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Dans Le Grand d'Espagne, où Nimier choisissait Bernanos pour «capitaine» de son après-guerre, l'essayiste posait les exigences et les refus d'une jeunesse. Dans Journées de lecture, il éclairait certains massifs littéraires contemporains. L'élève d'Aristote est comme la reprise à distance, l'approfondissement de ces deux livres, et, en somme, prend place dans un triptyque. Une première partie, «Monarchies», nous montre deux conquérants antiques, quelques écrivains souverains, nous fait visiter Versailles, «le palais de l'ogre», entrevoir un XVIII? siècle. La seconde partie, «Dix-neuvième siècle», retient ceux qui ne s'en firent pas l'écho sonore, tels «le gros consul» Stendhal et Mme Récamier que Nimier surnomme «une grande vedette du muette». La troisième partie, enfin, est à la fois un dictionnaire des contemporains, un album de famille regroupant les ascendants et les proches que Nimier s'est choisis en littérature, des instantanés insolents, comme «Gide chez le photographe» ou des facéties pleines de sens, comme ce «Casse-croûte d'ermite» ainsi composé:«La paupière à la Marcel Aymé, le pâté de crabe à la Chardonne et l'olive à la Morand.» Le recueil est issu de textes que Jacques Chardonne encourageait son cadet à rassembler - à l'exclusion des chroniques générales et des nouvelles. De 1953 à 1962, ces portraits d'histoire et de littérature sont les silences du hussard Nimier.
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