"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
24 juin 2004.
Sur la jetée des Saintes-Maries-de-la-Mer se profile la silhouette d'un homme, minuscule. Autrefois nommé Sam Démon, chauffeur de car et pompier volontaire, il a toujours vécu avec sa mère Elise au bord d'une étrange cascade entourée de miroirs, surplombant le village des Eaux-Maigres, dans le Jabron. C'était avant le gigantesque incendie qui a éclaté en 2002, aux abords de la petite ferme maternelle : sur un coup de tête, Sam a usurpé l'identité d'un jeune ornithologue qu'il venait d'échouer à sauver.
Mort pour tous, il a cru embarquer pour une vie nouvelle qui se révèle bientôt fantomatique, hantée par les délires d'Elise, créature à l'amour tentaculaire... Histoire d'un fils qui vole l'âme d'un défunt pour exorciser une mère au bord de la folie, La Cascade aux miroirs met en scène l'âpre beauté des liens du sang. D'une écriture incandescente, mêlant aux coups de théâtre d'une Nature obsédante les obscures pulsions de personnages esseulés, André Bucher nous envoûte d'une singulière dramaturgie aux accents panthéistes.
J'ai lu mon premier livre d'André Bucher, il y a un peu plus d'un an : Déneiger le ciel. J'avais alors décrit son écriture comme belle et poétique. Je peux renouveler les qualificatifs pour celui-ci. Et quels titres ! Bucher est un auteur à part, puisqu'il est agriculteur biologique depuis de nombreuses années ; il écrit là son cinquième roman. Je reconnais sans peine dans La cascade aux miroirs l'atmosphère de son roman précédent : ouatée, intimiste, très proche d'une nature qu'il décrit admirablement bien. Par moments, on peut se perdre dans les méandres des cerveaux des personnages en proie au doute et au questionnement. C'est aussi la manière d'écrire de l'auteur qui peut nous éloigner du récit, mais il y a toujours une phrase ou un mot auxquels se raccrocher, et l'on a eu plaisir à lire des beaux paragraphes.
Je ne résiste pas, pour conclure, au plaisir de citer André Bucher qui dit à Sam, non lecteur, comment aborder un texte : je trouve que ce petit extrait sied parfaitement aux textes de Bucher : "Ne t'arrête pas pour penser à des mots quand tu t'arrêtes. Arrête seulement pour mieux voir l'image que ces mots dessinent et laisse tomber ton esprit pendant que tu accomplis ce travail en toi." (p72).
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