans un petit appartement du XVIIème arrondissement parisiens servies par des bonnes peu consciencieuses ...
Seule à Paris pendant que son mari fait des affaires en Pologne depuis la fin de la première guerre mondiale, Francine préfère s'amuser que s'occuper de ses filles.
Gabri en veut à sa mère, si différente des mères de ses amies et lorsque Michette décède d'un accident domestique, elle prend Francine en grippe ...
Puis leur père reviendra, riche et accompagné d'un cousin de vingt ans ...
Gabri et sa mère déménagent dans un superbe appartement de l'avenue d'Iéna, Francine se régale dans le luxe et multiplie les sorties dans les lieu xà la mode alors que son mari est toujours très pris par ses affaires .
Les inimitiés entre mère et fille ne feront que s'accentuer au fil des années alors que Gabri devient jolie et menace le dernier amour de Francine ...
La conclusion de ce court roman m'a étonnée. J'aurais préféré sûrement une fin inversée, mais là est tout le talent d'Irène Némirovsky, de nous surprendre jusqu'à la dernière page !
Un roman qui n'est pas sans rappeler les thèmes déjà développés dans 'Le bal', rivalité entre mère et fille, qu'elle dépeint si bien, les ayant vécues !
Cela faisait un moment que je n'avais pas lu d'œuvres de cet auteur. J'en ai encore dans mes Pile-A-Lire. A suivre, donc !
Il n'y a pas encore de discussion sur ce livre
Soyez le premier à en lancer une !
Les meilleurs albums, romans, documentaires, BD à offrir aux petits et aux plus grands
Il n'est pas trop tard pour les découvrir... ou les offrir !
Bird découvre que sa mère n'est autre que la poétesse dissidente Margaret Miu...
Inspirée d’une histoire vraie, cette BD apporte des conseils et des solutions pour sortir de l'isolement
Oui, c'est très finement analysé.
j'apprécie beaucoup les romans d'Irène Nemirovsky , une fine observatrice des comportements humains